La différence entre histoire et mémoire
Quelle différence faire entre histoire et mémoire ? Quels sont les enjeux liés à la transmission de l’histoire et de la mémoire ?
Exercice 1. Transmettre le passé
1. Dites comment l’historien Henri-Irénée Marrou définit l’histoire et expliquez sa définition (document 1 ci-dessous et document 1 p. 192)
2 Définissez ce qu’est la mémoire. Dites en quoi la mémoire des témoins contribue à la connaissance d’un évènement. Présentez-en aussi les limites (document 1 p. 192 et document 2 et 3 ci-dessous)
3. Dites ce qu’est la mémoire collective et précisez en quoi elle diffère de l’histoire (document 2 p. 192 et document 4 ci-dessous).
4. Dites comment s’incarne la mémoire collective et expliquez la place qu’elle occupe aujourd’hui dans nos sociétés. Dites pourquoi elle est aussi présente dans nos sociétés (document 2, 4, 5 et 6 p. 193 et document 4 ci-dessous).
5. Montrez les limites de « l’inflation mémorielle » (document 4 ci-dessous).
Document 1. Qu’est-ce que l’histoire ?
L'histoire est la connaissance du passé humain. L'utilité pratique d'une telle définition est de résumer dans une brève formule l'apport des discussions et gloses qu'elle aura provoquées. Commentons-la : nous dirons connaissance et non pas, comme tels autres, « narration du passé humain », ou encore « oeuvre littéraire visant à le retracer » ; sans doute, le travail historique doit normalement aboutir à une oeuvre écrite (...), mais il s'agit là d'une exigence de caractère pratique (la mission sociale de l'historien...) : de fait, l'histoire existe déjà, parfaitement élaborée dans la pensée de l'historien avant même qu'il l'ait écrite ; quelles que puissent être les interférences des deux types d'activité, elles sont logiquement distinctes.
Nous dirons connaissance et non pas, comme d'autres, « recherche » ou « étude » (bien que ce sens d'« enquête » soit le sens premier du mot grec istoria), car c'est confondre la fin et les moyens ; ce qui importe c'est le résultat atteint par la recherche : nous ne la poursuivrions pas si elle ne devait pas aboutir ; l'histoire se définit par la vérité qu'elle se montre capable d'élaborer. Car, en disant connaissance, nous entendons connaissance valide, vraie : l'histoire s'oppose par là à ce qui serait, à ce qui est représentation fausse ou falsifiée, irréelle du passé, à l'utopie à l'histoire imaginaire (...), au roman historique, au mythe, aux traditions populaires ou aux légendes pédagogiques — ce passé en images d'Epinal que l'orgueil des grands Etats modernes inculque, dès l'école primaire, à l'âme innocente de ses futurs citoyens.
Sans doute cette vérité de la connaissance historique est-elle un idéal, dont, plus progressera notre analyse, plus il apparaîtra qu'il n'est pas facile à atteindre : l'histoire du moins doit être le résultat de l'effort le plus rigoureux, le plus systématique pour s'en rapprocher. C'est pourquoi on pourrait peut-être préciser utilement « la connaissance scientifiquement élaborée du passé », si la notion de science n'était elle-même ambigue : le platonicien s'étonnera que nous annexions à la « science » cette connaissance si peu rationnelle, qui relève tout entière du domaine de la doxa ; l'aristotélicien pour qui il n'y a de « science » que du général sera désorienté lorsqu'il verra l'histoire décrite (et non sans quelque outrance, on le verra sous les traits d'une « science du concret » (Dardel), voire du « singulier » (Rickert).
Précisons donc (il faut parler grec pour s'entendre) que si l'on parle de science à propos de l'histoire c'est non au sens d'Epistémè mais bien de Technè, c'est-à-dire, par opposition à la connaissance vulgaire de l'expérience quotidienne, une connaissance élaborée en fonction d'une méthode systématique et rigoureuse, celle qui s'est révélée représenter le facteur optimum de vérité.
Henri-Irénée Marrou, De la connaissance historique, Paris, Seuil, 1954, pp. 32-33.
Document 2. Une mémoire pour l’histoire
Evelyn Askolovitch, rescapée de plusieurs camps de concentration pendant la Seconde Guerre mondiale explique l’importance du témoignage (de 2 min. 28 Jusqu’à 7 min. 32).
Document 3. La mémoire confrontée aux sources
Albert Ducloz, ancien appelé du contingent, explique le choc qu’il a subi a redécouvrant les lettres qu’il avait envoyées à ses parents alors qu’il était mobilisé en Algérie entre 1960 et 1962 (de 5 min.43 à 11 min.33).
Document 4. Henry Rousso - Face au passé / essais sur la mémoire contemporaine
Exercice 2. Un conflit mémoriel : le cas Colbert
A partir des documents 5 à 7 ci-dessous, vous réalisez une courte présentation orale répondant au sujet suivant : Colbert, figure centrale d’un conflit mémoriel.
Pour vous aider dans votre travail, vous pouvez répondre aux questions suivantes avant d’élaborer votre présentation orale.
1. Rappelez très brièvement quelle place occupait Colbert dans la mémoire collective jusqu’à très récemment.
2. Dites quel aspect du passé ressurgit aujourd’hui et dans quel contexte est-il possible d’inscrire cette évolution.
3. Identifiez et expliquez les revendications des associations qui s’opposent aujourd’hui à la figure de Colbert.
4. Montrez comment le pouvoir politique entend faire face à ces revendications.
Document 5. Colbert, figure emblématique de l’esclavage
Document 6. Colbert au cœur du débat sur la mémoire de l'esclavage
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Document 7. De la diversité dans les noms choisis dans nos villes
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https://www.franceinter.fr/emissions/le-vif-de-l-histoire/le-vif-de-l-histoire-16-fevrier-2021
Pour aller plus loin
1. Faites une rapide recherche personnelle sur Jacob Holtzer.
2. Présentez le document 8.
3. Dites pourquoi, selon vous, le nom de Jacob Holtzer a été proposé (et retenu) pour nommer notre établissement et la rue qui le longe.
Document 8.
Pour aller plus loin (bis)
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