Etrangers en Ondaine à la veille de la Grande Guerre
Exercice 1. La situation de la main d'œuvre étrangère dans la vallée de l'Ondaine à la veille de la Grande Guerre
1. Replacez ces documents dans leur contexte historique
2. Quel type de main d'œuvre est recruté ? Indiquez l'origine géographique des étrangers recrutés ? Par qui sont-ils recrutés ?
3. Indiquez comment cette main d'œuvre est traitée mais aussi comment elle est perçue.
Bilan : Faites un état des lieux sur la place qu'occupe la main d'œuvre étrangère dans la vallée de l'Ondaine à la veille de la Grande Guerre
vues générales des aciéries de Firminy
Document 1. Des entreprises confrontées à un manque de main d'œuvre
J'ai l'honneur de vous faire connaitre que la Compagnie des Mines de Roche la Molière et de Firminy, dont les puits sont situés sur les territoires du Chambon et de Roche, vient, par suite de manque de bras, de faire appel à la main d'œuvre étrangère. En effet, 160 jeunes gens travaillant à Roche, des classes 1912 et 1913, vont être incorporés incessamment.
Un entrepreneur des Mines, nommé TARENTOLA Lazare, d'origine italienne résidant en France depuis plusieurs années, est allé en Italie et y a recruté 72 de ses compatriotes, dont 20 sont arrivés le 3 septembre et 52 le 6 courant.
La compagnie des Mines les embauche comme manouvriers et cela lui permettra de mettre dans des postes plus rémunérateurs, tels que piqueurs, boiseurs, les Français qui, jusqu'alors, n'avaient que le salaire du manouvrier.
Malgré ces dispositions de la Compagnie, très avantageuses pour les mineurs français, l'arrivée du deuxième groupe d'italiens a un peu, surexcité la population de Roche et des propos hostiles ont été prononcés sur leur passage. Des citoyens ont ouvertement manifesté leur mécontentement de voir autant d'étrangers.
Cette prétention est exagérée car pour un effectif de 1825 mineurs français il n'y a, à Roche, y compris les derniers arrivés, que 104 étrangers (italiens et grecs).
Je me suis rendu dans cette ville les 6 et 7 courant, pour assister à la délivrance des feuilles d'immatriculation et j'ai fait à ces étrangers quelques recommandations relativement à l'attitude qu'ils doivent avoir dans un pays qui leur donne l'hospitalité.
Mes paroles ont été traduites dans leur langue.
Ces 72 italiens sont, pour la plupart, âgés de moins de 21 ans ; ceux majeurs ont satisfait à la loi militaire de leur pays.
Je vais m'assurer, avec les moyens dont je dispose, qu'aucun d'eux n'est recherché pour délit de droit commun ou n'est sous le coup d'un arrêté d'expulsion
J'ajoute que si l'attitude de ces étrangers n'est pas provocante, s'ils évitent, surtout, de se promener par bandes tapageuses, l'opinion publique se modifiera rapidement dans un sens favorable. Dans le cas contraire, des incidents sont à craindre.
Rapport du commissaire de police du Chambon-Feugerolles et de Roche-la-Molière au Préfet de la Loire le 08 octobre 1913 (Archives départementales de la Loire, M2034)
Document 2. Le recrutement d'ouvriers étrangers dans la vallée de l'Ondaine
La main d'œuvre faisant actuellement défaut dans notre région, les Compagnies minières et certaines usines de métallurgie font appel depuis quelques temps, au concours d'ouvriers étrangers principalement italiens et espagnols (...).
La Compagnie des Mines de Roche-la-Molière et Firminy occupent actuellement :
à Firminy : 31 Italiens, 7 Grecs, 1 Turcs, 1 Espagnol
à Roche-la-Molière : 77 Italiens ;
soit 117 ouvriers (...)
Enfin aux Aciéries de la marine à Firminy , sont occupés une trentaine de Grecs et 80 Italiens.
De tout temps, il y a eu quelques ouvriers étrangers aussi bien dans les mines que dans les usines de métallurgie mais c'est surtout depuis deux mois environ que a pénurie de main d'œuvre a mis les exploitants dans l'obligation d'aller recruter à l'étranger les manœuvres qui leur manquent. Effectivement, et à part quelques exceptions, les étrangers ainsi occupés le sont au titre de manœuvre.
les salaires sont les mêmes pour eux que ceux de leurs camarades français. Bien entendu quelques avantages leur ont été offerts pour leur permettre de se rendre en France.
Les ouvriers espagnols ont été recrutés à Barcelone notamment, et les ouvriers italiens dans le Piémont.
Dès leur installation dans notre ville (1) des correspondances s'établissent entre eux et leurs compatriotes restés dans le pays, et c'est ainsi que se continue le recrutement de la main d'œuvre étrangère (...).
Enfin, aux Aciéries de Firminy, aucun ouvrier étranger n'est occupé dans les ateliers où s'exécutent des travaux pouvant tenter la curiosité intéressée de quelque individu au service de l'étranger.
(...). Aucun incident ne s'est produit jusqu'ici entre ouvriers français et étrangers. Ces derniers n'ont pas été mal accueillis car nos ouvriers mineurs savent que la main d'œuvre fait véritablement défaut. Cependant il y a lieu de faire remarquer que si aucune réclamation concernant la présence d'ouvriers espagnols ou italiens n'a été formulée, d'autres réclamations poursuivant indirectement ce même but sont produites relativement à leur inexpérience et à leur malpropreté.
1. Saint-Etienne
Rapport du commissaire spécial de la gare de Saint-Etienne au Préfet de la Loire le 15 décembre 1913
(Archives départementales de la Loire, M2034)