La colonisation : une politique qui fait débat
Exercice 1. La colonisation : une politique qui fait débat
La politique coloniale fait débat sous la III° République. Partisans et opposants affutent leurs arguments. Faites apparaître les différents arguments en reproduisant et complétant le tableau suivant
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Raisons économiques |
Raisons politiques et militaires |
Raisons humanitaires |
Raisons démographiques |
Document 1 ci-dessous Discours de Victor Hugo (1879) - partisan de la colonisation |
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Document 1 p. 226 Discours de Jules Ferry (1885), ancien président du conseil et partisan de la colonisation |
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Document 2 p. 227 Discours de Georges Clemenceau (1885), député radical, opposant à la colonisation |
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Document 1. Discours sur l’Afrique
Le 18 mai 1879, un banquet commémoratif de l'abolition de l'esclavage est organisé en présence de plus de 120 convives. On remarquait dans l'assistance des sénateurs, des députés, des journalistes, des artistes. Victor Schoelcher, auteur du décret de 1848 abolissant l’esclavage, était également présent. Victor Hugo qui préside le banquet prononce le discours suivant.
(…). Le moment est venu de faire remarquer à l'Europe qu'elle a à côté d'elle l'Afrique (…). La Méditerranée est un lac de civilisation ; ce n'est certes pas pour rien que la Méditerranée a sur l'un de ses bords le vieil univers et sur l'autre l'univers ignoré, c'est-à-dire d'un côté toute la civilisation et de l'autre toute la barbarie (…). Est-ce que vous ne voyez pas le barrage ? Il est là, devant vous, ce bloc de sable et de cendre, ce monceau inerte et passif qui, depuis six mille ans, fait obstacle à la marche universelle (…), l'Afrique. Quelle terre que cette Afrique ! L'Asie a son histoire, l'Amérique a son histoire, l'Australie elle-même a son histoire ; l'Afrique n'a pas d'histoire (…). Déjà les deux peuples colonisateurs, qui sont deux grands peuples libres, la France et l'Angleterre, ont saisi l’Afrique ; la France la tient par l'ouest et par le nord ; l'Angleterre la tient par l'est et par le midi (…). Cette Afrique farouche n'a que deux aspects : peuplée, c'est la barbarie ; déserte, c'est la sauvagerie ; mais elle ne se dérobe plus ; les lieux réputés inhabitables sont des climats possibles ; on trouve partout des fleuves navigables ; des forêts se dressent, de vastes branchages encombrent çà et là l'horizon (…) ; on voit les points où germeront les villes ; on devine les communications ; des chaînes de montagne se dessinent ; des cols, des passages, des détroits sont praticables. Cet univers, qui effrayait les Romains, attire les Français. (...) Au dix-neuvième siècle, le blanc a fait du noir un homme ; au vingtième siècle, l'Europe fera de l'Afrique un monde (Applaudissements.) Refaire une Afrique nouvelle, rendre la vieille Afrique maniable à la civilisation, tel est le problème. L'Europe le résoudra. Allez, Peuples ! Emparez-vous de cette terre. Prenez-la. A qui ? A personne. Prenez cette terre à Dieu. Dieu donne la terre aux hommes, Dieu offre l'Afrique à l'Europe. Prenez-la. Prenez la, non pour le canon, mais pour la charrue ; non pour le sabre mais pour le commerce ; non pour la bataille mais pour la fraternité. Versez votre trop-plein dans cette Afrique, et du même coup résolvez vos questions sociales, changez vos prolétaires en propriétaires. Faites des routes, faites des ports, faites des villes. Croissez, colonisez, multipliez !
Victor Hugo, Actes et Paroles, 1879
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