Un des panneaux du monument aux morts de Saint Martin d’Estreaux (Loire)
Correction Devoir surveillé classe de 1ière S1
Document 1. Un des panneaux du monument aux morts de Saint Martin d’Estreaux (Loire)
Ce monument a été édifié à l’initiative de Pierre Monot, maire radical socialiste de la
commune en 1922. Il contient les noms des 64 poilus originaires de la commune disparus durant le conflit accompagnés d’une photographie. On peut
également y lire "Si vis pacem, para pacem", soit "si tu veux la paix, prépare la paix" et "Maudite soit la guerre et ses auteurs". Le monument n'a jamais été inauguré officiellement par l’autorité préfectorale, il fut en butte à des critiques féroces et a souffert de nombreux
actes de vandalisme dans les années 30 (attribués à l’Action Française).
(d’après un site de passionnés consacré aux monuments aux Morts :
http://moulindelangladure.typepad.fr/monumentsauxmortspacif/ )
1. Présentez le document en insistant sur le contexte. Qu’est-ce qui fait l’originalité de ce monument aux morts ?
Ce document source est une photographie d’un des panneaux du moment aux morts de la première mondiale de la commune de Saint Martin d’Estreaux ( Loire). Edifié dès le lendemain de la guerre (1922) et donc dans un contexte de reconstruction et de difficultés économiques par le maire radical social-socialiste, ce monument témoigne, tout d’abord, de la volonté de rendre hommage aux 64 poilus de la commune morts au combat. Il dénonce également, ce qui en fait son originalité, les absurdités de la guerre. Ce monument est un des rares monuments pacifistes du territoire français.
2. Quel bilan de la guerre dresse ce monument ?
Avec un ton très dénonciateur, le monument dresse un lourd bilan de la guerre :
- les pertes humaines: morts et déficit démographique («autant d’individus qui ne sont pas nés ») ; le bilan humain n’est pas limité à la France et prend en compte toutes les victimes de la guerre (vision très internationale liée aux convictions politiques du maire de la commune)
- les dégâts matériels (« pour d’innombrables milliards de destructions diverses ») et le coût de la reconstruction (« la formidable note à payer ») ;
- le traumatisme pour les mutilés, blessés, veuves et orphelins (« la vie atroce pour les déshérités »)
- l’injustice : les «profiteurs de guerre» ont fait des « fortunes scandaleuses », des innocents ont été exécutés (les mutins de 1917) alors que les « coupables » sont « aux honneurs » (les généraux responsables de la boucherie).
- le pacifisme
3. Que célèbre-t-on chaque année devant le monument aux morts ? A partir de quand cette cérémonie a été mise en place ? Qui en était à l’origine ? Pourquoi est-ce important à leurs yeux ?
Chaque année est célébrée le 11 novembre 1918, c’est à dire l’armistice (qui signifie la fin des combats). Cette date devient fête nationale à partir de 1922 grâce à l’action des associations d’Anciens Combattants qui constituent désormais un groupe de pression important. Ils jouent un rôle dans l'organisation du souvenir. Cette cérémonie présente à leurs yeux un double intérêt : elle permet de rendre hommage aux victimes du conflit (les noms des poilus morts au combat sont lus). C’est aussi l’occasion de rappeler les absurdités de la guerre et le refus de tout nouveau conflit. Cette cérémonie associe donc patriotisme et pacifisme.
4. Comment ce monument a-t-il été accueilli ? Pourquoi selon-vous ?
Ce monument a mal été accueilli : il n’a pas été officiellement inauguré (cela aurait discrédité le pouvoir) ; la France faisait parti des pays vainqueurs et les poilus étaient considérés comme des héros ; la France devait également assurer la reconstruction. Les Français devaient donc rester soudés par la victoire face aux difficultés du quotidien. Probablement qu’un tel manifeste, refusant toute glorification patriotique et dénonçant ouvertement les absurdités du conflit, a choqué les consciences : peut-on justifier tous ces sacrifices ?
5. Définissez ce qu’est l’Action Française. Quelle menace faisait-elle peser sur la France dans les années 30 ? Lors de quel évènement s’est-elle particulièrement
illustrée ?
L’action française est une ligue d’extrême droite, c’est à dire un mouvement politique antiparlementaire organisé de façon paramilitaire (uniformes, insignes).
Elle faisait peser sur la France, avec d’autres, une menace fasciste. Elle s’illustrera particulièrement lors de la crise du 6 févier 1934 où plusieurs ligues tentent de prendre l’Assemblée national d’assaut (à la suite d’une manifestation qui dégénère en émeute faisant 15 morts et 2 000 blessés).
6. Quelle a été la conséquence politique de cet évènement ?
La perception d’un danger fasciste révélé par les évènements du 6 février 1934 a pour effet de mobiliser et de rassembler les gauches divisées. Il s’agit de refaire l’unité pour défendre la République. Séparé depuis 1920 (1920 : congrès de Tours : scission de la SFIO qui donne naissance à deux partis distincts : la SFIO et le SFIC [PC]), les communistes s’allient aux socialistes durant l’été 1934. Les radicaux rejoignent les deux autres formations en juillet 1935 pour former une coalition électorale : le Rassemblement populaire ou encore appelé Front populaire. Cette coalition remporte les élections législative du mois de mai 1936.