Travailler la chronologie de la Révolution française
article réédité (première publication : 7 mars 2009)
II . Le cadre chronologique (1789 – 1799)
Pourquoi le roi décide-t-il de fuir Paris avec sa famille le 21 juin 1791 ? En quoi cet évènement constitue un tournant dans l’histoire de la Révolution française ?
Le cours sur la Révolution française reste un moment difficile. Dégager
les grands repères chronologiques, le moments forts dans la multitude des faits sans perdre le sens des évènements pose de réelles difficultés. Cette année, j'ai tenté de définir le cadre chronologique de la Révolution française en axant la réflexion sur un moment-clef : la fuite du roi à Varennes.
Vous pouvez télécharger la fiche d'exercice en cliquant ici. Vous trouverez ci-dessous les documents complémentaires pour pouvoir réaliser le travail.
Le mardi 21 juin 1791, vers sept heure et demi du matin, le valet de chambre du roi, Lemoine, découvre que le lit de son maître est vide. Tout de suite il pense qu’il s’agit d’une fuite : des bruits précurseurs ne couraient-ils pas depuis un certain temps ? Les Tuileries entrent dans une folle agitation, d’autant qu’on découvre tout à tour la disparition de la reine et de ses enfants, celle de Madame Elisabeth, sœur du roi, celle du comte de Provence et de sa femme : c’était toute la famille envolée !
La nouvelle brûle les parquets du château puis le pavé des rues : en quelques heures tout Paris apprend l’incroyable nouvelle. (…).
Les agressions qui touchent directement la famille royale achèvent de convaincre Louis de la nécessité de partir. (…). Depuis longtemps, le roi et la reine attendaient leur salut des puissances extérieures, à commencer par l’aide de la cour de Vienne, avec laquelle Marie-Antoinette restait en liaison. Mais les cours étrangères ne bougeaient pas ; elles n’étaient pas suffisamment unies pour cela, et elles avaient un bon prétexte pour ne rien faire : leur intervention dans les affaires françaises eût risqué de mettre en danger les personnes physiques de la famille royale.
Devant cet immobilisme, Louis XVI et Marie-Antoinette s’avisèrent qu’en fuyant de Paris ils mettraient les puissances au pied du mur. En octobre 1790, le roi avait confié son dessein au Baron de Breteuil, émigré en Suisse, pour qu’il informât les puissances amies et chargeât Bouillé de la responsabilité militaire d’une opération visant à le mettre à l’abri, lui et sa famille, dans une place forte de la frontière (1).
C’est (…) à Sainte-Menehould (…) que le roi fut reconnu par le maître de poste Drouet. Mme de Tourzel (2) raconte ainsi la scène :
« Le malheur voulut que l’infâme Drouet […], patriote enragé, se trouvât en ce moment à la porte, et qu’ayant la curiosité de regarder dans la voiture, il crut reconnaître le roi et sen assura positivement en comparant la figure de ce prince avec un assignat qu’il avait dans sa poche. Ce malheureux prit un cheval, suivit la voiture du roi jusqu’à Clermont, et ayant entendu dire qu’il allait à Varennes, il jugeai qu’il serait facile de le faire arrêter en prenant les devants, et en avertissant les autorités et les habitants sur lesquels il pouvait compter du passage de Sa Majesté. »
Michel Winock, Varennes : le roi s’enfuit, Les collections de l’Histoire n°25, octobre-décembre 2004
(1) La fuite devait se terminer à Montmédy, une place forte de la Meuse jadis fortifiée par Vauban et proche à la fois du Luxembourg et des Pays Bas
(2) gouvernante des enfants de Louis XVI
Document 2. « Retour de Varennes. Arrivée de Louis XVI à Paris, le 25 juin 1791 », tableau de Jean Duplessi-Bertaux ,
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Document 3. "la famille des cochons ramenée à l'étable", anonyme, 1791
Document 4. La fusillade du champs de mars le 17 juillet 1791, gravure de Prieur, musée Carnavalet, Paris
Document 5. Le duc de Brunswick, Commandant en chef des armées autrichiennes et prussiennes, menace la France révolutionnaire
1° Qu'entraînés dans la guerre présente par des circonstances irrésistibles, les deux cours alliées ne se proposent d'autre but que le bonheur de la France, sans prétendre s'enrichir par des conquêtes
8° La ville de Paris et tous ses habitants sans distinction seront tenus de se soumettre sur-le-champ et sans délai au roi, de mettre ce prince en pleine et entière liberté, et de lui assurer, ainsi qu'à toutes les personnes royales, l'inviolabilité et le respect auxquels le droit de la nature et des gens oblige les sujets envers les souverains ; leurs Majestés impériale et royale rendant personnellement responsables de tous les événements, sur leur tête, pour être jugés militairement, sans espoir de pardon, tous les membres de l'Assemblée nationale, du département, du district, de la municipalité et de la garde nationale de Paris, les juges de paix et tous autres qu'il appartiendra, déclarant en outre, leursdites majestés, sur leur foi et parole d'empereur et de roi, que si le château des Tuileries est forcé ou insulté, que s'il est fait la moindre violence, le moindre outrage à leurs Majestés, le roi, la reine et la famille royale, s'il n'est pas pourvu immédiatement à leur sûreté, à leur conservation et à leur liberté, elles en tireront une vengeance exemplaire et à jamais mémorable, en livrant la ville de Paris à une exécution militaire et à une subversion totale, et les révoltés coupables d'attentats aux supplices qu'ils auront mérités. Leurs Majestés impériale et royale promettent au contraire aux habitants de la ville de Paris d'employer leurs bons offices auprès de sa majesté très chrétienne pour obtenir le pardon de leurs torts et de leurs erreurs, et de prendre les mesures les plus rigoureuses pour assurer leurs personnes et leurs biens s'ils obéissent promptement et exactement à l'injonction ci-dessus. (...).
Donné au quartier-général de Coblentz, le 25 juillet 1792.