Document 1. La puissance américaine vue par de Gaulle
De Gaulle relate ici sa visite auprès de Truman à la fin du mois d'août 1945.
Parmi les belligérants, ce pays était le seul intact. Son économie, bâtie sur des ressources en apparence illimitées, se hâtait de sortir du régime de temps de guerre pour produire des quantités énormes de biens de
consommation. L'avidité de la clientèle et, au-dehors, les besoins de l'univers ravagé
garantissaient aux entreprises les plus vastes débouchés, aux travailleurs le plein emploi. Ainsi, les États-Unis se sentaient assurés d'être
longtemps les plus prospères. Et puis, ils étaient les plus forts ! Quelques jours avant ma visite
à Washington, les bombes atomiques avaient réduit le Japon à la capitulation.
Le président (Truman) n'envisageait donc pas que la Russie put, de sitôt, risquer directement une guerre. C'est
pourquoi, m'expliquait-il, les forces américaines achevaient de quitter l'Europe, à l'exception d'un corps d'occupation en Allemagne et en Autriche.
Mais il pensait qu'en maints endroits la ruine, la misère, le désordre, pouvaient avoir pour conséquence l'avènement du communisme et procurer aux
Soviets autant de victoires sans batailles. Au total, le problème de la paix n'était donc, suivant lui, que d'ordre économique.
Charles de Gaulle, Mémoires de guerre,tome 3: Le Salut (1944-1946), Plon, 1959
Document 2. Le bilan industriel de la Seconde Guerre mondiale
Indice de la production industrielle en 1947 (base 100 = 1937
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Allemagne
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37
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Belgique
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91
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France
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85
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Italie
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90
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Pays Bas
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94
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Royaume-Uni
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100
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Etats-Unis
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163
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Document 3. Le bilan humain de la Seconde Guerre mondiale
Document 4. Les conséquences de la guerre pour les colonies
Les vicissitudes de la guerre ont fait perdre à l'Europe le capital de crainte que sa force avait amassé auprès des peuples coloniaux. En Asie du Sud-Est, la
victoire japonaise montre aux nationalistes indigènes que l'Occident ne détient plus le monopole technique et militaire qui assurait sa domination. (...). D’ailleurs, les Japonais, dans les
pays qu’ils occupent, constituent des gouvernements fantoches, ouverts aux élites locales. En marge du conflit, L'Afrique noire n'en participe pas moins à l'effort de guerre. (...).
L'intégration de l'Afrique noire dans l'économie de guerre européenne se solde par d'importantes mutations économiques et sociales. Une demande accrue de matières premières et de produits
alimentaires par les métropoles accélère le processus d'urbanisation. (...). Partout des élites nouvelles se constituent, combinant traditionalisme et volonté d'assimilation : elles souhaitent
vouloir créer, dans leur pays, des institutions démocratiques sur le modèle occidental. Aussi la guerre révèle-t-elle des "hommes nouveaux" : Nkrumah en Côte de l'Or, Senghor au Sénégal,
Houphouët-boigny en Côte d'Ivoire..., dont la pensée et l'action aboutissent à une transformation des rapports entre Africains et Européens.
D’après S. Berstein et P. Milza, Histoire du XX° siècle, tome 2, 1993, p. 126 à 128.
Document 5. Extraits de la Charte des Nations Unies (26 juin 1945). 55 Etats sont alors adhérents
Article 1. Les buts des Nations Unies sont les suivants
(….)
2. Développer entre les nations des relations amicales fondées sur le respect du principe de l’égalité des droits des peuples et de leur droit à disposer
d’eux-mêmes.
3. Réaliser la coopération internationale en résolvant les problèmes internationaux d’ordre économique, social, intellectuel ou humanitaire, en développant et en
encourageant le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales pour tous, sans distinction de race, de sexe, de langage ou de religion.
Document 6. Extraits de la doctrine Jdanov
Le camp impérialiste (dirigé par les Etats-Unis) est soutenu par des Etats possesseurs de colonies (….)
Les forces anti-impérialistes et anti-fascistes forment l’autre camp. L’URSS et les pays de la nouvelle démocratie en sont le fondement (…). Le camp
anti-impérialiste s’appuie dans tous les pays sur le mouvement ouvrier et démocratique, sur les partis communistes frères, sur les combattants du mouvement de libération nationale dans les pays
coloniaux et dépendants.
Jdanov, idéologue du Kremlin, proche collaborateur de Staline, 22 septembre 1947
Document 7. Les grandes puissances et la décolonisation
Le 16 novembre 1953, devant des syndicalistes réunis à Cleveland,
le secrétaire d'État américain, John Foster Dulles, explique la position des États-Unis.
Sur le front du monde libre, les zones colonisées ou dépendantes sont le champ d'une compétition des plus dramatiques. Là s'affrontent en prise directe la
politique occidentale et l'impérialisme soviétique.
Au XIX° siècle, en particulier, les puissances occidentales ont pratiqué le colonialisme ; mais par la nature même de la civilisation occidentale fondée sur la
croyance en la nature spirituelle de l'homme, il était inéluctable que ce colonialisme soit transitoire et ne se supprime de lui-même. ... [Cela] conduit, sous la garantie de la charte
des Nations unies à développer en toute logique des gouvernements indépendants et des institutions libres chez les peuples qui ne se gouvernent pas
eux-mêmes.
Nous ne pouvons cependant ignorer les dangers créés par le communisme international qui compte détourner le nationalisme à ses propres fins impérialistes. ( ...
)
Peut-être certains d'entre vous trouvent-ils que notre gouvernement ne pousse pas la politique de liberté aussi
vigoureusement qu'il le faudrait. je peux vous dire ( ... ) que nous savons distinguer les cas où la possibilité d'invoquer la menace
communiste est susceptible de justifier des délais, et les cas où il n'existe pas de raison valable.
Nous avons de bonnes raisons de souhaiter maintenir l'unité avec nos alliés occidentaux, mais nous n'avons pas oublié que nous fûmes la première colonie à arracher l'indépendance. Et nous n'avons donné de chèque en blanc à aucune puissance coloniale. Il n'y a pas le moindre
doute dans notre conviction que la transition normale du statut colonial à l’autonomie doit être menée à une complète réalisation