Vous trouverez les détails de la correction du travail réalisé en classe sur Saint-Etienne.
Document 1. Saint-Etienne peine à trouver les voies de la reconversion
L'ouverture récente d'un magasin Ikea, la création d'un pôle de compétitivité sur la mécanique et l'installation d'un établissement public d'aménagement (EPA), à la mi-2006, ne
suffisent pas pour l'instant à modifier l'image de Saint-Etienne, qui est la seule parmi les vingt premières villes françaises dont la population décroît.
L'état du centre-ville témoigne de ce déclin. « L'étalement urbain a eu pour corollaire la paupérisation des quartiers centraux. Le recul démographique de la
huitième agglomération française traduit la perte d'attractivité de ce territoire. Cette évolution menace non seulement la ville et l'agglomération stéphanoise, mais aussi fragilise l'équilibre
de l'aire métropolitaine lyonnaise et freine le rayonnement européen de Lyon » : telles sont les conclusions de la mission d'expertise d'un grand projet d'urbanisme et de développement
économique à Saint-Etienne, diligentée en mars 2004 par le gouvernement.
Depuis 1990, la ville a perdu plus de 22 000 habitants (- 11 %). Deux départs sur trois sont des actifs, principalement des jeunes couples avec enfants, des
personnes titulaires d'un diplôme d'études supérieures. « Le départ des ménages actifs accentue le déséquilibre social et entraîne une baisse des ressources fiscales. Restent en
centre-ville les classes les plus démunies. Le marché immobilier est devenu l'un des plus bas de France », notent les rapporteurs.
Le taux de chômage est légèrement supérieur à la moyenne nationale. Le déclin des industries des métaux, du textile et de l'armement a été compensé par une hausse
des services. « Certains secteurs comme les textiles médicaux (1) sont en bonne santé, d'autres comme le tertiaire supérieur sont insuffisamment développés. Les petites et
moyennes industries sont souvent très petites et sans successeur. L'éloignement de grands donneurs d'ordres renforce leur isolement », note Pierre Héritier, membre du conseil de
développement de Saint-Etienne Métropole et fondateur du Laboratoire social action innovation réflexions échange (Lasaire). Le secteur mécanique (29 000 salariés) est composé de sous-traitants,
dépendants en grande partie de l'industrie automobile. Il est « très vulnérable non seulement à la conjoncture mais surtout aux risques de délocalisation ». (2)
Vincent Charbonnier, Le Monde, 20 septembre 2005.
(1) En 1993 à l'initiative de la Ville de Saint Etienne, des milieux économiques et des chercheurs, est né le Pôle
des technologies médicales afin de " fédérer et multiplier les coopérations entre industrie et recherche". Ce pôle a été créé sous forme d'association regroupant au départ 80 membres dont le CHU,
l'Université et une soixantaine d'industriels. (…)Les collectivités locales comme la ville de Saint-Etienne et Saint-Etienne Métropole ( communauté d’agglomération) apportent avec le Conseil
Général de la Loire leur concours aux actions du Pôle en particulier à travers les locaux mis à disposition et le soutien aux initiatives comme celle des Rencontres Textiles de Santé.
Au niveau régional, les interventions en faveur de la technologie et celles en faveur du développement des entreprises sont définies conjointement par l'Etat
(DRIRE et DRRT) et le Conseil Régional dans le cadre du Contrat de Plan Etat-Région.
(2) Pour favoriser l’innovation et freiner les délocalisations, le gouvernement a définit en juillet 2005 67 pôle de compétitivité en France. Les pôles de
compétitivité bénéficieront d’exonérations fiscales et sociales. Les 67 pôles auront un statut identique. Par ailleurs, ils disposeront d’équipes de suivi personnalisé, de procédures de
traitement accélérées et de financements privilégiés. Ainsi les régions Rhône-Alpes et Auvergne se sont associés pour créer le pôle de compétitivité Ingénierie et Création
Industrielle (ICI) et promouvoir une ingénierie globale, de la conception de produits à leur recyclage. De par la densité de leur tissu d’entreprises, de centres de formations et de recherche,
Rhône-Alpes et Auvergne représentent le bastion de la mécanique française.
Document 2. Agir pour redynamiser une ville en crise
Après les élections de 2001, la municipalité stéphanoise a élaboré un document intitulé Saint-Etienne 2015. Deux priorités s'en dégagent : une importante
rénovation de l'habitat dans le centre exigeant la démolition de 5 000 logements sur quinze ans ; la création d'un pôle d'affaires de dimension régionale autour de la gare de Châteaucreux.
L'Agence nationale de rénovation urbaine (ANRU) a octroyé 54 millions d'euros pour la requalification de deux quartiers d'habitat social périphérique et de deux quartiers anciens du
centre-ville. L'habitat représente les trois quarts des 212 millions de travaux recensés par l'ANRU.
Des grands chantiers sont également lancés : la Cité du design sur le site de l'ancienne Manufacture nationale d'armes, la construction d'un Zénith signé de
l'architecte britannique Norman Foster, l'aménagement d'une deuxième ligne de tramway dans le centre-ville, la construction du nouveau siège social de Casino à Châteaucreux.
Ces travaux agacent les Stéphanois et influent sur le chiffre d'affaires de commerces qui seront partiellement dédommagés des pertes subies. Sans mésestimer ces
difficultés quotidiennes, Michel Thiollière, maire (UMP) de Saint-Etienne, se félicite que sa ville « entre dans une nouvelle époque ».
Le socialiste Maurice Vincent, ancien président de l'université de Saint-Etienne, dénonce , lui, « une accumulation de projets sans grande cohérence ». Il fustige
aussi « la méthode Thiollière fondée sur des intuitions et des choix personnels, sans aucune réflexion collective ».
Cette critique rejoint celle de Gilles Artigues, député (UDF) de la Loire et adjoint au maire à l'espace public et à la proximité, qui pointe lui aussi un «
déficit de concertation ». Sans remettre en cause les projets, il déplore de n'être que « très rarement associé à leur définition ».
Ce déficit de concertation pourrait être comblé par l'EPA, qui aura pour mission d'élaborer un projet urbain cohérent inscrit dans une perspective de développement durable et
dans une logique de mixité sociale. Il devra coordonner toutes les équipes en place de la ville, de l'agglomération, de l'Etablissement public foncier de l'Ouest Rhône-Alpes (Epora), de la
direction départementale de l'équipement (DDE), notamment pour l'aménagement de la Cité des affaires de Châteaucreux.
Présidé par le maire de Saint-Etienne, le futur EPA financera la moitié des dépenses d'aménagement dans son périmètre d'intervention, qui englobe, au-delà du
centre-ville, deux quartiers du grand projet de ville (GPV) et le technopôle de Saint-Etienne. Il sera doté de 60 millions d'euros sur cinq ans.
Vincent Charbonnier, Le Monde, 20 septembre 2005.
Document 3. Un coup de pouce de l'Etat
Le gouvernement, qui cherche à doter la France de métropoles de niveau européen, voit d'un bon œil le rapprochement entre Lyon et Saint-Etienne. C'est pourquoi il accorde un
soutien non négligeable aux projets stéphanois: autoroute A 45, sixième centre de l'Ecole des mines, soutien financier au Zénith et à la Cité du design et, surtout, aide massive au
renouvellement urbain en centre-ville. (…)
Même si tout n'est pas parfait, l'attention dont bénéficie Saint-Etienne de la part d'un Etat désormais sans le sou se situe largement au-dessus de la moyenne.
«Depuis vingt-cinq ans que je suis député, je n'avais pas vu un tel effort, souligne Pascal Clément, président UMP du conseil général. Avant, Paris n'avait d'yeux que pour l'axe
Lyon-Grenoble.»
Michel Feltin, L'Express, le
07/02/2005
Document 4. Liaisons dangereuses avec Lyon
Depuis vingt ans, le besoin d'une liaison autoroutière digne de ce nom entre les deux agglomérations,
distantes d'une cinquantaine de kilomètres, se fait cruellement ressentir. Car l'A 47, étroite et sinueuse, qui relie Saint-Etienne à Givors, a été réalisée à l'économie dans les années 1950 et
1960 sous l'influence d'Antoine Pinay, alors maire de Saint-Chamond et président du conseil général. (…). «La saturation de l'A 47, avec l'incertitude qu'elle fait peser sur le temps de trajet,
a pour nous des conséquences dramatiques, témoigne Michel Garson, président de Loire Etude et du club Gier Entreprises, à Saint-Chamond. Non seulement certains clients refusent de venir
jusqu'ici, mais des fournisseurs nous facturent des temps de déplacement pour la livraison de leurs marchandises!»
La mise aux normes de l'A 47 est jugée «trop compliquée» par l'Etat, qui s'est engagé sur une nouvelle autoroute entre Saint-Etienne et Lyon, l'A 45, promise pour 2015. Un projet phare relayé,
dans le Rhône, par la plupart des élus influents. En particulier par les socialistes Jean-Jack Queyranne, président de la région, et Gérard Collomb, maire de Lyon, pourtant alliés aux Verts. La
plupart, sauf un. Michel Mercier, sénateur et président (UDF) du conseil général du Rhône, opposé à la traversée des très résidentiels coteaux de l'Ouest lyonnais, où habitent… ses
électeurs.
Mais la route ne suffira pas. Le rail est également nécessaire. Aujourd'hui, l'axe Saint-Etienne - Lyon, avec près de 15 000 voyageurs par jour,
reste la liaison régionale de province la plus fréquentée de France. Mais elle est dans un triste état. Un signe: tandis que la durée du voyage en train a été divisée par 18 entre Lyon et Paris
depuis 1858, elle ne l'a été que par… 2 entre Lyon et Saint-Etienne. «Le trajet dure encore près d'une heure», s'insurge André Mounier. Or, malgré quelques améliorations de détail, aucun
investissement d'ampleur n'est prévu. «Trop cher, compte tenu des tunnels, des dénivelés et de la densité du tissu urbain», indique le préfet, Michel Morin. Quant à la dernière demande de
Saint-Etienne - une bonne liaison ferroviaire avec l'aéroport Saint-Exupéry et, au-delà, avec la future ligne à grande vitesse Lyon-Turin - elle a, elle aussi, peu de chances d'être entendue.
Une frilosité qui confine au non-sens de la part d'un Etat qui prétend faire de Lyon - Saint-Etienne une véritable «région urbaine» de niveau européen.
Denis Meynard, L'Express, 07/02/2005
Document 5 . Les financeurs de la Démolition de 86 logements, quartier Montreynaud à Saint-Etienne (Loire)
ACT Consultants. Financements européens et politique de la ville. 2005.
Comité Interprofessionnel du Logement
Stéphanois
Office Public d'Aménagement et de Construction
Exercice 1. une ville fortement touchée par la crise
1. Quelles étaient les activités industrielles traditionnelles qui ont assuré la prospérité de Saint-Etienne ? Qu’ont-elles connu à partir des années
70 ? (doc. 1)
Saint-Etienne est une ville au passé industriel. Son développement est lié à l’industrialisation : exploitation du charbon, industries sidérurgiques, industries
textiles (rubanerie), du cycle et de l’arme
La région stéphanoise connaît une crise importante avec la fermeture des mines et d’un certains nombre d’industrie. Il en résulte des licenciements massifs et un
développement du chômage. Entre 1975 et 1985 : perte de 70 000 emplois)
2. Quelles en sont les conséquences spatiales, sociales, fiscales, économiques ? (doc. 1)
Née de l’industrie, la ville connaît aujourd’hui une crise grave :
La ville a perdu 22 000 habitants depuis 1990
- dépeuplement du centre-ville et paupérisation des quartiers centraux
- étalement urbain : départ des jeunes actifs pour les communes périphériques
Ainsi la ségrégation spatiale s’accentue et constitue une menace pour la cohésion sociale.
- diminution des recettes fiscales
- insuffisance du tertiaire supérieur
- faiblesse des PME
Exercice 2. Une ville aux multiples projets
1. Quels sont les différents projets envisagés pour sortir Saint-Etienne de la crise et changer son image ? (doc. 2, 3, 4 et 5)
Type de projet
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Nature des projets
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objectifs
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Les infrastructures de transports
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A l’échelle locale : 2ème ligne de Tramway
A l’échelle régionale :
A45
Amélioration dela liaison ferroviaire Saint-Etienne-Lyon
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Permettre la fluidité de circulation à l’intérieur de l’espace urbain, favoriser les transports en commun et mettre en valeur le centre-ville.
Désenclaver Saint-Etienne et intégrer dans la vaste agglomération lyonnaise
Relier Saint-Etienne aux grands réseaux d’échanges
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L’habitat et la restructuration urbaine
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Rénovation de l’habitat dans le centre-ville
(démolition de 5 000 logement)
Requalification de deux quartiers d’habitat social périphériques
Création du nouveau siège social de casino autour de la gare de Chateaucreux
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Assurer la mixité sociale et faire revenir les habitants à Saint-Etienne
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Reconversion industrielle
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Pôle optique
Pôle des technologies médicales
Intégration au sein du pôle de compétitivité Ingénierie et création industrielle
Cité du Design
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Promouvoir les liens entre la recherche et les milieux économiques (favoriser l’innovation et la création d’emplois)
Favoriser le développement du tertiaire supérieur
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Culture
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Zénith
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Equiper la ville de grands équipements culturels digne d’une métropole
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Saint-Etienne en soutenant ces différents projets souhaitent donc changer son image de ville industrielle, de ville noire. Elle souhaite assurer son développement
durable (emploi, mixité sociale) et devenir une métropole digne de ce nom. La ville souhaite également s’insérer dans une région urbaine de niveau européen.
2. Quels sont les acteurs institutionnels impliqués dans ces projets ?
Niveau d’intervention
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Acteurs
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A l’échelle européenne
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L’UE (financement de certains projets)
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A l’échelle nationale
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L’Etat relayé dans certains cas par ses services administratifs (EPA, ANRU)
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A l’échelle régionale
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La région Rhône-Alpes
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A l’échelle locale
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Le conseil général, Saint-Etienne métropole (communauté d’agglomération) et la ville de Saint-Etienne
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3. Quelles sont les résistances à ces projets ?
L’opposition politique reproche le manque de concertation (CF la cité du Design).
Certaines communes s’opposent au tracé de l’A45 (argument écologique)
Les stéphanois sont agacés par la multiplication des chantiers et les commerçants du centre-ville se plaignent de la diminution de leur chiffre
d’affaires