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Lancé en 2006, ce blog pédagogique d'histoire-géographie et d'éducation morale et civique (E.M.C.) tire son nom d'un terme issu du parler gaga (le parler stéphanois) ; le cafuron (window in english !) est une lucarne ou un oeil de boeuf éclairant un réduit. Ce blog s'adresse tout autant aux élèves du lycée Jacob Holtzer (Firminy- Loire) qu'à un public plus large. Bonne visite !

26 Dec

Mélanie Berger-Volle, portrait d'une femme engagée

Publié par Louis BRUN  - Catégories :  #première STI

Le 10 janvier prochain, les élèves de 1ière 5 visiteront le Mémorial de la Résistance et de la déportation de la Loire. Cette visite s'inscrit dans le cadre de leur sujet d'étude "Vivre et mourir pendant la seconde mondiale".

A cette occasion, ils auront l'opportunité et le plaisir de rencontrer Mélanie Berger-Volle, résistante autrichienne.

Ursula Plassnik, Ambassadeur d’Autriche en France  remet l’Insigne de Mérite en Or de la République d’Autriche  à Mélanie Berger-Volle

Ursula Plassnik, Ambassadeur d’Autriche en France remet l’Insigne de Mérite en Or de la République d’Autriche à Mélanie Berger-Volle

Mélanie Volle : portrait d'une femme engagée

 

Un militantisme précoce

 

Mélanie Berger (épouse Volle) est née à Vienne en Autriche le 8 octobre 1921. Ne supportant point l'injustice, elle se sent très vite concernée par la politique et milite dans les partis d'opposition antifascistes autrichiens . Mais ses activités politiques contre le régime la mettent en danger.

En 1938, cette jeune militante antinazie de 16 ans décide de quitter son pays natal : l'Allemagne nazie venait alors d'annexer l'Autriche (Anschluss). Dans une interview elle explique qu'elle était son intention : "Il n’est jamais facile de quitter sa terre natale. Si j’avais pu prendre les armes en Autriche je l’aurais fait. Je suis partie pour faire quelque chose, pas pour fuir mon pays. D’ailleurs, j’aurais pu aller aux États-Unis mais, je n’ai pas voulu. Mon but était de libérer l’Europe d’Hitler."

 

L'exil

 

Accompagnée de deux amis qui partagent ses convictions et sans un sou en poche, elle souhaite rejoindre la France, la terre de la révolution et des droits de l'homme ; elle gagne tout d'abord la Belgique : " Après avoir franchi la frontière, toujours clandestinement, je suis seule en Belgique, sans point de chute et sans connaître le français. Un comité d'assistance aux réfugiés me procure de la nourriture et du travail comme bonne. Des contacts à Charleroi et dans le Borinage facilitent mon embauche dans les mines et dans une tuilerie. A Bruxelles, je rencontre Georg Scheuer qui a réussi, lui aussi, à quitter l'Autriche. Nous décidons de gagner la France. Celle-ci est pour nous le pays des droits de l'Homme. Je me souviens qu'en Autriche, nous chantions La Marseillaise." Enfin Au printemps 1939, elle atteint sa destination finale : "Je passe la frontière franco-belge, déguisée en garçon, les cheveux coupés courts, en me mêlant aux travailleurs frontaliers. Je ne me suis aperçu que récemment, sur ma photo, que je porte un chemisier de fille, erreur qui aurait pu susciter la curiosité de la police." A Paris, en pleine Drôle de guerre, elle finit par obtenir de faux papiers ; elle se souvient de l'atmosphère d'alors : "Tous les antifascistes autrichiens et allemands étaient expulsés de Paris, les hommes ont été arrêtés." Elle est donc contrainte de quitter Paris pour Clermont-Ferrand puis Montauban.

Mélanie Berger lors de son passage en France depuis la Belgique ( © Collection Mélanie Volle-Berger Droits réservés)

Mélanie Berger lors de son passage en France depuis la Belgique ( © Collection Mélanie Volle-Berger Droits réservés)

L'entrée en résistance

 

De 1940 à 1942, Elle est membre d'un groupe de résistants qui édite et distribue des tracts destinés à saper le moral des soldats de la Wehrmacht. Elle est finalement arrêtée par la police française à Montauban le 26 janvier 1942. L'interrogatoire auquel elle est soumisse dans le commissariat de Montauban s'accompagne d'actes de tortures. Elle est ensuite traduite devant le tribunal militaire permanent, puis devant la section spéciale de Toulouse qui la condamne, le 18 décembre 1942, à quinze ans de travaux forcés et à vingt ans d’interdiction de séjour.

Internée à la prison Saint-Michel de Toulouse, puis à celle des Baumettes à Marseille, Mélanie Berger parvient à s’évader, avec l’aide extérieure de ses amis résistants, après pratiquement deux ans de détention ; ce qui lui vaudra une nouvelle condamnation par contumace, à six mois de prison pour évasion, par le tribunal de Marseille.

Arrêt de la section spéciale de la cour d’appel de Toulouse concernant la condamnation de Mélanie Berger, 18 décembre 1942 ( © Collection Mélanie Volle-Berger Droits réservés)
Arrêt de la section spéciale de la cour d’appel de Toulouse concernant la condamnation de Mélanie Berger, 18 décembre 1942 ( © Collection Mélanie Volle-Berger Droits réservés)

Arrêt de la section spéciale de la cour d’appel de Toulouse concernant la condamnation de Mélanie Berger, 18 décembre 1942 ( © Collection Mélanie Volle-Berger Droits réservés)

Certificat de présence émis par la prison des Baumettes le 26 juin 1956 concernant Mélanie Berger ( © Collection Mélanie Volle-Berger Droits réservés)

Certificat de présence émis par la prison des Baumettes le 26 juin 1956 concernant Mélanie Berger ( © Collection Mélanie Volle-Berger Droits réservés)

Mélanie Berger continue son action résistante en France jusqu’à la Libération. Elle épouse par la suite le résistant Lucien Volle ; connu sous le pseudo de Capitaine Lulu, il a participé, avec le groupe La Fayette à la libération du Puy-en-Velay.

 

D'après Denis Bret, Mélanie Volle, résistante, combattante et amoureuse de la vie,

Le Progrès, 08 mars 2016

D'après l'exposition Des étrangers antifascistes, antinazis et républicains en Provence

consultable sur le site http://museedelaresistanceenligne.org/index.php

Mélanie Berger sur la Canebière (Marseille) en avril 1946 ( © Collection Mélanie Volle-Berger Droits réservés)

Mélanie Berger sur la Canebière (Marseille) en avril 1946 ( © Collection Mélanie Volle-Berger Droits réservés)

Le Mémorial de la Résistance et de la Déportation est un lieu de mémoire qui propose deux expositions permanentes. La première retrace l'histoire de notre département durant la Seconde Guerre mondiale. La seconde revient sur la politique antisémite et la déportation dont furent victimes les Juifs dans le département de la Loire.

Photographies des expositions permanentes
Photographies des expositions permanentes
Photographies des expositions permanentes
Photographies des expositions permanentes
Photographies des expositions permanentes

Photographies des expositions permanentes

Itinéraire en Bus et horaire depuis la place du Breuil - ci dessous parcours depuis l'arrêt "Palais de Justice" jusqu'au Mémorial

Itinéraire en Bus et horaire depuis la place du Breuil - ci dessous parcours depuis l'arrêt "Palais de Justice" jusqu'au Mémorial

Pour tous ceux qui souhaitent découvrir son parcours, la cinémathèque propose un documentaire qui lui est consacré.

Pour tous ceux qui souhaitent découvrir son parcours, la cinémathèque propose un documentaire qui lui est consacré.

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