Les élèves de Jacob Holtzer dans les pas d’Allaoua Bakha , enfant de la guerre d’Algérie
Ce mardi 2 mai les élèves de Terminale de l’enseignement de spécialité HGGSP (Histoire-Géographie-Géopolitique-Sciences Politiques) du lycée Jacob Holtzer avaient rendez-vous à la cinémathèque de Saint-Etienne pour un cours très particulier et réfléchir sur les mémoires de la guerre d’Algérie ; ainsi les élèves sont allés à la rencontre d’Allaoua Bakha, enfant de la guerre. Allaoua Bakha est né en 1954, au tout de la guerre d’Algérie en 1954, et a grandi dans le quartier de Beaubrun à Saint-Etienne ; il garde de son enfance stéphanoise de nombreux souvenirs en lien avec l’émergence du FLN et son action au sein de ce quartier de mineurs. Cette période a marqué les années de jeunesse de ce jeune garçon, fils de de militant fortement engagé dans l’action du FLN. Les élèves étaient ainsi conviés à suivre Allaoua Bakha sur les lieux marquants de son enfance, cette balade urbaine étant l’occasion pour le témoin d’évoquer avec eux ses souvenirs.
Pour que cette rencontre ait tout son sens, les élèves ont préalablement travaillé en classe sur l’histoire et les mémoires de la guerre d’Algérie afin de saisir la complexité de la guerre et appréhender le processus mémoriel en cours. Les élèves ont également découvert la configuration du quartier Beaubrun dans les années 50 à travers des cartes et des images d’archives, quartier de mineurs qui a été grandement été remodelé dans les années 70 et qui n’est plus tout à fait celui dans lequel Allaoua Bakha a grandi. Ils ont enfin découvert la vie du témoin à travers une interview filmée et préparé les questions qui allaient être posée lors de la rencontre.
La balade a débuté devant le domicile actuel d’Allaoua Bakha ; ici il explique aux élèves pourquoi il a décidé de revenir vivre dans le quartier de son enfance ; il évoque également les raisons qui le poussent aujourd’hui à porter cette mémoire. Abordant le parcours de ces parents, il retrace l’histoire de ces Kabyles venus s’installer en France pour travailler dans les mines stéphanoises. Un peu plus loin, à l’endroit où se trouvait le premier logement de la famille, il revient sur l’engagement de son père au sein du FLN ; en passant devant l’école, il se souvient qu’enfant, lui et ses camarades, jouaient à la guerre d’Algérie dans la cour, ce qui ne les empêchait de se retrouver après la classe pour jouer au football ! Au gré des étapes, les élèves découvrent le quotidien d’un enfant embarqué malgré lui dans la tourmente de la guerre : la peur des arrestations, la présence des gardes mobiles, la surveillance policière, les règlements de compte dans les bistrots du quartier, les absences inquiétantes du père….
Initié par Antoine Ravat, responsable des archives à la Cinémathèque de Saint-Etienne, ce projet a fait l’objet d’un film puisqu’une équipe de tournage a accompagné le témoin et les élèves lors de leur pérégrination. Ce film sera prochainement projeté au grand public à la cinémathèque de Saint-Etienne.
Les réactions des élèves
Selvi : Cette sortie a été très enrichissante ; on en apprend plus sur les conditions de vie des Algériens installés en France pendant la guerre ainsi que sur leur ressenti. Allaoua Bakha est une personne d’une très grande gentillesse, tout ce qui racontait était intéressant. Le fait de poser des questions dans les lieux de son enfance permettait de mieux s’immerger dans son histoire. Pour moi, l’endroit le plus intéressant était la rue Pierre Semard où il nous parlait beaucoup de son père, qui était membre du FLN, de ses missions, ce qu’il faisait en général. Il nous parlait aussi de comment ça se passait chez-lui : l’ambiance, de la police qui rentre chez-lui à 2h du matin, de lui qui était enfermé dans sa chambre, de ce qu’il ressentait.
Être filmée entrain de poser les questions était très stressant mais l’équipe de tournage et les camarades de classe étaient tous là pour nous rassurer. Il y avait aussi une bonne ambiance tout le long du tournage.
Noam : Alaoua Bakha nous a conté sa vie durant la guerre d’Algérie en tant que fils d’un membre du FLN. Il nous a raconté sa vie d’enfant stéphanois durant les années 50. Au dela du racisme dont pouvaient être victimes les Algériens, nous avons aussi abordé la solidarité qui existait entre les communautés comme par exemple l’aide qu’apportaient certains prêtres catholiques aux Algériens pendant la guerre ; il nous aussi parlé de soeur Suzanne qui était très importante pour sa famille ; grâce à elle, Allaoua Bakha a pu accéder aux livres ; en effet cette soeur avait ouvert une librairie de quartier. Nous avons découvert toute la complexité et la valeur des témoignages pour les historiens.
Raphaël : On a pu apprendre que cette guerre a aussi eu des conséquences en métropole, où il y a aussi eu des affrontements entre les deux mouvements indépendantistes : le MNA et le FLN. On a aussi pu se ressituer dans notre ville, mais à une autre époque. Le témoin a aussi évoqué le mode de vie des enfants dans les années 50.
Edwin : j’ai trouvé son intervention riche et intéressante ; on a pu en connaître plus sur l’enfance de Allaoua Bakha, sur sa vie dans ST Etienne pendant la guerre d’Algérie. J’ai beaucoup apprécié l’écouter pendant des heures parler de ses parents, de leur mode de vie, de la situation en Algérie... Mais ce qui était le plus intéressant, c’était le fait de parcourir son quartier avec lui alors qu’il nous expliquait ce qu’il y avait à ces endroits,qu’ à la place de bistrots il y a des parkings et des habitations : en soit, le laisser nous raconter son enfance en nous immergeant avec lui.
Shahinez : retrouver à l’endroit où Monsieur Bakha a grandi a rendu cette rencontre beaucoup plus intéressante car ses souvenirs se ravivaient. Alloua est né au début de la guerre d’Algérie et il avait 8 ans quand elle s’est terminée ; pendant tout le début de sa vie il a vécu dans l’atmosphère de la guerre , son père était militant FLN donc pendant toute la rencontre j’ai trouvée que il nous a vraiment bien plongés dans son passé et le passé de la région stéphanoise durant la guerre d’indépendance.
Marie : J’ai trouvé que cette rencontre était géniale . J’ai adoré pouvoir parler directement avec une personne concerné par la guerre d’Algérie. Même si j’étais assez stressée devant les caméras c’était une très bonne expérience. Se retrouver dans le quartier où Monsieur Bakha a grandi étaittrès intéressant. Je passe plusieurs fois à Tarentaize mais je ne me suis jamais réellement posée de question dessus , donc je trouve que cette rencontre m’a appris beaucoup de choses sur l’histoire de cette ville.
Firminy. Des élèves dans les pas d'Allaoua Bakha, enfant de la guerre d'Algérie
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