Correction Bac Blanc du mois d'avril 2009
Vous trouverez ci-dessous la correction des deux sujets proposés en épreuve majeure
(pour accéder au sujet , cliquez ici)
Sujet 1. Composition
Le Tiers monde : indépendances, contestation de l'ordre mondial, diversification (1945 - fin des années 80)
A. Analyse du sujet
Délimitation thématique : le sujet est centré sur le Tiers monde. Cette expression est née sous la plume du démographe français Alfred Sauvy. Elle désigne les pays pauvres, pour la plupart nés de la décolonisation qui n'appartiennent à aucun des deux blocs. Cette référence au Tiers Etat et à 1789 souligne que leur misère et leur dépendance créent une situation révolutionnaire.
Le sujet porte en lui le plan du devoir
Indépendances : il s'agira de revenir sur les processus conduisant aux indépendances (causes, formes d'accès à l'indépendance). La chronologie fournit quelques exemples d'accès à l'indépendance (par la négociation ou par la force)
Contestation de l'ordre mondial : il s'agira de voir quelles positions adoptent les nouveaux pays indépendants et formant le Tiers monde face à la logique bipolaire ; la chronologie nous livre également quelques pistes avec les différences conférences internationales et la stratégie du non alignement, les tentatives d'organisation pour essayer de peser sur l'ordre économique mondial et proposer des alternatives.
Diversification : il s'agira de montrer l'absence d'unité du Tiers monde et l'accroissement des inégalités avec le choc pétrolier. On montrera aussi l'échec de la stratégie du non alignement et l'apparition de conflit qui échappe à la logique bipolaire.
Délimitation chronologique : 1945 correspond à la fin de la seconde guerre mondiale, période qui se caractérise par l'affaiblissement des grandes puissances coloniales et le
début du processus de décolonisation (voir chronologie : proclamation de l'indépendance du Vietnam) et reconnaissance internationale du
droit des peuples à disposer d'eux-mêmes (voir chronologie : charte des Nations Unies)
Fin des années 80 : effondrement du bloc soviétique et donc disparition de la logique bipolaire.
Délimitation spatiale : on raisonne ici à l'échelle mondiale (Tiers-Monde, ordre mondial)
Problématique : L'accès aux indépendances permet-il de modifier l'ordre mondial ?
1. Un contexte favorable au processus de décolonisation
a. les facteurs internes (des métropoles affaiblies dont l'image est ternie, dévalorisée, des colonies qui ont participé à l'effort de guerre)
b. les facteurs externes (création de l'ONU et soutien des pays nouvellement indépendants, rôle joué par les Deux Grands, rôle)
2. Des processus différents pour accéder à l'indépendance
a. Les indépendances octroyées (accordées sans lutte)
b. Les indépendances concédées (accordées suite à une opposition politique, accompagnée parfois de guérilla)
c. Les indépendances arrachées (accordées après une guerre de décolonisation)
1. La volonté de jouer un rôle dans les relations internationales
a. La conférence de Bandung
b. la conférence de Belgrade
2. la volonté de peser dans l'économie mondiale (CNUCED, OPEP)
a. Des pays confrontés à de multiples difficultés de développement
b. la volonté de créer un nouvel ordre économique international
III. L'impossible unité
1. Des pays qui n'échappent pas à la logique bipolaire : l'échec du mouvement des non-alignés
a. Les pays du Tiers monde : au cœur des conflits de guerre froide (Vietnam)
b. les pays basculant sous l'ère d'influence américaine (Chili)
c. les pays basculant sous l'ère d'influence soviétique (Cuba)
2. La diversification économique des pays du Tiers monde
La guerre froide de 1947 aux années 1970 : « paix impossible, guerre improbable »
Ce travail d'analyse ne doit pas apparaître sur la copie mais permet de mieux appréhender le travail demandé. Il peut simplement se traduire par une rapide prise de note sur le dossier
documentaire lui-même (vous pouvez écrire sur les documents, les surligner !!!!)
Le sujet nous invite à réfléchir sur ce qu'est la guerre froide en associant le terme à l'expression de Raymond Aron « paix impossible et guerre improbable ». En effet L'expression « guerre froide » est née sous la plume du financier Bernard Baruch puis popularisé par les médias (début 1947). Elle caractérise les rapports (conflictuels) Est-Ouest entre des acteurs du jeu international (paix impossible ). L'objectif est d'assurer leur domination ou leur sécurité par l'emploi de tous les moyens dont ils disposent à l'exception de l'affrontement direct et généralisé en raison de la dissuasion nucléaire (guerre improbable)
Le sujet est centrée sur une période chronologique allant de 1947 aux années 70. 1947 est considéré comme le début de la guerre froide même si les tensions entre les deux Grands vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale se sont fait jour dès 1945. Le non respect des accords de Yalta par l'URSS, le discours de Churchill à Fulton en 1946 annonçait la rupture de 1947. Par son discours au Congrès, le président Truman définit les axes de la politique étrangère américaine pour les décennies à venir. Quand aux années 70 elles marquent la fin d'une période de détente amorcée au lendemain de la crise de Cuba de 1962.
L'ensemble documentaire est constitué de 4 documents sources (même si le document 1 est une analyse rétrospective par un témoin direct) classés de manière chronologie et d'un document d'interprétation.
Ce document n'est pas exactement un document source. L'ancien président des Etats-Unis Truman publie en 1956 ces mémoires. Il revient dans l'extrait proposé sur un célèbre discours prononcé devant le Congrès américain en mars 1947. Le monde sort meurtri de la seconde guerre mondiale et les Etats-Unis comme de nombreux pays sont confronté à la poussée communiste (En Europe et en Asie), l'URSS ne respectant pas les accords de Yalta. Truman va donc devoir convaincre le Congrès américain de la nécessité pour les Etats-Unis de rompre avec une vieille tradition isolationniste et de s'investir dans les affaires du monde.
Ce document est un affiche de propagande diffusé par le parti communiste français au début des années 50, c'est-à-dire dans une période considéré comme la période de paroxysme de la guerre froide. La guerre froide est avant aussi une guerre de propagande qui consiste à diaboliser l'autre, l'adversaire.
Ce document est un extrait du compte rendu du XX° Congrès du PCUS de 1956. Mort en 1953 Staline est remplacé à la tête de l'URSS par Khrouchtchev. C'est au cours de ce congrès qu' il en dénonce les crimes de son prédécesseur (déstalinisation) et qu'il définit une nouvelle politique extérieure : la coexistence pacifique
Document 4. Discours télévisé du président Kennedy.
Ce document est le discours télévisé par le président des Etats-Unis Kennedy lors de la crise de Cuba. Les avions américains ont détectés sur l'île de Cuba des préparatifs militaires (la constitution par les Soviétiques de rampes de lancement de missiles nucléaires susceptibles de menacer directement les Etats-Unis). Khrouchtchev semble donc ici revenir sur les bonnes intentions définies lors du XX° Congrès du PCUS. Les Etats-Unis souhaitent mettre un terme à cette menace nucléaire.
Spécialiste français des relations internationales, Pierre Hassner, nous livre dans une revue de défense nationale cet extrait une analyse de l'équilibre de la Terreur c'est-à-dire le rôle joué par dissuasion nucléaire dans les relations internationales.
Analysez l'ensemble documentaire en répondant aux questions suivantes :
1. Identifiez les deux systèmes que Truman oppose dans son discours (document 1)
Truman oppose ici le système soviétique et le système américain. Le modèle américain est celui de la démocratie libérale (institutions libres, un gouvernement représentatif, des élections libres, des garanties assurant la liberté individuelle, la liberté de parole et de religion, et l'absence de toute oppression politique).
Le modèle soviétique d'inspiration marxiste-léniniste est présenté comme un modèle totalitaire ne respectant pas les valeurs démocratiques qui tente de se diffuser par la force, profitant de la pauvreté pour étendre leur influence.
Il place les deux systèmes idéologiques en concurrence, les Etats-Unis devant aider les peuples à rester dans le camp de la liberté
2. Comment chaque camp cherche-t-il à se renforcer, de 1947 au début des années 1960 (documents 2, 4 et 5) ?
chaque camp essaie d'étendre son influence par tous les moyens dont ils disposent à l'exception de l'affrontement militaire directe. Il peut recourir à la propagande. Celle-ci diabolise l'ennemi. Dans l'affiche 2, les Etats-Unis sont présentés comme les agresseurs et comme les responsables du désordre international. L'URSS apparaît comme une force pacifique, développement uniquement un système défensif.
Les deux camps se livrent à une véritable course à l'armement et essaie de renforcer son arsenal nucléaire (en augmentant la capacité militaire et en déployant l'arsenal dans un maximum de zones).
chaque essaie aussi d'accroître le nombre d'alliés au sein de leur camp (Cuba, qui rejoint le camp soviétique, offre à l'URSS une tête de pont sur le continent américain)
Chaque camp surveille l'autre. L'espionnage permet d'anticiper le comportement de l'adversaire : ainsi les avions espions américains ont-il pu identifier rapidement la stratégie militaire soviétique à Cuba.
3. Pourquoi un affrontement direct entre les deux Grands est-il improbable (document 5) ? Montrez que la guerre froide peut apparaître comme un ordre mondial.
La dissuasion nucléaire empêche tout affrontement militaire car il conduirait à l'anéantissement des deux belligérants : l'affrontement direct est donc improbable : c'est l'équilibre de la terreur. Ainsi comme le souligne Pierre Hassner l'équilibre de la terreur favorise le statu quo : elle est un élément de blocage. En effet si elle empêche tout recours à l'affrontement militaire, la tension qu'elle suppose empêche tout règlement politique, toute évolution possible. Elle renforce les positions acquises par chacun des deux camps. L'ordre mondial est figé par l'équilibre de la terreur : si la guerre est improbable, toute évolution politique en dehors de la logique bipolaire semble impossible.
Cette situation se traduit par une quête effrénée pour maintenir son potentiel nucléaire performant et aussi par le risque de prolifération nucléaire.
4. Dans ce contexte, en quoi le discours de Kennedy révèle-t-il une crise grave de la guerre froide (documents 4 et 5)
Ce discours est révélateur d'une grave crise car « le monde est au bord du gouffre ». En menaçant directement le territoire américain, les soviétiques risques de transgresser les règles de guerre froide à l'origine de cet ordre mondial : on craint un affrontement direct (nucléaire) et généralisé qui entraînerait le monde à sa perte. En effet, comme l'indique Kennedy dans ce discours télévisé, toute attaque soviétique « contre l'une quelconque des nations de l'hémisphère occidental, sera considérée comme l'équivalent d'une attaque soviétique contre les Etats-Unis ». Elle entraînerait une riposte (représailles massives) contre l'URSS.
5. Comment Khrouchtchev définit-il la « coexistence pacifique » ? Pourquoi ne met-elle pas fin à la guerre froide (documents 3 et 4)
Pour Khrouchtchev la coexistence pacifique consiste à essayer d'améliorer les relations avec les Etats-Unis et leurs alliés. Elle se veut comme un politique d'apaisement.
Néanmoins l'URSS ne renonce pas à maintenir (avec les pays qui ont déjà intégrer le bloc soviétique) ou étendre son influence dans le monde (avec les pays nouvellement indépendants)
La coexistence pacifique privilégie donc l'affrontement idéologique, économique plutôt que l'affrontement militaire.
À l'aide des réponses aux questions, des informations extraites des documents et de ses connaissances, le candidat rédigera une réponse organisée au sujet :
I. Une paix impossible
1. Une opposition idéologique : deux modèles face à face et irréconciliables (doctrine Truman et Jdanov)
2. La constitution des blocs : le renforcement des zones d'influences
3. Une course à l'armement nucléaire qui peut créer des crises (Cuba)
II. Une guerre improbable
1. L'équilibre de la terreur écarte le risque d'affrontement direct et généralisé
2. la coexistence pacifique puis la détente : le refus de l'affrontement et le respect de la zone d'influence de l'autre
3. Une opposition essentiellement culturelle (propagande), sportive, technologique (course à l'espace, espionnage)