S'engager aujourd'hui : Pourquoi ? Comment ?
Les élèves de 1ière S3 ont eu l'occasion de réfléchir sur la notion d'engagement. Cette idée est une des notions centrales du programme d'ECJS que l'on retrouve également dans le programme d'histoire avec le thème de la République.
Les élèves ont ainsi pu , à partir d'un ensemble documentaire (voir ci-dessous), réfléchir sur les différentes formes d'engagement et sur les motivations qui poussent une personne à faire ce choix.
Ils ont également rencontré une multitude d'intervenants au lycée mais aussi à la médiathèque de Tarentaize (ancien résistant, syndicaliste, bénévoles au sein d'associations, femme politique). Toutes ces interventions ont fait l'objet d'une préparation (présentation de l'intervenant et réalisation d'un questionnaire).
Toutes ces rencontres ont été filmées. Les élèves ont donc du, à partir des images récoltées, faire un choix en équipe sur ce qu'il fallait conserver afin d'aboutir à la production de reportages d'une durée allant de 3 à 8 minutes environ.
Vous pouvez découvrir ci-dessous l'ensemble documentaire qui a initié le travail de réflexion.
Document 1. Indignez-vous !
«On ose nous dire que l’Etat ne peut plus assurer les coûts de ces mesures citoyennes. Mais comment peut-il manquer aujourd’hui de l’argent pour maintenir et prolonger ces conquêtes alors que la production de richesse a considérablement augmenté depuis la Libération, période où l’Europe était ruinée? Sinon parce que le pouvoir de l’argent, tellement combattu par la Résistance, n’a jamais été aussi grand, insolent, égoïste. […] Les banques désormais privatisées se montrent d’abord soucieuses de leurs dividendes, et des très hauts salaires de leurs dirigeants, pas de l’intérêt général.
Nous, vétérans des mouvements de résistance et des forces combattantes de la France libre, nous appelons les jeunes générations à faire vivre, transmettre, l’héritage de la Résistance et ses idéaux. Nous leur disons: prenez le relais, indignez-vous! […].
C’est vrai que les raisons de s’indigner peuvent paraître aujourd’hui moins nettes ou le monde trop complexe. […] Mais dans ce monde, il y a des choses insupportables. Pour le voir, il faut bien regarder, bien chercher. Je dis aux jeunes: cherchez un peu, vous allez trouver. La pire des attitudes est l’indifférence, dire "je n’y peux rien, je me débrouille". En vous comportant ainsi, vous perdez l’un des composantes essentielles qui fait l’humain. Une des composantes indispensables: la faculté d’indignation et l’engagement qui en est la conséquence.»
Stéphane Hessel , Indignez-vous !, Indigène Editions, 2010
Document 2. Un tiers des Français sont bénévoles
Plus de 11 millions d'entre eux sont engagés au sein d'associations, selon l'étude annuelle de Recherche et Solidarités.
Plus d'un Français sur trois donne du temps gratuitement pour les autres, au sein d'une association, d'une organisation du type église, école ou mairie ou tout simplement à un voisin âgé ou à un enfant en difficulté scolaire (…).
Si le nombre de bénévoles n'a que faiblement évolué en dix ans (+7%), le nombre d'associations lui a explosé avec une hausse de 20%. «Avec 1,3 million d'associations, les ressources se font rares, à tel point que 40% des responsables associatifs ne sont pas satisfaits du nombre de personnes disponibles», explique Jacques Malet, directeur de Recherche et Solidarités. Pour remédier à ce problème, de nouvelles formes d'engagement émergent: le bénévolat à distance ou la mission bénévole qui permet à un professionnel de s'investir sur une durée réduite et concentrée dans un projet bénévole.
Brisant une idée reçue, les jeunes âgés entre 18 ans et 25 ans ne sont pas forcément les moins engagés. 18% d'entre eux s'investissent dans une association. Ils semblent notamment sensibles à des engagements ponctuels. Au total, un tiers des jeunes donnent du temps souvent de manière informelle. Principale motivation, l'implication dans une cause d'intérêt général, comme l'exclusion, la maladie… À cet égard, plus de la moitié d'entre eux estiment qu'une expérience de bénévolat sera utile devant un jury d'examen et plus de 60% pensent qu'elle fera la différence dans leur recherche d'emploi.
Chez les actifs, les motivations sont doubles: apporter un sens à sa vie (57% d'entre eux, et plus pour les femmes) ou apporter ses compétences professionnelles à une cause d'intérêt général (51% et plus pour les hommes). Plus de deux tiers d'entre eux réussissent à concilier vie professionnelle et activités bénévoles. Ils ne sont que 15% à dire qu'ils n'ont plus de temps pour eux. Quant à la conciliation avec la vie personnelle, ils sont 58% à estimer que cela se passe bien. Et 13% estiment que cela se passe d'autant mieux que l'autre conjoint est bénévole.
Dans cette enquête, la surprise vient des retraités que l'on pensait déjà sursollicités. 10% d'entre eux voudraient donner plus de temps. Car ils sont plus de 78% à estimer avoir trouvé un bon équilibre personnel. Ce dernier illustre bien les évolutions récentes, telles que l'expriment les chercheurs Roger Sue et Jean Michel Peter dans leur dernier rapport: «La nature du bénévolat semble avoir profondément changé en l'espace d'une génération. Du devoir, voire de la mission, sous couvert d'altruisme, on est passé à une forme privilégiée de la réalisation de soi avec l'avènement de “l'individualisme” relationnel où la notion de plaisir devient déterminante.»
Aude Seres, Le Figaro, le 03 juillet 2012
Document 3. L’engagement citoyen
"Vous avez le droit de ne pas défendre l'environnement, de ne pas réagir aux atteintes aux Droits de l'Homme et de ne pas être solidaire de ceux qui sont dans la misère... Mais vous avez aussi le droit d'agir. (...)
La défense de l'esprit civique conduit à inciter au geste fondamental d'insérer un bulletin dans une urne. Plus largement, il conduit à s'engager pour des causes d'intérêt général, telles qu'on en trouve dans la vie associative. (...) Comme le CIDEM, bon nombre d'associations s'affirment comme des partenaires efficaces de la Démocratie en s'engageant contre le racisme, pour la solidarité et l'expression du droit de vote."
Communiqué de l’association CIDEM (Civisme et Démocratie)
Textes et Documents pour la Classe, N° 811, mars 2001
Document 4. Une France pas assez syndiquée
Document 5. S’engager sur les réseaux sociaux
Depuis le 31 mai, des milliers de personnes défilent dans les rues en Turquie, et crient à la démission du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan. En mai 2011, vous organisiez déjà avec Eksi Sözlük la plus importante manifestation mondiale contre la censure sur Internet, en réunissant 50.000 personnes place Taksim à Istanbul. La soif de liberté de la jeunesse turque était-elle prévisible?
Sedat Kapanoğlu (1): En fait, je pensais que nous nous étions habitués à la censure. Parce qu’aucune action n’avait été menée contre le filtrage d’Internet et les censures policières. Personne ne se plaignait réellement en dehors de quelques évènements, comme lors du dernier 1er-Mai. Ce qui s’est passé à Taksim, au matin du 31 mai, a touché les cœurs de chaque être humain en Turquie. Par chance, nous avons les réseaux sociaux, et les informations circulent très rapidement, donc nous pouvons agir. Si les réseaux sociaux n’existaient pas, rien de tout ça ne serait arrivé. J’ai entendu une personne expliquer à propos des réseaux sociaux: «Si c’était la télévision que nous avons regardé pendant 30 ans dans l’est de la Turquie, je ne pourrais même pas imaginer ce qui se passe.» (…)
Les réseaux sociaux agissent extrêmement rapidement et ont un rôle clef dans l’engagement du peuple. Ils touchent leur conscience. (…)
Turquie : « sans les réseaux sociaux, rien de tout çà ne serait arrivé »
Propos recueillis par Mathieu Martiniere pour le site d’informations en ligne Slate.fr le 09 juin 2013
1. Sedat Kapanoğlu est le fondateur d’ Eksi Sözlük , un site contributif pionnier du web 2.0
1. Quelle raison pousse l’auteur à s’indigner ? A quelles valeurs fait-il référence pour justifier cette indignation ? (document 1)
2. Pourquoi l’engagement est-il selon lui indispensable ? (document 1)
3. Relevez les différents types de motivation qui poussent les jeunes, les actifs et les retraités à s’engager Classez les en deux catégories (document 2).
4. Pour l'exercice de quel droit politique fondamental le CIDEM fait-il campagne ? (document 3)
5. Comment le citoyen peut-il exercer autrement sa citoyenneté pour agir activement ? (documents 2 à 5)
6.Quelles évolutions pouvez-vous identifier ? (Documents 2 à 5)
À partir du travail réalisé et de vos connaissances personnelles, vous rédigerez une réponse argumentée mettant en évidence à la fois les différentes motivations poussant le citoyen à s’engager ainsi que les différentes formes prises par l'engagement citoyen.