Pistes de correction du bac Histoire-Géographie 2009 (majeure géographie série S)
L'épreuve d'histoire-géographie s'est déroulée ce matin. Je vous propose une lecture personnelle des sujets.
Les sujets proposés sont des sujets très larges et conformes à l'esprit de l'épreuve. Les candidats ne peuvent pas être surpris par leur libellé.
Il ne s'agit pas d'une correction mais d'éléments de
réflexion. Je ne vous propose donc pas de plans type mais des pistes possibles. Ainsi les réponses sont inégalement développées (parfois de manière approfondie,
parfois de manière superficielle).
Je ne peux pas préjuger à l'avance des exigences qui seront retenues par les différentes commissions et transmises aux correcteurs.
Sujet I. La façade atlantique des Etats-Unis
L'introduction devra définir la notion de façade
I. Une façade ancienne mais toujours très active
1. une façade précocement mise en valeur
a. une façade aux atouts multiples
b. un poids démographique et économique considérable
c. les premiers espaces de l'industrialisation et de l'urbanisation
2. Une façade toujours très active
a. un centre d'impulsion de l'espace mondial
b. une façade qui continue de participer à l'ouverture au monde des Etats-Unis
II. Une façade que l'on peut diviser en trois sous-ensembles
1. Les ports du Golfe du Mexique
2. La Floride et le Sud-Est américain
3. La façade du Nord-est
a. New York, une ville mondiale
b. La Mégalopolis
c. Les Grands Lacs et le Saint Laurent
Conclusion : la façade atlantique, un condensé de l'Amérique du Nord
Sujet II. L'Asie orientale : une aire de puissance en expansion
Il d'agira de définir en introduction la notion d'aire de puissance de rappeler les pays étudiés au programme.
I. Une aire de puissance originale
1. L'aire de puissance asiatique est constituée d'un espace discontinu
2. Une aire de puissance fortement peuplée : un poids démographique, force ou faiblesse ?
3. Une aire de puissance diversifiée, éclatée.
II. Les caractères communs de l'aire de puissance de l'Asie Orientale
1. Une croissance économique spectaculaire à partir des années 60
2. Une industrie puissante et diversifiée : un élément majeur de la réussite mondiale
3. Des relations intenses et multiples à l'échelle mondiale
III. L'Asie Orientale, une aire en expansion ?
1. La diffusion de la croissance dans le temps et dans l'espace
2. Des économies hiérarchisées et complémentaires
a. A l'échelle du continent asiatique
b. A l'échelle d'un territoire : les triangles de croissance
3. Une intégration régionale encore imparfaite
IV. Les espaces de la puissance en Asie orientale
1. Une aire de puissance multipolaire
2. Un espace littoral structuré et urbanisé.
Sujet III. L'espace mondial : une inégale intégration dans la mondialisation
Analyse du sujet :
Le sujet s'articule autour de trois notions : Espace mondial - intégration - mondialisation.
La mondialisation est un processus (c'est-à-dire un phénomène qui en court). Ce processus est celui de l'extension du système capitaliste à tous les pays du monde. Cette mondialisation se manifeste par une généralisation des échanges. Ainsi la mondialisation place, à toutes les échelles des espaces, des acteurs en interrelation. Cette intégration au processus reste cependant inégale.
Ainsi, logiquement, le sujet définit clairement l'organisation de cet espace mondial résultant de ce processus : l'espace mondial n'est pas forcément le monde. Il est l'espace qui résulte de l'organisation des grands réseaux d'échanges. L'inégale intégration des territoires dans le processus de mondialisation aboutit à la mise en place d'un espace mondial asymétrique avec ses espaces moteurs (dominants) et ses périphéries : les centres d'impulsion focalisent l'essentiel de la vitalité économique mondiale et les différents espaces périphériques. Ainsi, comme le signale le géographe Laurent Carroué, la mondialisation n'est pas mondiale.
L'ensemble documentaire se compose de 4 cartes à différentes échelles (deux
planisphères, une carte à l'échelle continentale, une carte à l'échelle d'un Etat) et d'un texte relatif à un continent (l'Afrique).
Première partie
Analysez l'ensemble documentaire en répondant aux questions suivantes
1. Quels aspects de la mondialisation apparaissent dans les documents 1, 2 et 4
La carte 1 est un planisphère nous montrant à l'échelle mondiale l'organisation du commerce mondial et des grands réseaux d'échanges. Elle met en évidence le rôle prépondérant de la triade, des trois centres d'impulsion : l'Europe, l'Asie Orientale et l'Amérique du nord. Cette carte souligne l'importance des échanges entre ces trois zones : la mondialisation se manifeste avant tout par des échanges entre pôles de la Triade ; les autres territoires n'interviennent que très peu dans le commerce mondial. De plus leurs échanges sont orientés en direction des pôles : ils n'échangent pas entre eux. Les pôles organisent dont les échanges mondiaux et dominent les autres territoires (périphéries).
On constate également l'importance, au sein de ces pôles, du commerce intrazone (surtout pour l'Europe et l'Asie). La proximité géographique, la complémentarité des territoires et la constitution d'organisations régionales favorisent cette logique. On constate que les périphéries sont dans une logique très extravertie à petite échelle : la part des échanges intrazones reste mimine .
Enfin la carte fait apparaître les pays membres de l'OMC. Cette organisation mondiale du commerce favorise la constitution d'une économie monde par l'abaissement des barrières douanières et la fin des monopoles d'Etat (ouverture des marchés). On lui reproche de favoriser les pays riches.
La mondialisation n'est donc pas mondiale : l'espace qui en résulte est asymétrique.
La stratégie de Nike est révélatrice de cette organisation : des fonctions de commandements concentrés dans les pôles et des fonctions de production dans les pays ateliers (périphéries intégrées). Cet espace asymétrique est interdépendant (division internationale du travail). L'Afrique subsaharienne est exclut de la stratégie de Nike (elle n'est ni un lieu de production, ni un lieu de consommation).
La carte 4 met en évidence la logique de littoralisation (et de métropolisation [pas assez soulignée par l'ensemble documentaire]). On retrouve à l'échelle de la Chine cette dichotomie centre-périphérie ou espace intégré/marge
2. D'après le document 2, quelles sont les stratégies de l'entreprise Nike dans l'espace mondial ?
La carte 2 nous présente la stratégie d'une firme transnationale (FTN). Elle met en évidence la stratégie de segmentation géographique (dissociation spatiale de la production et de la gestion), fonctionnelle (production, gestion, recherche : division internationale du travail) et sociale (ouvriers/cadres/ingénieurs) de Nike. En effet, Nike tire profit de la potentialité de chaque territoire pour rester compétitif. Elle fait partie de ces firmes sans usine : la production est sous traitée dans des pays à faible coût de main d'œuvre (ce qui lui laisse une certaine flexibilité pour s'adapter aux fluctuations du marché). Ainsi l'Asie Orientale est l'atelier de la firme Nike : C'est ici que sont concentre la fonction de production (donc les usines). Accessoirement d'autres territoires, en raison de leur proximité géographique peuvent aussi être des lieux de production (pays méditerranéens, Amérique latine et plus particulièrement le Mexique avec la mise en place de l'Alena et le système des maquiladoras). Pour faire face aux critiques de la clientèle américaine, Nike a également installé sa production aux Etats-Unis et peut ainsi de vanter de produire américain.
Le siège social de la firme se trouve à Beaverton mais son action est relayée à l'échelle continentale par des centres de coordination et de gestion (1 au sein de chaque pôle). La fonction de commandement (stratégie commerciale, marketing, élaboration des nouveaux modèles) se concentre donc dans les pôles. Enfin les marchés sont concentrés dans les pôles : nous sommes donc dans une logique centre-périphérie : les pays ateliers produisent pour les pays riches du Nord.
3. En quoi les documents 3 et 4 montrent-ils l'inégale intégration de l'Asie orientale dans la mondialisation ?
La carte 3 nous propose une réflexion à une autre échelle : celle d'une aire de puissance en expansion, l'Asie Orientale.
Elle nous montre la rapide croissance de ces territoires (et plus particulièrement la Chine). Le choix d'une économie extravertie, presque exclusivement tournée vers les exportations est le moteur de cette croissance. Les pays ateliers sont ceux qui connaissent des taux de croissance moyen annuel du PIB les plus rapides. On constate également l'importance du commerce intrazone et la complémentarité des territoires : la proximité géographique de territoires aux degrés de développement différenciés favorisent l'intégration progressive dans l'espace mondial.
Ainsi, une hiérarchie se dessine : Les anciens NPIA, le Japon, la Chine sont les puissances commerciales (pôles de croissance) mais les nouveaux pays ateliers (les bébés tigres) connaissent des taux de croissance rapides : ces pays intègrent l'espace mondial et sont aussi le lieu des investissements (japonais, NPIA, européens, américains, voir même chinois)
La carte 4 permet également de changer d'échelle. Nous sommes désormais à l'échelle d'un territoire : la Chine (l'atelier du monde). Cette carte met en évidence les choix de localisation des grands distributeurs. La localisation est avant tout littorale : les hypermarchés se localisent là où sont les consommateurs potentiels (pas forcément en nombre mais en capacité de pouvoirs d'achat). C'est là où se trouve l'activité économique (industrielle) que se trouvent les consommateurs potentiels. L'intérieur de la Chine, plus rurale, plus pauvre, se trouve à l'écart de la mondialisation elle constitue une marge intérieure. Toutefois, la mise en service du barrage des Trois Gorges rend désormais navigable le Yangzi et relie une partie de la Chine intérieure au littorale. L'installation des hypermarchés le long de cet axe met ainsi en évidence l'intégration d'une partie de la Chine intérieure à la l'espace mondial.
4. Expliquez en quoi le document 5 confirme mais nuance les documents 1 et 2.
Le dernier document est un extrait d'un ouvrage scientifique, l'Afrique dans la mondialisation de Sylvie Brunel. Elle y aborde le cas d'un continent : l'Afrique. L'auteur nous rappelle que si la part de l'Afrique attire de moins en moins les investisseurs étranges, elle n'est pas pour autant en dehors de la mondialisation.
C'est un continent qui dispose de nombreuses ressources pétrolières et minières. Mais c'est un continent pillé dont l'exploitation profite aux grandes entreprises internationales et aux autorités politiques en place (corrompus) et non aux populations. L'Afrique est donc une périphérie exploitée, voir une marge.
L'Afrique est aussi le lieu de la mondialisation sauvage : l'absence de régulation, d'autorité étatique suffisamment forte favorise tous les trafics. Optimiste, l'auteur souligne l'enjeu économique que constitue(ra) l'Afrique et la régulation progressive qui s'y met en place. Les grands organismes internationaux (OMC, FMI) tentent d'imposer des règles de « bonne » gouvernance aux pays africains. La Chine est désormais le lieu de toutes les compétitions. Les anciennes puissances coloniales sont désormais concurrencées, voir supplantées par les Etats-Unis et la Chine.
Deuxième partie
A l'aide des réponses aux questions, des informations contenues dans les documents et de ses connaissances personnelles, le candidat rédigera une réponse organisée au sujet : L'espace mondial : une inégale intégration dans la mondialisation
I. Un espace mondial interdépendant
1. La stratégie des FTN : la fragmentation géographique, fonctionnelle et sociale
2. L'organisation des grands réseaux d'échanges (une inégale intégration dans la mondialisation)
II. Un espace mondial hiérarchisé et asymétrique
1. Un espace mondial dominé par la Triade (pôles, métropoles)
2. Des périphéries inégalement intégrées
3. Des marges en cours d'intégration (l'Afrique)
III. La constitution des façades maritimes
1. La concentration des activités des hommes dans les métropoles (métropolisation)
2. L'essor du phénomène de littoralisation
Conclusion : De l'inégale intégration à la mondialisation résulte une nouvelle organisation spatiale du monde à la fois interdépendante, hiérarchisée et asymétrique