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Lancé en 2006, ce blog pédagogique d'histoire-géographie et d'éducation morale et civique (E.M.C.) tire son nom d'un terme issu du parler gaga (le parler stéphanois) ; le cafuron (window in english !) est une lucarne ou un oeil de boeuf éclairant un réduit. Ce blog s'adresse tout autant aux élèves du lycée Jacob Holtzer (Firminy- Loire) qu'à un public plus large. Bonne visite !

30 Sep

Une vision de notre histoire coloniale : L’ami y’a bon

Publié par Louis BRUN  - Catégories :  #Archives terminale S

Rachid Bouchareb connaît le succès avec son film Indigènes en 2006. Succès commercial mais également reconnaissance de la profession au festival de Cannes (nomination pour la palme d’or et prix d’interprétation masculine accordée collectivement aux principaux acteurs du film), ce film a contribué à la reconnaissance de notre passé colonial.
L’Histoire coloniale n’est pourtant pas un thème nouveau pour Rachid Bouchareb . En 2005, il réalise ainsi un court métrage consacré à l’histoire d’un tirailleurs sénégalais entre 1939 et 1945. Il revient sur un épisode sombre de notre histoire coloniale : le massacre du camp de Thiaroye. Vous pouvez découvrir ce cours métrage en ligne. En cliquant sur l’image ci-dessous
 

amiyabon.jpg

 
 
L’article ci-dessous publié par le magazine Marianne en 2005 revient également sur cette épisode
 
La tragédie du camp Thiaroye
 
L’épopée de la France libre fut, en grande partie, une épopée africaine. C’est à partir de l’Afrique équatoriale française, ralliée à de Gaulle dès août 1940 par le gouverneur général Félix Eboué que les Français purent reprendre leur place dans la lutte contre les Nazis. Pas moins de 100 000 hommes furent mobilisés en Afrique noire entre 1940 et 1944. Près de 20 000 d’entre eux participèrent à la campagne d’Italie et au débarquement de Provence. Remontant vers les Vosges, ils libérèrent plusieurs milliers de « tirailleurs sénégalais » prisonniers depuis la défaite de juin 1940.
Pour des raisons politiques, de Gaulle, en accord avec les principaux chefs militaires, décida de procéder, en novembre et en décembre 1944, au « blanchiment » de l’armée, se souvenant du mécontentement provoqué en Allemagne par la présence de nombreux soldats noirs dans les troupes d’occupation après 1918. Les « tirailleurs sénégalais », souvent originaires de Côte d’Ivoire, de Haute-Volta (actuel Burkina Faso) ou du Soudan français (actuel Mali) furent donc retirés du front, de Gaulle expliquant dans ses Mémoires : «  Comme l’hiver dans les Vosges comportait des risques pour l’état sanitaire des Noirs, nous envoyâmes dans le Midi les 20 000 soldats originaires d’Afrique…Ils furent remplacés par autant de maquisards qui se trouvèrent équipés du coup ».
Parmi les premiers rapatriés en Afrique figuraient 1 280 anciens prisonniers de guerre arrivés à Dakar le 21 novembre 1944 à bord du Circassia. On leur avait assuré qu’ils toucheraient dans la capitale de l’AOF (Afrique occidentale française) leurs arriérés de solde et une prime de démobilisation d’un montant de 500 F. Or, sur place, les autorités militèrent refusèrent de leur verser lesdites sommes, tentant même de confisquer les salaires qu’ils avaient reçu des Allemands durant leur captivité.
Devant la grogne croissante des démobilisables regroupés dans le camp de Thiaroye à 15 kms de Dakar, on entreprit de les séparer en envoyant 500 d’entre  eux à Bamako. Le 1er décembre 1944, les tirailleurs concernés refusèrent de partir et se mutinèrent aux cris de : «  Nous voulons notre argent ! Blancs, voleurs ! ». Débordés, les officiers firent ouvrir le feu sur les mutins dont 35 furent tués, 35 grièvement blessés et plusieurs centaines atteints plus légèrement.
La répression qui s’ensuivit fut impitoyable. Non seulement les mutins, considérés comme des agents de l’Axe, furent contraints de défiler, désarmés, dans les rues de Dakar, mais plusieurs dizaines d’entre eux furent jugés en février 1945 et condamnés à des peines allant de un à dix ans de prison, en dépit des efforts déployés par leur avocat, Lamine Guèye, futur député-maire SFIO de Dakar. Il fallut attendre la visite en AOF du président de la République Vincent Auriol pour que les derniers condamnés soient amnistiés et libérés en 1947.(...)
 
 
Patrick Girard, Marianne, 30 mars 2005
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