La Grande Vadrouille, une vision édulcorée de l'occupation
Résumé de l’intrigue :
En 1942, un avion anglais est abattu par les Allemands au-dessus de Paris. Les trois pilotes sautent en parachute et atterrissent dans différents endroits de la capitale. Ils sont aidés par deux
civils français, un chef d'orchestre et un peintre en bâtiment qui acceptent de les mener en zone libre; ils deviennent ainsi, malgré eux, acteurs de la Résistance.
(source : allocine.fr)
Quelle image de la France occupée nous livre La Grande Vadrouille ?
Qui ne s’est pas délecté devant les aventures de Louis de Funès (Stanislas Lefort, chef d'orchestre) et Bourvil (Augustin Bouvet, peintre en bâtiment) dans La Grande Vadrouille ? Enorme succès populaire avec 17 millions de spectateurs, le film est sorti sur
les écrans en 1966. La France est alors dans cette période d’euphorie économique que sont les trente glorieuses. Elle a encore beaucoup de mal a regardé en face un passé qui ne passe pas.
Le mythe d’une France résistante est largement admis. C’est emprunt de cette bonne conscience, que Gérard Oury réalise la Grande Vadrouille. De plus, sur le plan extérieur, la politique
diplomatique de la France est une politique de réconciliation avec l’Allemagne. La construction européenne est en marche.
Les conditions de l’occupation et les difficultés du quotidien sont à peine évoquées. A la vision du film, ces années sombres ne semblent pas avoir été aussi difficiles. On en oublierait presque
l’application de la législation allemande en zone occupée (notamment pour les juifs). Le film nous présente au contraire une France où les résistants sont légions. Après quelques hésitations, les
deux héros acceptent d’aider des soldats anglais égarés dans un Paris occupé à passer en zone libre. Ce mythe est d’ailleurs né dès la Libération. On peut se reporter au célèbre discours de De
Gaulle lors de la libération de Paris (discours de l’hôtel de ville, 25 août
1944) .
La zone dite libre est appréhendée comme un espace de liberté. Là aussi le film oublie la politique de collaboration dans laquelle le régime de Vichy s’est lancé dès octobre 1940, se faisant ainsi le relais de l’Allemagne nazie. L’image des Allemands n’est pas non plus très négative. Ils apparaissent même comme de bons vivants.
Pour en savoir plus :
1. Sur la toile :
Le site d’Allociné avec la fiche complète du film.
Le site de Wikipedia consacre un article à la grande vadrouille.
Le site belge cinetic propose sa lecture du film.
2. Des lectures rapides :
Pierre Laborie, Les Français sous Vichy et l’occupation, Les essentiels Milan, 2003
Henry Rousso, Le régime de Vichy , collection Que sais-je ? , PUF, 2007