Devoir commun 2nde : les émeutes de la faim à Haïti
Document 1. Haïti, une île des Caraïbes
|
Haïti |
France |
IDH |
0,529 |
0,952 |
PIB par habitant en parité de pouvoir d’achat (en dollar) |
1 835 |
30 693 |
Indice de fécondité |
4,94 |
2 |
Document 3. Les émeutiers de la faim mettent Haïti en ébullition
Les violences se sont poursuivies, hier, en Haïti pour la deuxième journée consécutive. Depuis le début des émeutes, il y a une semaine, au moins cinq personnes ont été tuées bar balle et une quarantaine blessées, selon des sources hospitalières. Les Casques bleus de l’ONU à Port-au-Prince sont intervenus avec des tirs de gaz lacrymogène, et ont même effectué des tirs de sommation près de la présidence haïtienne, selon des témoins. Toutes les activités étaient paralysées dans la capitale et de nombreux commerces ont été mis à sac par des manifestants armés de gourdins, certains portant des armes à feu.
Mardi, les émeutiers de la faim avaient déjà tenté de forcer les portes du palais, avant d’en être repoussés par les soldats de la Minustah (Mission de stabilisation de l’ONU en Haïti). Hier soir (heure de Paris), aucun bilan n’était disponible concernant ces nouvelles violences. (…)
Libération, 10 avril 2008
Les campagnes haïtiennes sont ruinées par la déforestation, l’érosion et la désertification. Autrefois largement exportateur de produits agricoles, Haïti doit aujourd’hui importer ses aliments. (…)
M. Jean-Baptiste Chavannes (1) s’inquiète pour l’agriculture de son pays, autosuffisant au plan alimentaire jusqu’en 1972. Il en appelle au sauvetage de l’environnement d’Haïti, déboisé à 98 % à cause de l’usage du charbon de bois comme combustible. (…)
Camille Chalmers, lui, s’emporte chaque fois qu’il aborde la question de la dépendance alimentaire d’Haïti. Le secrétaire exécutif de la Plate-forme haïtienne de plaidoyer pour un développement alternatif (PAPDA), un partenaire de l’ONG Alternatives, dénonce la déréglementation du marché et « les politiques brutales de libéralisation ayant sapé la capacité de l’agriculture nationale à nourrir la population ».
« Maintenant, nous importons de plus en plus de denrées des États-Unis et 58% de notre consommation alimentaire dépend des importations, même le sucre », s’indigne cet intellectuel de terrain, à la tête d’un réseau d’une dizaine d’organisations populaires.
« En 1995, le Fonds monétaire international (FMI) a contraint Haïti à faire passer ses taxes douanières sur le riz de 35 à 3 %, favorisant ainsi le dumping du riz américain », subventionné à 72%. Les 50 000 producteurs de riz haïtiens ont été mis à genoux, conclut M. Chalmers. (…)
En Haïti, la majorité des terres est dispersée en exploitations de petite dimension sur lesquelles travaillent des paysans sans titre de propriété. « Si vous risquez d’être chassé au bout de six mois, vous n’avez aucun intérêt à planter des arbres qui seront prêts dans six ans », remarque Camille Chalmers. « Sans sécurité foncière, les paysans ne sont pas motivés à investir. C’est pourquoi le mouvement social haïtien revendique une réforme agraire. »
En outre, souligne le porte-parole de la PAPDA, les plaines sont sous-peuplées, en Haïti, et les montagnes, surpeuplées. « C’est un héritage du XIXe siècle, dit-il. Les planteurs utilisaient les plaines pour les denrées d’exportation. Alors, l’agriculture vivrière a dû se réfugier sur des terres de moins bonne qualité ou dans les montagnes qui ne sont pas normalement cultivables. »
« À cause de la surpopulation dans les montagnes, les paysans arrachent les plants de café - une culture pourtant adaptée à la montagne - pour les remplacer par des cultures alimentaires, comme l’igname, la patate, le maïs. Ces plantations de cycle court sont très érosives (2), nous apprend M. Chalmers. Elles affectent la terre arable (3) qui part vers la mer. Les zones de pente devraient être des zones réservées de boisés. Ces terres s’appauvrissent et les bassins versants s’érodent. Alors, la dégradation des montagnes menace au surplus l’agriculture en plaine ! Chaque année, 15 millions de m3 de sol sont emportés à la mer », s’inquiète Camille Chalmers.
D’après Patrick ALLEYN, reportage publié sur le site de l’ONG canadienne Alternatives : http://www.alternatives.ca/, 27 janvier 2006
(1) Récipiendaire en 2005 du Prix de la Fondation Goldman pour l’environnement, Chavannes Jean-Baptiste a fondé le Mouvement Paysan de
Papaye (MPP), il y a 32 ans, pour enseigner l’agriculture durable dans les campagnes.
(2) Qui subit l’érosion
(3) terre pouvant être utilisée pour un usage agricole
Document 5. Une flambée des prix agricoles
Le baril de pétrole au sommet (112 dollars) précipite la ruée vers l’or vert. L’Union européenne veut incorporer 10% de biocarburants dans la consommation totale d’essence et de gazole d’ici à 2020. George Bush, lui, rêve de voir 15% des voitures rouler aux biocarburants d’ici à 2017. Même les pays en déficit alimentaire, comme l’Indonésie ou le Sénégal, s’y mettent, sacrifiant des terres arables. Un emballement qui «a accru la demande de produits alimentaires», dit Bob Zoellick, président la Banque mondiale. «Entre 20 et 50% de la production mondiale de maïs ou de colza ont ainsi été détournés de leur usage initial», note le FMI. Et le cours du maïs, utilisé pour l’éthanol, a doublé en deux ans. «Si l’on veut substituer 5 % de biocarburants à l’essence et au gazole, il faudra y consacrer 15 % de la superficie des terres cultivables européennes», calcule l’Agence internationale de l’énergie. (…)
Nourrir 60 milliards d’animaux à viande chaque année revient à produire autant de céréales que pour 4 milliards d’habitants. Rajendra Pachauri, prix Nobel de la Paix 2007, nous confiait: «Mangeons moins de viande, c’est bon pour le climat.»L’arrivée de néoconsommateurs des grands pays émergents complique les choses : «Ces classes moyennes consomment de plus en plus de poulet et de porc, eux-mêmes transformateurs de céréales», dit Pascal Lamy, patron de l’OMC. «Si les Chinois mangeaient autant de viande que les Américains, ils absorberaient 50 % des céréales mondiales», ajoute l’écologiste Lester Brown.
Inutile, pourtant, de verser dans le pessismisme. Les agronomes l’assurent : la planète peut doubler ses productions pour alimenter les 9 milliards de Terriens en 2050. «A condition d’investir, d’innover, de réguler, et réfléchir», souffle un diplomate africain. «Et c’est pas gagné»….
D’après Chirstian Losson , Libération, 14 avril 2008
Partie 1. Répondez aux questions suivantes
1. Localisez l’île d’ Haïti. A quel type de pays faut-il la rattacher ? Justifiez votre réponse (documents 1 et 2) (1,5)
Haïti est une île des Caraïbes située à l’Est des côtes du continent américain et de l’île de Cuba. Elle est délimitée à l’Est par la République dominicaine.
Ce pays peut être rattaché aux pays du Sud économique. En effet c’est un pays pauvre : son PIB est 16 fois moins importants que celui de la France). C’est un pays qui connaît des difficultés de développement (son IDH est faible : 0,5). Enfin ce pays connaît un indice de fécondité important (4,94 enfants par femme en âge de procréer). Sa transition démographique n’est donc pas achevée et sa population augmente.
2. Faites le récit des évènements qui ont eu lieu en avril dernier à Haïti. Quelle est le bilan des ces évènements ? (document 3) (1,5)
Haïti a été confronté à des émeutes de la faim : des manifestants dénoncent les pénuries alimentaires (sous alimentation : 1 700 calories par jour et par habitant) et se sont affrontés aux forces de l’ordre. Le bilan lourd ; il est à la fois humain (5 morts et une quarantaine de blessés) et matériel (une ville mises à sac).
3. Quelle est la situation alimentaire de ce pays ? Comment a-t-elle évolué ces quarante dernières années (document 4) (1)
Haïti se trouve dans une situation de dépendance alimentaire. Le pays n’est plus autosuffisant depuis les années 70. Le pays est désormais contraint d’importer ses aliments de l’étranger.
4. Quels types d’agriculture sont pratiqués dans ce pays. Quels problèmes internes expliquent les faibles performances de l’agriculture à Haïti (document 4) (2)
Deux types d’agricultures sont pratiqués
- une agriculture vivrière (igname, maïs, patate)
- une agriculture commerciale : plantations de café, canne à sucre…destinées à l’exportation
L’agriculture haïtienne présente de faible performance en raison de nombreux facteurs internes.
Des facteurs écologiques : Le déboisement des montagnes provoqué par la surpopulation a entraîné l’érosion des sols et la disparition de nombreuses terres arables
Des facteurs sociaux : la majorité des terres est dispersée en exploitations de petite dimension sur lesquelles travaillent des paysans dans une situation précaire (sans titre de propriété). « Sans sécurité foncière, les paysans ne sont pas motivés à investir ».
5. A partir des documents 4 et 5, identifiez les facteurs externes qui permettent d’expliquer les émeutes de la faim (2)
les émeutes de la faim sont également liés à des facteurs externes
- les politiques du FMI : le FMI a imposé une baisse des taxes douanières à Haïti, favorisant ainsi le riz américain largement subventionné (le riz importé des Etats-Unis coûtent moins cher que le riz produit sur place)
- le développement des biocarburants a détourné des marchés alimentaires une partie de la production de céréales, contribuant à la pénurie et l’augmentation des prix.
- les changements de régimes alimentaires de certains pays contribuent aussi la pénurie et l’augmentation des prix : l’augmentation des besoins en viande se traduit par le développement de terres consacrées à l’élevage et par l’alimentation des troupeaux en produits céréaliers
Partie 2. A partir du travail réalisé et de vos connaissances, rédigez une réponse argumentée qui traite le sujet suivant : « les émeutes de la faim à
Haïti »
Problématique : comment expliquer les évènements survenus à Haïti en avril dernier ?
1. le récit des évènements
2. Le bilan provisoire
1. un pays du Sud confronté à une hausse démographique et qui n’est plus autosuffisant
2. un pays où l’agriculture souffre de contraintes écologiques
3. un pays qui souffre de l’absence de réforme agraire
1. La politique du FMI
2. La crise de l’or noir et ses conséquences sur les marchés agricoles
3. L’augmentation croissante de la consommation en viande et ses conséquences sur le marché des céréales