La poursuite de l’industrialisation et l’accentuation de « la question ouvrière »
En quoi l’industrialisation a-t-elle renforcé le poids de la classe ouvrière et fait de la question ouvrière un véritable enjeu politique ?
Exercice 1. Un exemple de l’industrialisation de la France : l’essor de la ville du Creusot dans la deuxième moitié du XIXe siècle.
1. Dites pourquoi on peut parler de véritable dynastie industrielle pour la famille Schneider et expliquez l’implication des Schneider dans les affaires politiques de leur époque (document 2 et biographie p. 194)
2. Dites autour de quelle activité industrielle le Creusot s’est-il développé et précisez dans quels secteurs cette dernière a-t-elle su répondre aux besoins de son époque (carte 1 p. 192, chronologie p. 194 et document 1 -ci dessous).
3. Dites pourquoi le Creusot constitue- un exemple révélateur des processus à l’origine de l’industrialisation de la France dans la deuxième moitié du XIXe siècle (documents 1 et 4 p. 194-195 et document 1 ci-dessous)
4. Dites comment se manifeste la politique paternaliste menée par les Scheider et montez que, malgré celle, ils rencontrent de nombreuses oppositions (documents 1, 3 et 5 p. 195)
Document 1. La plus grande usine de l’Europe : le Creusot. — Les hauts-fourneaux pour fondre le fer.
Le Tour de la France par deux enfants est un livre de « lecture courante » à l’usage du cours moyen et est comme ouvrage scolaire ou roman de bibliothèque. L’ouvrage est publié au début de la III° République pour vanter les valeurs républicaines et patriotiques. Dans cet extrait, Monsieur Gertal, Julien et André arrive dan la ville du Creusot et découvre les « bienfaits » de le ‘industrie.
Dans le grand silence de la nuit on entendait comme des sifflements, des plaintes haletantes, des grondements formidables. Julien était de plus en plus inquiet :
— Mon Dieu, monsieur Gertal, qu’y a-t-il donc ici ? Bien sûr il arrive là de grands malheurs.
— Non, petit Julien. Seulement nous sommes en face du Creusot, la plus grande usine de France et peut-être d’Europe. Il y a ici quantité de machines et de fourneaux, et plus de seize mille ouvriers qui travaillent nuit et jour pour donner à la France une partie du fer qu’elle emploie. C’est de ces machines et de ces énormes fourneaux chauffés à blanc continuellement que partent les lueurs et les grondements qui nous arrivent.
— Mon Dieu, dit Julien, quel travail ! (…).
LE CREUZOT est ainsi appelé parce qu’il est situé dans le creux d’une vallée. Là, s’est établie une des plus grandes usines de l’Europe, dont on voit dans la gravure les cheminées fumer. Autour de l’usine, s’est bientôt groupée toute une population d’ouvriers : une ville s’est ainsi formée, qui compte maintenant 30.600 habitants et s’accroît sans cesse. (1)
Le lendemain avant le jour nos trois amis étaient debout (…) et on se dirigea vers l’usine. Julien, que son frère tenait par la main, était tout fier d’être de la partie.
— Il y a trois grandes usines distinctes dans l’établissement du Creusot, dit le patron qui le connaissait de longue date : fonderie, ateliers de construction et mines ; mais voyez, ajouta-t-il en montrant des voies ferrées sur lesquelles passaient des locomotives et des wagons pleins de houille, chacune des parties de l’usine est reliée à l’autre par des chemins de fer ; c’est un va-et-vient perpétuel.
— Mais, dit Julien, c’est comme une ville, cette usine-là. (…).
— A présent que nous entrons, dit André, ne me lâche pas la main, Julien, crainte de te faire blesser.
— Oh ! je n’ai garde, dit le petit garçon ; il y a trop de machines qui se remuent autour de nous et au-dessous de nous. Il me semble que nous allons être broyés là-dedans.
— Non, petit Julien ; vois, il y a là des enfants qui ne sont pas beaucoup plus âgés que toi et qui travaillent de tout leur cœur ; mais ils sont obligés de faire attention.
— C’est vrai, dit le petit garçon en se redressant et en dominant son émotion. Comme ils sont courageux ! Monsieur Gertal, je ne vais plus penser à avoir peur, mais je vais vous écouter et bien regarder pour comprendre.
— Eh bien, examine d’abord, en face de toi, ces hautes tours de quinze à vingt mètres : ce sont les hauts-fourneaux que nous voyions briller la nuit comme des brasiers. Il y en a une quinzaine au Creusot. Une fois allumés, on y entretient jour et nuit sans discontinuer un feu d’enfer.
— Mais pourquoi a-t-on besoin d’un si ardent brasier ?
— C’est pour fondre le minerai de fer. Quand le fer vient d’être retiré de la terre par les mineurs, il renferme de la rouille et une foule de choses, de la pierre, de la terre ; pour séparer tout cela et avoir le fer plus pur, il faut bien faire fondre le minerai. (…) Les dix-sept hauts-fourneaux du Creuzot produisent ainsi chaque jour 500.000 kilogrammes de fer fondu ou de fonte. (…).
Quand on eut bien admiré la fonderie, on passa dans les grandes forges. (…).
La plupart des ouvriers qui allaient et venaient avaient la figure garnie d’un masque en treillis métallique ; de grandes bottes leur montaient jusqu’au genou ; leur poitrine et leurs bras étaient garnis d’une sorte de cuirasse de tôle ; ils étaient armés comme pour un combat ; et en effet, c’est une véritable lutte que ces robustes et courageux ouvriers ont à soutenir contre le feu qui jaillit de toutes parts, contre les éclaboussures et les étincelles du fer rouge.
Saisissant de longues tenailles, ils retiraient des fours les masses de fer rouge ; puis, les plaçant dans des chariots qu’ils poussaient devant eux, ils les amenaient en face d’énormes enclumes pour être frappées par le marteau.
Mais ce marteau ne ressemblait en rien aux marteaux ordinaires que manient les serruriers ou les forgerons des villages ; c’était un lourd bloc de fer qui, soulevé par la vapeur entre deux colonnes, montait jusqu’au plafond, puis retombait droit de tout son poids sur l’enclume.
— Regarde bien, Julien, dit M. Gertal : voici une des merveilles de l’industrie. C’est ce qu’on appelle le marteau-pilon à vapeur, qui a été fabriqué et employé pour la première fois dans l’usine du Creusot où nous sommes. Ce marteau pèse de 3.000 à 5.000 kilogrammes : tu te figures la violence des coups qu’il peut donner.
Au même moment, comme poussée par une force invincible, l’énorme masse se souleva ; l’ouvrier venait de placer sur l’enclume son bloc de fer rouge : il fit un signe, et le marteau-pilon, s’abaissant tout à coup, aplatit le fer en en faisant jaillir une nuée d’étincelles si éblouissantes que Julien, tout éloigné qu’il était, fut obligé de fermer les yeux.
G. Bruno, Le Tour de la France par deux enfants, Belin, 1ière édition 1877
1. La ville comptait 2 400 habitants en 1840 – les chiffres indiqués sont ceux de 1900 – On dénombre alors 14 000 ouvriers.
Exercice 2. La fusillade de Fourmies en 1891
1. A l’aide une présentation rapide de la ville de Fourmies (carte et contexte historique p. 196)
2. A l’aide de l’introduction et du document 1 p. 196, dites pourquoi les ouvriers organisent une manifestation le 1ier mai 1891 et rappelez quelles sont leurs revendications
3. A l’aide du document 2 p. 196 et du document 2 ci-dessous dites quelle est la réponse du patronat local et de l’Etat
4. Dites quelle est la répercussion de cet événement (document 2 ci-dessous)
Document 2. 1891 : le massacre des ouvriers de Fourmies
1891 : le massacre des ouvriers de Fourmies
Ville industrielle du Nord de la France, Fourmies est le théâtre, le 1er mai 1891, d'un événement sanglant. Pour la seconde fois en France, le 1er mai est une journée consacrée à la manifest...
https://www.retronews.fr/video/1891-le-massacre-des-ouvriers-de-fourmies
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