Qui sont les chabab ?
Le chaos qui règne en Corne d'Afrique a favorisé l'émergence d'un groupe armé à la capacité de nuisance prolongée : les chabab.
un mot : "chabab"
(Harakat Al-Chabab Al-Moudjahidine – « Mouvement des jeunes combattants »)
une réalité : groupe armé, filiale d'Al Qaïda
un lieu de naissance : la Somalie
une année de création : 2006
une zone d'action : la corne d'Afrique
En 1991, le régime dictatorial en place en Somalie depuis 1969 s'effondre alors que plusieurs mouvements de rébellions s'assurent le contrôle du partie du territoire. Le pays s'enfonce dans la guerre civile. Elle va profiter à certains mouvements islamistes.
A l'origine, les Chabab sont une milice chargée d'assister des tribunaux islamiques créés pour rendre une justice citoyenne. Soutenus par les milieux d'affaires somaliens, ces tribunaux gagnent en efficacité et crédibilité dans les années 2000. Ils parviennent à rétablir un certain ordre à Mogadiscio.
En 2006 la situation politique de la Somalie évolue. Le gouvernement fédéral de transition, soutenue les Etats-Unis mais aussi par l'Ethiopie ainsi que par le Kenya , obtient des Nations-Unies le déploiement d'une force de maintien de la paix sous l'égide de l'Union africaine. Ainsi, à la fin de l'année 2006, l'armée éthiopienne intervient et parvient à chasser les tribunaux islamiques de Mogadiscio.
A partir de ce moment-là, les milices religieuses comme les Chabab basculent dans la guérilla. Ces derniers vont très vite incarner à eux seuls la "résistance" face aux Ethiopiens présentés comme des envahisseurs. En 2009, les Chabab prêtent officiellement allégeance à Al Qaïda et entre 2008 et 2011, ils vont réussir à contrôler les deux tiers de la Somalie. Ils sont finalement évincés par l'armée gouvernementale et les troupes de l'Union africaine en 2011 (opérations auxquelles l'armée kényane a participé).
Les Chabab restent toutefois actifs et sont bien décidés à faire payer le Kenya du soutien apporté au gouvernement somalien comme nous le prouvent l'attaque du centre commercial Westgate de Nairobi en septembre 2013 (67 morts) ou bien encore celle de ce jeudi 2 avril contre l'université de Garissa dans le Nord du Kenya (au moins 148 morts).
Affaiblis en Somalie, les Chabab exportent leur politique de terreur dan les pays voisins. Des cellules existeraient en Tanzanie, en Ouganda et au Kenya. Au Kenya , les Chabab sont particulièrement actifs "notamment sur la côte, où le mouvement recrute auprès de populations victimes d'expropriations de terres.
Les nouvelles recrues de ces « filiales » ne sont pas originaires de populations à majorité musulmane. Nombre de jeunes combattants viennent de la province centrale, de la vallée du Rift ou de l'Ouest, autant de zones où l'islam est presque absent. Mais c'est dans les villes, où grossissent les bidonvilles et où les conditions de vie ne s'améliorent pas en dépit des bons chiffres de la croissance nationale, qu'est recrutée cette jeunesse sans perspective (Christophe Châtelot, "Les Chabab somaliens intensifient leurs attaques au Kenya" Le Monde, 02 avril 2015)