Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Lancé en 2006, ce blog pédagogique d'histoire-géographie et d'éducation morale et civique (E.M.C.) tire son nom d'un terme issu du parler gaga (le parler stéphanois) ; le cafuron (window in english !) est une lucarne ou un oeil de boeuf éclairant un réduit. Ce blog s'adresse tout autant aux élèves du lycée Jacob Holtzer (Firminy- Loire) qu'à un public plus large. Bonne visite !

31 Jan

Guerre(s) d'Algérie dans la vallée de l'Ondaine : quand la guerre mène à la guillotine.

Publié par Louis BRUN  - Catégories :  #Projet Mémoires de la guerre d'Algérie, #première

Le travail amorcé en Education Morale et Civique (E.M.C.) par les élèves de 1ière 3 du lycée Jacob Holtzer sur le thème Guerre(s) d'Algérie dans la vallée de l'Ondaine s'est achevé aujourd'hui par la visite du fort  de Montluc (Lyon) à la fois siège du Tribunal Permanent des Forces Armées (TPFA) de Lyon et prison où étaient incarcérés les membres condamnés à mort des groupes de choc  issus des deux mouvements nationalistes rivaux :  le  Front de Libération Nationale (FLN) et le Mouvement National Algérien (MNA).

Dans l'enceinte de la prison fermée en 2009
Dans l'enceinte de la prison fermée en 2009
Dans l'enceinte de la prison fermée en 2009
Dans l'enceinte de la prison fermée en 2009

Dans l'enceinte de la prison fermée en 2009

En effet, depuis le début de l'année scolaire, cette classe de 1ière S participe à un projet pédagogique financé par la Région Auvergne-Rhône-Alpes. Ce travail de longue haleine leur a permis de reconstituer la manière dont le conflit a été vécu, dans leur environnement proche, par  les différents acteurs impliqués : l'analyse de documents d'époque en classe ou aux archives départementales de la Loire ( coupures de presse, rapports de police, rapports de préfet, documents syndicaux, tracts FLN...) a fait découvrir aux élèves un sujet souvent occulté : la guerre d'Algérie en métropole ; ainsi ils ont pu percevoir  comment les deux mouvements nationalistes rivaux luttant pour l'indépendance,  FLN et MNA,  se sont disputés le contrôle des Algériens venus travailler dans la métallurgie et les puits de mine de l'Ondaine. Cette guerre interne particulièrement violente a fait de nombreuses victimes parmi les Algériens (17 morts dans la vallée de l'Ondaine, uniquement sur la période allant de septembre 1956 à décembre 1957).

A partir de 1958, les membres de ces groupes de choc , lorsqu'ils étaient arrêtés par la police n'étaient plus jugées en Correctionnelle  mais  par le Tribunal Permanent des Forces Armées (TPFA) de Lyon, un tribunal  militaire particulièrement sévère . De 1958 à 1962,  478 membres de groupe de choc ont été jugés par le TPFA et 97 d'entre-eux ont été condamnés à morts. Incarcérés à Montluc, 11 d'entre-eux ont été guillotinés dans l'enceinte de la prison militaire : il s'agit du nombre le plus élevé d'Algériens exécutés en métropole (5 à Paris, 4 à Dijon). Parmi eux, se trouvaient deux membres de groupe de choc issus de la vallée de l'Ondaine.

Dans le couloir de la mort
Dans le couloir de la mort
Dans le couloir de la mort
Dans le couloir de la mort

Dans le couloir de la mort

Ce sont ces parcours de vie que les élèves sont venus découvrir à Montluc aujourd'hui. Après un rapide rappel sur l'origine de la prison et son rôle dans l'historie de la Seconde guerre mondiale, le guide a présenté la place de la prison de Montluc dans le système répressif français durant la guerre d'Algérie. Les élèves ont pu découvrir les conditions de détention mais aussi la manière dont les détenus mettaient à profit leur incarcération pour poursuivre leur lutte pour l'indépendance et apparaître aux yeux de la justice et de l'opinion publique, non comme des terroristes mais comme des prisonniers politiques. Dans ce couloir de la mort, les détenus vivaient dans des cellules de 4 m² dans l'attente matinale de la venue du bourreau. C'est dans l'enceinte même de la prison que la guillotine était dressée ; à l'abri des regards extérieurs et en présence de leur avocat, le condamné était exécuté au petit matin ;  sa dépouille  était ensuite  évacuée au cimetière de la Guillotière (carré des condamnés).

Mais la prison de Montluc n'accueillait pas uniquement les condamnés à mort du FLN ou du MNA, une aile était réservée aux femmes qui s'étaient impliquées comme porteuses de valise au profit du FLN.

Après le temps de la visite, il ne reste plus qu'aux élèves à reprendre leurs notes pour produire un  bilan de leurs impressions (quelques extraits ci-dessous).

une visite exclusive dans des locaux non encore ouverts au grand public
une visite exclusive dans des locaux non encore ouverts au grand public
une visite exclusive dans des locaux non encore ouverts au grand public
une visite exclusive dans des locaux non encore ouverts au grand public
une visite exclusive dans des locaux non encore ouverts au grand public

une visite exclusive dans des locaux non encore ouverts au grand public

L'article paru dans le journal Le Progrès - 04 février 2018

Vous pouvez lire ci-dessous quelques extraits des comptes-rendus de visite.

 

Sabri et  Rachid :

 

La visite nous a permis de voir et de comprendre les conditions de vie des détenus ; elle nous a permis de nous rendre compte des moyens utilisés par la France pour venir à bout des mouvements nationalistes présents dans la région. De plus , la visite nous a permis de mettre en relation ce que l'on avait vu en classe et la réalité des choses. Cela a complété le cours.

 

Lyès, Emma et Alexis :

 

Les exécutions se déroulaient à partir de 5h du matin (...). Les détenus condamnés à mort par le tribunal militaire (...) sont emmenés dans un petit coin de la prison caché par un rideau pour être guillotinés. La guillotine était dans un coin perdu de la prison pour ne pas montrer la violence mais nous avons ressenti un sentiment perplexe car on a marché sur des endroits où des têtes ont été guillotinées (...). Cette visite nous a permis de voir la vie des détenus ; c'était une visite passionnante et intéressante.

 

Anissa et Assia :

 

Nous nous sommes sentis très impliquées par le sujet en raison de nos origines et surtout en voyant la misère dans laquelle nos grands parents devaient certainement vivre.

De plus, même si on en parle pas beaucoup, les femmes ont joué un rôle important dans cette partie de l'histoire et cela fait toujours plaisir de voir reconnaître l'importance des femmes dans une action engagée. (...).

Cette visite a été très bénéfique et nous a permis de mieux comprendre ce que nous avons étudié auparavant.  On s'est aussi rendu compte des conditions de vie difficiles dans lesquelles les prisonniers vivaient. De plus, nous avons eu beaucoup de chance car la visite de cette partie du mémorial n'est pas encore autorisée.

 

Maeva et Astrid :

 

Le plus choquant a été la façon dont les personnes ont été traitées après avoir été exécutées. Les personnes en charge de les enterrer ont mis le corps dans un cercueil et la tête dans un autre. Ils étaient tous mis au même endroit dans une tombe anonyme. Il n'y avait aucune considération pour eux. (...). Nous avons eu la chance de faire une visite qui n'est pas ouverte à tout le monde. On n'a pu faire le lien avec tous les documents étudiés en classe.

Un projet soutenu par :

Guerre(s) d'Algérie dans la vallée de l'Ondaine : quand la guerre mène à la guillotine.
Commenter cet article

Archives

À propos

Lancé en 2006, ce blog pédagogique d'histoire-géographie et d'éducation morale et civique (E.M.C.) tire son nom d'un terme issu du parler gaga (le parler stéphanois) ; le cafuron (window in english !) est une lucarne ou un oeil de boeuf éclairant un réduit. Ce blog s'adresse tout autant aux élèves du lycée Jacob Holtzer (Firminy- Loire) qu'à un public plus large. Bonne visite !