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Lancé en 2006, ce blog pédagogique d'histoire-géographie et d'éducation morale et civique (E.M.C.) tire son nom d'un terme issu du parler gaga (le parler stéphanois) ; le cafuron (window in english !) est une lucarne ou un oeil de boeuf éclairant un réduit. Ce blog s'adresse tout autant aux élèves du lycée Jacob Holtzer (Firminy- Loire) qu'à un public plus large. Bonne visite !

09 Mar

Shoah par balles, l'histoire oubliée

Publié par Louis BRUN  - Catégories :  #sortir de la classe

Mercredi 12 mars 2008 France 3 diffuse à 20h50 un documentaire consacré à la "Shoah par balles" perpétrée par les nazis en Ukraine entre 1941 et 1944. Ce film a été réalisé à partir du livre du père Patrick Desbois, "Porteurs de mémoire."

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(Des membres d'un Einsatzkommando inconnu et leurs aides civils d'origine allemande regardent un homme et une femme forcés à creuser leurs propres tombes. 4 juillet 1941. Slarov, URSS. Photographe inconnu. © Bundesarchiv-Bildarchiv, Koblenz, Allemagne, photo extraite du site Internet du Mémorial de la Shoah)



Je vous propose ici de relire l'article d'Emmanuel de Roux consacré au père Patrick Desbois et publié dans le journal Le Monde le 22 juin 2007. Cet article était publié alors que le Mémorial de la Shoah consacrait une exposition à la Shoah par balles.


"Le Père Desbois est âgé de 52 ans et, depuis près de quinze ans, ce prêtre catholique, directeur du Service national des évêques de France pour les relations avec le judaïsme, fait un travail d'historien. Il consiste à repérer les lieux où les nazis ont liquidé des juifs en Ukraine, entre 1941 et 1944, et à recueillir des témoignages sur ces massacres. Cette entreprise fait l'objet d'une exposition au Mémorial de la Shoah, à Paris, dont le titre est parlant : « La Shoah par balles ». 
Près de 1,5 million de personnes ont ainsi été assassinées par les Einsatzgruppen, ces unités de tuerie mobiles qui fonctionnaient derrière la ligne allemande du front de l'Est, assistées par des éléments de la police allemande, des Waffen SS ou des collaborateurs ukrainiens.
L'engagement du Père Desbois est lié à un hasard. Son grand-père - qui l'a élevé - a été prisonnier pendant la seconde guerre mondiale dans le camp de Rawa-Ruska - aujourd'hui situé en Ukraine, à la frontière polonaise. Ici, des prisonniers de guerre soviétiques ont été exécutés.
Le Père Desbois a voulu que ces victimes aient un mémorial digne d'eux. Il s'est rendu sur place. « Peu à peu, j'ai appris que des juifs avaient été massacrés près du camp, mais qu'on ne savait pas où étaient les fosses. Un jour, le maire, avec qui j'avais sympathisé, m'a conduit à un endroit où une centaine de personnes m'attendaient : des gens du village. C'était le lieu où avaient été tués et ensevelis mille cinq cents juifs. J'ai découvert aussi, à cette occasion, que les témoins, souvent très jeunes à l'époque, n'avaient jamais parlé parce qu'on ne leur avait jamais posé de questions. »
Le Père Desbois a décidé alors de poursuivre une enquête sur ce sujet dans toute l'Ukraine, de la Biélorussie à la Crimée. Il travaille avec l'association Yahad-In Unum, créée par le cardinal Lustiger et le rabbin Israel Singer, et une équipe de onze personnes. Ses recherches ne commencent, in situ, qu'après avoir épluché les archives soviétiques et allemandes, « très abondantes et d'habitude véridiques ». Ensuite, il part sur le terrain avec des détecteurs de métaux pour repérer les fosses où sont enfouies les victimes. Ces fosses ne sont jamais ouvertes. Sauf une, à Busk, près de Lvov (1 760 victimes), où des fouilles archéologiques sont entreprises pour authentifier le travail du Père Desbois.
Et, surtout, il recueille des témoignages. Ces derniers sont enregistrés et filmés. Certains sont diffusés en boucle dans l'exposition , dont ils constituent le point fort. « Il y a un côté obscène dans la violence de ces récits qui ressurgissent plus d'un demi-siècle après les faits, explique le Père Desbois. Mais ils sont nécessaires pour ceux qui les racontent. Et pour nous. »
Autre point fort de l'exposition - et tout autant obscène -, les photographies des exécutions, d'habitude prises par les bourreaux. La plupart sont anonymes. Quelques-unes - en couleurs - sont l'oeuvre d'un photographe professionnel au service de la propagande de la Wehrmacht, Johannes Hähle. Les compositions « artistiques » de leur auteur sont particulièrement effroyables."


Pour compléter : 

 

Le Mémorial de la Shoah propose un dossier très complet. 

Le site du CNDP pour y télécharger la fiche pédagogique
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