Epreuve mineure histoire
Etude d’un document
Document 1. Travail forcé pour le travail du cuivre (province du Katanga, Congo belge)
En 1917, le ministre Renkin chargea Martin Rutten, futur gouverneur du Katanga et futur gouverneur général du Congo, d’une mission d’inspection des populations du Katanga.
"…il est impossible de ne pas être frappé par l’énorme consommation de vies humaines faite dans la région industrielle du Katanga, et surtout par le plus grand employeur de main d’oeuvre
indigène, c’est à dire l’Union Minière …Pour bien se rendre compte du caractère excessif du taux de mortalité il faut considérer qu’il s’agit d’hommes adultes…sans infirmités apparentes.
(…).
Le devoir du gouvernement d’intervenir au besoin par les moyens les plus énergiques est d’autant plus impérieux, que directement ou indirectement, il contribue à
amener à l’UM la main d’oeuvre qu’elle utilise de cette manière. Il y contribue directement quand il donne l’ordre aux fonctionnaires territoriaux, aux chefs indigènes de favoriser le recrutement
de la bourse. Il y contribue indirectement, quand il fait percevoir un impôt élevé dans un territoire, où il est impossible aux indigènes de le payer sans aller chercher du travail aux
mines…
…Faut-il s’étonner si les chefs indigènes au lieu de livrer les déserteurs à l’autorité, mettent tous leurs soins à bien les cacher. Quel est le chef qui oserait
renvoyer X à la Lubumbashi où plusieurs de ses compagnons sont enterrés ? L’autorité des chefs est surtout basée sur le consentement unanime de leurs sujets : ils doivent vivre avec eux et leur
vie deviendrait impossible si dans des cas semblables ils prenaient partie pour l’autorité européenne. Tous ces indigènes qui meurent, désertent, ou reviennent chez eux réformés ou abîmés, ont
des parents, des femmes, des amis ; ils font partie d’un groupe social étroitement unis…
…La présence dans le pays de nombreux déserteurs, soucieux avant tout d’éviter tout contact avec le blanc, contribue à la désagrégation des chefferies. Ces gens
forment à l’écart de petits villages et pour les raisons que j’ai indiquées, le chef ne peut ou ne veut rien faire contre eux…
1. Présentez le document 1.
Il s’agit du rapport rédigé par Martin Rutten, futur gouverneur du Katanga
pour le ministre belge Rankin lors d’une mission d’inspection dans la province du Kantaga au Congo belge en 1917. En 1917, la conquête coloniale est
achevée. L’Europe s’est partagée l’Afrique et est au sommet de sa domination. La Belgique possède le Congo
L’auteur dénonce les excès de l’exploitation coloniale et ses conséquences sur les sociétés indigènes.
2. Pour qui travaillaient les Africains dans le document 1 ? A quoi et à qui était destiné ce qui était produit ? Comment appelait-on ce type d'économie ?
Expliquez.
Ils travaillaient pour l’Union minière, une concession minière qui exploite le cuivre.
La production de cuivre était destiné à l’industrie belge. Les produits étaient donc exportés en direction de la métropole
Ce type d’économie est appelée économie de traite.
L’économie des colonies est une économie extravertie (la colonisation a permis l’insertion de ces territoires dans une économie mondialisée) mais c’est une économie entièrement
dépendante de la métropole qui repose sur des flux inégaux
les produits exportés sont des produits tropicaux et des matières premières destinés à l’industrie.. Les colonies sont donc pour la métropole une réserve de matière
première. Les ressources du sous-sol sont exploitées par des compagnies qui obtiennent des concessions minières .
Les produits importés sont des produits manufacturés. Les matières premières importés des colonies sont transformés en Europe (les usines de transformation sont en Europe) pour
ensuite être exportés. Les colonies constituent donc des marchés, des débouchés privilégiés pour la métropole.
3. En vous appuyant sur vos connaissances, dites ce que supposait une telle mise en valeur ?
Une telle « mise en valeur » suppose le développement d’infrastructures de transport : chemins de fer qui relient
les lieux de production (concessions minières) aux ports situés sur la côte qui assurent l’exportation en direction de la métropole.
Elle s’accompagne aussi de spoliation des terres.
4. Selon l'auteur, comment était recrutée la main d'œuvre ? Quel rôle jouait l'Etat belge dans ce recrutement ?
La main d’oeuvre était réquisitionnée (travail forcé). L’Etat belge participait au recrutement de la main d’œuvre pour la compagnie minière :
Directement En organisant la bourse (levée d’hommes que devait fournir chaque village)
Indirectement : la pression fiscale exercée par l’Etat belge est telle que beaucoup d’hommes sont contrait d’aller vendre leur force de travail auprès de la compagnie
minière
5. Quelle en furent les différentes conséquences pour les populations indigènes ? Justifiez
C’est tout d’abord le développement du travail forcé en Afrique noire (avec toutes les violences physiques que cela suppose). (CF inquiétude face
au taux de mortalité) Les populations sont arrachées à la leur village ; les villages traditionnels sont complètement déstructurés. « …La
présence dans le pays de nombreux déserteurs, soucieux avant tout d’éviter tout contact avec le blanc, contribue à la désagrégation des chefferies. »
Ainsi, en plus des atrocités physiques, la catastrophe est aussi culturelle : les sociétés traditionnelles sont menacées.
Face à ces réquisitions certains préfèrent fuir et se réfugier dans les villes où ils viennent grossir les rang d’un sous-prolétariat urbain. (essor des premiers
bidonvilles)