L’information mondialisée et individualisée : naissance et extension du réseau Internet
Exercice 1. L’information mondialisée et individualisée, naissance et extension du réseau Internet
1. Mettez en évidence les principales étapes permettant de comprendre la naissance et l’extension du réseau internet (chronologie p. 230 et document 1 ci-dessous)
2. Dites pourquoi, selon les auteurs, Internet « n’est pas un média comme les autres » ; approfondissez votre réponse en vous aidant du document 2 ci-dessous et des documents 1 à 4 p. 230-231
3. Identifiez les raisons pour lesquelles les auteurs distinguent « besoins d’information », « besoin de communication » et « besoin de télécommunication » (document 2 ci-dessous).
4. Montrez qu’Internet permet la globalisation de l’information tout en mettant en évidence les limites de cette globalisation (documents 1, 3 et 5 p. 230-231 et document 2 ci-dessous).
5. Montrez et expliquez les limites des réseaux sociaux comme vecteurs d’information (document 5 p. 231)
6. Rédigez un bilan de l’activité dans lequel vous expliquerez les facteurs à l’origine de l’essor de ce media ; vous montrerez ensuite la place il occupe dans le quotidien de la population tout en soulignant les problèmes posés par ce média dans la production et la diffusion de l’information.
Document 1. 30 ans du web : les grandes dates de l’histoire d’internet (Le Quotidien, 12 mars 2019)
30 ans du web : les grandes dates de l'histoire d'internet
La création du web, dont le laboratoire de recherche nucléaire européen Cern fête le 30e anniversaire mardi, a permis d'ouvrir au grand public l'internet, né dans les années 1960 aux États-U...
https://lequotidien.lu/culture/30-ans-du-web-les-grandes-dates-de-lhistoire-dinternet/
Document 2. La révolution Internet (Xavier Niel et Dominique Rioux, Les 100 mots de l’Internet, 2012)
Exercice 2. Le circuit de l’information à l’heure d’internet : entre informations et « fake news », l’exemple de l’attentat des Champs-Elysées du 20 avril 2017
1. Replacez l’évènement analysé dans son contexte.
2. Vous montrez comment le traitement médiatique de cet événement est représentatif de cette nouvelle manière d’informer et de s’informer
Des informations produites hors des circuits traditionnels |
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Des informations (quasi) instantanées
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Des informations non vérifiées et fausses (fake news)
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Des informations globalisées |
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Des informations orientées
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Une presse qui reste vigilante et attachée à son code déontologique
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Document 3. Le circuit de l’information à l’heure d’internet : entre informations et « fake news », l’exemple de l’attentat des Champs-Elysées du 20 avril 2017
Le 20 avril 2017, Xavier Jugelé, un policier de 37 ans est assassiné sur les Champs-Elysées. Cet évènement est à remplacer dans un contexte particulier : celui de l’élection présidentielle ; Cet évènement, survenu à trois de l’élection présidentielle, était susceptible d’influencer la campagne.
21 h 27 : première information biaisée
Vers 21 heures, sur l’avenue des Champs-Elysées, un homme gare sa voiture devant un fourgon de police ; il est armé d’une kalachnikov. Il tue un policier de 37 ans, Xavier Jugelé, et en blesse deux autres avant d’être abattu. A 21 h 20, la préfecture de police de Paris annonce sur Twitter une opération en cours et demande d’éviter le secteur.
Sept minutes plus tard, à 21 h 27, Jean-Paul Ney, « journaliste » aux méthodes contestées, publie sur Twitter le nom et la photo d’un délinquant belge qu’il présente comme un suspect de l’attaque : « Attentat sur les Champs, urgent la police recherche #YoussoufElOsri est arrivé depuis la Belgique avec le Thalys. » Il diffuse également la copie de son avis de recherche et le message des autorités belges alertant leurs homologues français que cet individu « très dangereux » serait en route vers la France. Son message est retweeté 2 300 fois. (…)
Jean-Paul Ney, opposant déclaré au Front national (FN), est coutumier du fait. En octobre 2016, il a été condamné pour « recel de violation du secret de l’enquête » après avoir publié sur Twitter, le soir des attentats contre Charlie Hebdo du 7 janvier 2015, les avis de recherche des frères Kouachi et d’un certain Hamyd M., qui ne sera pas inquiété dans ce dossier, accompagnés de ce commentaire : « On vous tiens (sic) enfants de putains. »
L’avis de recherche de Youssouf El Osri était lui aussi bien réel. Mais ce ressortissant belge, impliqué dans des affaires de stupéfiants, n’était pas le tueur des Champs-Elysées et n’a pas été inquiété dans l’enquête : il était en Belgique le soir des faits, et se rendra spontanément au commissariat d’Anvers le lendemain pour clamer son innocence. En télescopant ces deux informations, Jean-Paul Ney plonge la Toile dans la plus grande confusion.
Le mal est fait. « Youssouf El Osri » devient rapidement une tendance sur Twitter. Son nom est cité par plusieurs sites Internet proches de la droite identitaire. Les recherches Google le concernant connaissent un pic en milieu de soirée. Des journaux étrangers le présentent comme le tueur, et une agence de presse réputée, Reuters, comme son « complice présumé ». Les médias français, qui ne reprennent pas la rumeur, sont aussitôt accusés de dissimulation par plusieurs internautes. (…)
La retenue des journalistes français est compréhensible. A partir de 22 heures, plusieurs d’entre eux – BFMTV, l’Agence-France-Presse, Le Parisien ou encore Le Monde – ont obtenu auprès de leurs sources l’identité réelle du suspect, qui figurait sur la carte grise retrouvée dans la voiture du tueur : Karim Cheurfi, un Français de 39 ans. Mais son état civil devait encore être confirmé par comparaison de ses empreintes digitales, dont le résultat ne tombera que plus tard dans la soirée.
Par prudence, et par souci de ne pas gêner les investigations en cours (une perquisition était prévue dans la nuit, l’hypothèse de complices à creuser…), les médias français ont accepté de retenir cette information. Quelques journalistes publieront dans la nuit les initiales de Karim Cheurfi ou son identité complète sur leur compte Twitter personnel. Mais l’immense majorité des médias ne diffusera son état civil que le lendemain des faits.
23 h 23 : un compte anonyme publie l’identité du tueur
Ces précautions seront de nouveau court-circuitées par les réseaux sociaux, deux heures seulement après l’attentat. A 23 h 23, le compte Twitter d’un certain « Aldo Sterone », un pseudonyme, est le premier à publier le nom du tueur – « Le terroriste de #Paris est CHEURFI Karim. 36 ans. Nationalité française. Fiche attachée ici » – avec une copie de ses antécédents judiciaires en pièce jointe.
L’auteur de ce tweet, originaire d’Algérie et installé au Royaume-Uni, est un sympathisant du FN et contribue à des sites comme Fdesouche ou Ripostelaique. (…)
« Aldo Sterone » (…) explique qu’un policier qu’il connaît a relevé la plaque minéralogique de la voiture du suspect et lui a ensuite transmis la fiche des antécédents judiciaires de son propriétaire. C’est ainsi qu’un simple sympathisant FN, grâce à un contact privilégié dans la police, a débordé la presse traditionnelle et a publié un fichier de police comportant le nom du tueur, ce qui est illégal, au risque de gêner l’enquête.
23 h 28 : le communiqué de l’EI
Ce tweet a-t-il été lu par les djihadistes chargés de la communication de l’EI ? Sans doute pas. Quelques minutes plus tard, l’agence de propagande Amaq revendique l’attaque et donne la kunya de son auteur : « Abou Youssouf al-Belgiki ». Karim Cheurfi n’est pas belge, et aucun élément de l’enquête n’a permis de le relier à ce nom de guerre.
Youssouf El Osri, le faux suspect dont le nom avait d’abord fuité, s’appelle bien « Youssouf », et il est belge, si bien que les enquêteurs n’excluent pas que l’EI ait pu être abusée par le tweet de Jean-Paul Ney et ait confectionné à la va-vite une kunya d’opportunité. Ce « fail », s’il est avéré, constituerait une première pour cette organisation qui contrôle d’ordinaire très scrupuleusement sa communication.
Dans la nuit, cependant, la photo d’un djihadiste appelé « Abou Youssouf al-belgiki », et qui n’est ni Youssouf El Osri ni Karim Cheurfi, a commencé à circuler sur des comptes Telegram non officiels proches de l’EI, ajoutant à la confusion. (…).
23 h 36 : le « fake » et le réel se télescopent
Ayant vu passer sur Twitter la première fausse identité du suspect et le communiqué de l’EI, « Aldo Sterone » tente d’établir a posteriori un lien, non avéré, avec sa propre information. Il poste la photo de Youssouf El Osri assortie de ce commentaire, supprimé depuis : « Le “Belge”, c’est celui-là. Lui, il cherche à commettre le prochain attentat. »
21 avril : le faux compte Facebook
Le lendemain, le site Islamisation.fr publie une photo, issue du réseau social Copainsdavant, de Karim Cheurfi portant un enfant sur ses épaules, accompagnée de ce commentaire : « Un loupé monumental pour la police. D’autant que ses profils sur les réseaux sociaux ne montraient pas vraiment un repenti… »
Pour illustrer son propos, Islamisation.fr reproduit la photo de profil – le dessin d’un homme pointant une arme – d’un compte Facebook au nom de Karim Cheurfi : il s’agit en réalité d’un homonyme domicilié à Aubagne (Bouches-du-Rhône).
22 avril : Récupération politique
Deux jours après l’attaque, « Aldo Sterone » exploite cette irruption de la menace terroriste dans la campagne électorale pour appeler à voter FN. Il poste ce message sur Twitter : « Abdul est fiché “S” », « Je vote FN pour lui acheter un billet d’avion. Je vote autre chose pour lui acheter des balles pour son AK 47. »
Il s’exprimera également dans une vidéo YouTube sur l’attentat des Champs-Elysées, appelant à incarcérer tous les fichés « S », une promesse de Marine Le Pen. Là encore, l’information est biaisée : Karim Cheurfi n’était pas fiché « S ».
Soren Seelow, Attentat des Champs-Elysées : le rôle trouble des réseaux sociaux, Le Monde, 04 mai 2017
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