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Lancé en 2006, ce blog pédagogique d'histoire-géographie et d'éducation morale et civique (E.M.C.) tire son nom d'un terme issu du parler gaga (le parler stéphanois) ; le cafuron (window in english !) est une lucarne ou un oeil de boeuf éclairant un réduit. Ce blog s'adresse tout autant aux élèves du lycée Jacob Holtzer (Firminy- Loire) qu'à un public plus large. Bonne visite !

11 Oct

correction DS 2nde : Les Italiens à New York

Publié par Louis BRUN  - Catégories :  #seconde

Document 1.Les Italiens à New-York

 

Lucien de Vissec (1872-1953) est un journaliste et écrivain français.  Au début du siècle, il entreprend un voyage aux Etats-Unis et au Mexique.

 

New York, le 25 mars.

 

Il est à noter que la grande majorité des Italiens viennent de l’Italie du Sud, à cause de l’extrême misère des habitants qui ne peuvent guère y gagner plus d’une lire par jour alors que l’Amérique leur assure un salaire minimum d’un dollar et demi. (…). Ce qui les encourage le plus à s’expatrier, ce sont les lettres qu’ils reçoivent de leurs parents ou de leurs amis, qui ont réussi dans leur pays d’adoption. De plus, les compagnies de navigation font beaucoup de publicité, envoient des agents dans les plus petits villages, qui y répandent le bruit que des terres sont données pour rien dans certains États d’Amérique (…).

Ils arrivent de Naples, et à l’entrée du port de New-York ils sont pris à bord de leur steamer (1), pour être transportés au moyen de grosses barques sur l’île d’Ellis où sont installés les bureaux de l’immigration. (…) Le soleil d’Italie semble les avoir accompagnés. Il est encore là sur leur joue bronzée  (…). La plupart d’entre eux sont des paysans sans instruction ; (…). Leur petit bagage à la main, ils défilent un par un devant les inspecteurs, répondent à la série des questions traditionnelles, ouvrent leur bourse et en étalent le contenu. S’ils sont admis, ils débarquent bientôt à New-York pour s’y fixer ou pour repartir plus loin. (…). Dans la foule qui assiste à leur arrivée, sur le débarcadère du ferry-boat, ils reconnaissent un frère, un parent ou un ami, qui est venu à leur rencontre, tombent dans ses bras, et l’embrassent avec une naïve effusion (…).

Mais ils ne connaissent ni la langue ni les usages du pays, et pour trouver du travail ils devront avoir recours au padrone. Italiens eux-mêmes, les padroni sont des intermédiaires entre les patrons et les immigrants. (…). En général, le padrone tient en même temps un boarding-house, où il les abrite et les nourrit. Enfin il est souvent banquier, reçoit du patron les salaires, les distribue aux ouvriers, ou les garde en dépôt dans la mesure où ceux-ci le désirent. Il se charge de faire parvenir l’argent qu’ils envoient en Italie à leur famille ; (…). Le padrone leur rend beaucoup de services, mais il est en général malhonnête. Il prélève une forte commission sur leurs salaires, dont ceux-ci ne connaissent pas toujours exactement le chiffre. (…).

La civilisation américaine n’a pas encore atteint ces émigrés d’hier. Transportés en Amérique, ils n’apprendront rien de plus que dans leur petit village d’Italie, et en resteront isolés jusqu’à leur mort. Certains retourneront dans leur pays quand ils auront amassé 800 à 1 000 dollars. Beaucoup d’entre eux iront y passer l’hiver, qui est leur période de chômage, mais reviendront l’été suivant. (…).

Les adversaires si nombreux de l’émigration de l’Europe méridionale et particulièrement de l’Italie font preuve d’une étroitesse d’esprit singulière. Ils se trompent, quand ils prétendent que l’Italien est paresseux, et puis ils ne songent pas aux bienfaits que, grâce à eux, l’Amérique peut recevoir de la grande patrie des arts.

 

Lucien de Vissec, « L'Émigration européenne aux États-Unis », 

Revue bleue, 1er semestre 1903.

 

1. bateau à vapeur

Little Italy (New York) vers 1900, auteur inconnu.

Little Italy (New York) vers 1900, auteur inconnu.

Exercice 2. Les Italiens à New York

 

1. Présentez le document sans oublier d’indiquer s’il s’agit d’un document source ou d’interprétation. Vous insisterez particulièrement sur la contextualisation du document.  (4  points)

 

Ce document source est l’extrait d’un article de presse rédigé par le journaliste français Lucien de Vissec pour la Revue bleue en 1903. Lors d’un voyage à New-York, il décrit les motivations et les conditions d’arrivées des migrants italiens aux Etats-Unis.

Cette période se caractérise par une explosion des flux migratoires d’Européens en direction des Etats-Unis.  En effet, À partir des années 1880, des migrants venus d’Europe du Sud et de l’Est commencent à affluer et supplantent les migrants venus d’Europe du Nord.  Parmi eux, les Italiens sont de plus en plus nombreux.  Si les Italiens sont si nombreux, c’est par ce que la transition démographique est en cours en Italie : la population commence à augmenter fortement  et alimente une migration de masse.

 

2. Identifiez les raisons pour lesquelles les Italiens décident de migrer aux Etats-Unis. Justifiez votre réponse. (2 points)

 

Les raisons évoquées dans le texte sont doubles :

 

Les facteurs économiques et sociaux : la pauvreté, le chômage : « l’extrême misère des habitants »

 

Les facteurs familiaux : la présence déjà sur place de membres de la famille facilite les choses : « Ce qui les encourage le plus à s’expatrier, ce sont les lettres qu’ils reçoivent de leurs parents ou de leurs amis, qui ont réussi dans leur pays d’adoption » ; « Dans la foule qui assiste à leur arrivée… ils reconnaissent un frère, un parent ou un ami »

 

3. Par quoi est favorisée  cette migration de masse ? Justifiez votre réponse. (2 points)

 

Cette migration de masse est favorisée par les progrès dans le domaine des  transports. L’auteur évoque dans le premier paragraphe les campagnes publicitaires menées par les compagnies maritimes ainsi que le « steamer » sur lequel les migrants arrivent.

Avec la marine à voile, la traversée durait  environ cinq semaines à partir des ports d’Europe du Nord-ouest.  À partir des années 1850, la révolution des transports se fait sentir : les émigrants commencent à accéder plus facilement au port de départ grâce au développement du chemin de fer tandis qu’à partir de la fin des années 1860, les paquebots à moteur remplacent les bateaux à voiles, permettant une traversée plus rapide. À la fin du siècle, la traversée de l’Atlantique dure une dizaine de jours à partir de Hambourg, Liverpool ou Le Havre et 21 jours de Naples.

 

4. A l’aide de vos connaissances et du document, Décrivez les étapes de l’arrivée des migrants italiens à New-York. Justifiez votre réponse. (2 points)

 

Les passagers les plus pauvres  transitent systématiquement par Ellis Island évoquée dans le deuxième paragraphe.

Ils  passent d’abord un examen médical sommaire, destiné à déceler les infirmités les plus courantes et les signes de maladies notoires qui peuvent entraîner une interdiction d’entrée dans le territoire. Cet aspect n’est pas évoqué par le document.

Après cet examen médical, les immigrants sont dirigés vers la salle des enregistrements où ont lieu les inspections. Ils y sont interrogés par un inspecteur des services de l’immigration, habituellement assisté d’un interprète. Chaque immigrant doit répondre à 29 questions. : « ils défilent un par un devant les inspecteurs, répondent à la série des questions traditionnelles, ouvrent leur bourse et en étalent le contenu ».

Le taux de refusé à Ellis Island entre 1892 et 1910 est de 1 à 2%.

 

5. A l’aide de vos connaissances, dites où se rendaient les nouveaux migrants au début du XIX° siècle une fois débarqués aux Etats-Unis ? Quel choix, quant à eux,  les Italiens font-ils ? Pourquoi ? Justifiez votre réponse. (3 points)

 

Au début du XIX° siècle, les deux tiers des migrants se dirigeaient  vers les zones rurales qu'ils étaient chargés de mettre en valeur. 

A la fin du XIX° siècle, les campagnes sont saturées. Les nouveaux migrants restent donc en ville « ils débarquent bientôt à New-York pour s’y fixer ou pour repartir plus loin ».

Les Etats-Unis effectuent à cette époque leur révolution industrielle et ont donc besoin d’une main d’œuvre nombreuse pour ce type d’emplois

 

6. A quelles difficultés les Italiens sont-ils confrontés dans leur pays d’accueil ? Justifiez votre réponse. (3 points)

 

Les Italiens sont confrontés à plusieurs types de difficultés dans leur pays d’accueil :

 

Le déracinement : « ils ne connaissent ni la langue ni les usages du pays» ; « Transportés en Amérique, ils n’apprendront rien de plus que dans leur petit village d’Italie, et en resteront isolés jusqu’à leur mort ».

 

La misère et l’exploitation dont ils sont victimes : le padrone , intermédiaire italien maîtrisant l’anglais, prélève des commissions sur les salaires et les loge dans des conditions précaires : « le padrone tient en même temps un boarding-house, où il les abrite et les nourrit » ; « il est en général malhonnête. Il prélève une forte commission sur leurs salaires, dont ceux-ci ne connaissent pas toujours exactement le chiffre »

 

La xénophobie : « Ils se trompent, quand ils prétendent que l’Italien est paresseux »

 

7.  Comment peut-on expliquer ces difficultés ? Justifiez votre réponse. (1 point)

 

Ces difficultés sont liées à leur faible niveau d’instruction : «La plupart d’entre eux sont des paysans sans instruction » 

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