Etrangers en Ondaine pendant la Grande Guerre
Exercice 2. Le recrutement de travailleurs coloniaux et chinois pendant la Grande Guerre
1. Replacez ces documents dans leur contexte historique
2. Quel type de main d'œuvre est recruté ? Indiquez l'origine géographique des étrangers recrutés ? Par qui sont-ils recrutés ?
3. Dans quels secteurs d'activité sont employés les étrangers recrutés ?
4. Comment est traitée cette main d'œuvre ?
5. Montrez que les pouvoirs publics se méfient de cette main d'œuvre étrangère ? Comment peut-on expliquer cette méfiance ?
Bilan : Faites un état des lieux sur la place qu'occupe la main d'œuvre étrangère dans la vallée de l'Ondaine pendant la Grande Guerre
Le recrutement des ouvriers kabyles aux Aciéries de Firminy
Document 3. La difficile adaptation des travailleurs coloniaux
J'ai l'honneur de vous faire connaître ce qui suit, au sujet des ouvriers Kabyles venus aux Aciéries de Firminy.
Ces hommes sont arrivés le 6 avril par un temps froid et pluvieux et depuis, la température n'a pas changé.
Pendant les 2 ou 3 premiers jours de leur présence à Firminy, ils n'étaient chaussés que de sandales et vêtus d'effets en treillis. La Direction de l'usine s'est émue de cet état de choses et leur a fait distribuer des galoches et des vêtements plus chauds.
Néanmoins, en raison du mauvais état de leur matériel de couchage, deux de ces hommes sont tombés malades, atteints de grippe et viennent de décéder.
Un troisième vient de tomber atteint de la même affection et va être dirigé d'urgence sur l'hôpital de Saint Etienne.
Ce matin, ces ouvriers, affectés de la perte de leurs compatriotes ont refusé de reprendre le travail s'ils n'étaient pas logés dans de meilleures conditions, car ils n'ont comme matériel de couchage qu'une paillasse et une couverture.
La Direction des Aciéries a aussitôt fait placer des poêles dans le cantonnement et distribuer une couverture supplémentaire.
L'incident a, pour ainsi dire, passé inaperçu, et peut être considéré comme clos.
Néanmoins une surveillance constante de la santé de ces individus est nécessaire si l'on veut éviter le retour de pareils faits profondément regrettables.
Rapport du commissaire de police de Firminy au Préfet de la Loire le 17 avril 1916
(Archives départementales de la Loire, M2023)
Le recrutement de travailleurs chinois aux Aciéries et Forges d'Unieux
Document 4. Tensions avec la main d'oeuvre chinoise
Comme suite à mon rapport par téléphone de ce matin, j'ai l'honneur de vous exposer les faits ci-après, au sujet de la cessation de travail du contingent-chinois affecté aux Aciéries et Forges d'Unieux. Ces ouvriers étrangers, au nombre d'environ 600, ne se sont pas présentés ce matin aux divers ateliers et chantiers de l'Usine parce que, hier, ils n'ont pas été payés de leur quinzaine de travail. Des renseignements que j'ai recueillis auprès de la Direction des Aciéries, il résulte que cette quinzaine ne saurait être exigible, attendu que, par leur contrat de travail, les Chinois sont astreints aux règlements et clauses du cahier des charges de l'usine, s'appliquant tout aussi bien aux ouvriers indigènes et étrangers qu'aux civils et mobilisés, règlement dont la conséquence est qu'une quinzaine demeure due, la quinzaine du 1er au 15 étant payée le 30 du même mois et celle du 15 au 30, le 15 du mois suivant. Il en est d'ailleurs ainsi dans toute la région.
Pour arriver à une entente et aplanir l'incident, la Direction des Aciéries d'Unieux, tout en continuant de fournir et logement et nourriture aux grévistes, leur a fait connaître que, ne pouvant payer la quintaine demandée, par suite d'impossibilité au point de vue comptabilité, elle leur offrait un acompte de 10 francs (avec instructions aux interprètes du cadre français de porter cet acompte au besoin à 20 francs). J'ignore encore le résultat de la démarche, la plupart des Chinois ayant d'ailleurs quitté les cantonnements.
Les origines de cette grève ne sont pas bien connues ; cependant elles pourraient être trouvées dans les manœuvres suspectes d'un interprète chinois, de race chinoise, au concours duquel il a dû être fait appel, parce que les interprètes français ne parlant pas le bas chinois, n'arrivent que très difficilement à se faire comprendre des ouvriers chinois, ramassés des mauvais quartiers de Canton, ne parlant que le Chinois vulgaire. Cet interprète, un nommé Gui Phatt, voudrait arriver à supplanter le cadre français, pour avoir commandement à sa place. (...)
(...) Il faut considérer qu'une surveillance devient alors très difficile et même impossible, si on tient compte que ces gens là parlant une langue que personne ne comprend, ont la partie belle, ne risquant point d'indiscrétion. Dans cette affaire là, on pourrait même voir des indices de désordres futurs provenant de différents religieux entre l'élément catholique représenté par les interprètes français qui sont des Pères missionnaires et l'élément anticatholique ayant pour chef Gui-Phan. (...)
(...) Jusqu'ici tout est calme, mais ce calme ne saurait durer si les propositions faites par la Direction des Aciéries et qui seront portées à la connaissance des Chinois par voie d'affiches apposées dans leurs cantonnements, ne sont pas acceptées, car la Direction fermera la cuisine
chinoise lundi prochain ; du moins telle est son intention affirmée. (...).
Rapport du commissaire de police d'Unieux au Préfet de la Loire le 2l avril 1917
(Archives départementales de la Loire, 92M240)
Document 5 . Tensions et heurts entre travailleurs étrangers et coloniaux
9h15. D'après les précisions fournies ce matin les Chinois rebelles se sont pris de querelles avec les Arabes employés à l'usine Verdié à Firminy : une rixe a éclaté entre eux. Les Alsaciens Lorrains sont survenus pour défendre les Arabes ; la mêlée a été générale et très violente en voici le bilan :
1 Alsacien Lorrain tué
4 ou 5 blessés légèrement
2 Kabyles blessés très grièvement
1 Chinois tué
25 Chinois blessés légèrement
Les Alsaciens Lorrains ont repris le travail. On a jugé prudent de ne pas faire reprendre le travail aux Chinois et aux Kabyles...
Le Général demande que des mesures soient prises d'urgence pour que les Chinois et les Kabyles et d'une manière générale les travailleurs de la main d'œuvre étrangère soient dorénavant séparés autant que possible...
19h 30. Comme suite à message téléphoné ce matin le commandant des subdivisions de Saint-Etienne me fait connaitre que industriels, employeurs et aussi populations Unieux et Firminy demandent l'éloignement immédiat des Chinois...
J'ajoute que les faits paraissent avoir eu une cause toute fortuite : un Kabyle conduisait une brouette chargée de cendre chaude dont une partie est tombée sur les pieds d'un Chinois ; les camarades de celui-ci se sont alors précipité sur les Kabyles ; les Alsaciens Lorrains ont pris fait et cause pour ces derniers et la mêlée n'a pas tardé à devenir générale...
Le commandant des subdivisions a pris toutes mesures pour prévenir nouveaux excès et pour que Chinois et Kabyles restent séparés dans leurs cantonnements respectifs.
Le parquet de Saint-Etienne m'a fait connaître qu'il se transportait sur les lieux..
Communications téléphoniques le 1ier mai 1917
de la 13ième région militaires du Ministère de la guerre à Paris
(Archives nationales 94 AP 348).
Document 6. Recensement des travailleurs étrangers
D'après Récapitulatif des établissements militaires, usines et ateliers privés travaillant pour la défense nationale établi par le commissaire central de police de Saint-Etienne en décembre 1917, Archives départementales de la Loire, 21M40
Principales nationalités recensées pour les secteurs de Saint-Etienne, vallée du Gier et vallée de l'Ondaine en décembre 1917
L'appel aux travailleurs étrangers, coloniaux et chinois pendant la Grande Guerre
Dès l'été 1914, la pénurie de main-d'œuvre masculine nationale s'impose aux autorités françaises comme un des problèmes les plus aigus. La féminisation du marché du travail et le nombre r...
Pour mieux comprendre les documents à analyser