Le devoir surveillé du mercredi 04 octobre était un exercice de préparation à l'épreuve courte : "étude d'un document"
Epreuve mineure histoire
Etude d’un document
document 1. Le choc des cultures
En 1931, un jeune géographe, Jacques Weulersse, traverse l'Afrique. À Élisabethville, au Congo belge, il s'entretient avec l'évêque.
Je conçois votre admiration, me dit-il après quelques instants de conversation. Oui nous avons accompli une oeuvre admirable, admirable et terrible. Ici, comme partout dans le monde contemporain, plus que partout ailleurs sans doute, la puissance de nos moyens d'actions l'emporte sur le sens de nos responsabilités. La création soudaine d'une gigantesque industrie dans un pays reculé, peuplé de primitifs, pose d'angoissants problèmes. La question de la main d'oeuvre prime toutes les autres ; pour que les usines grandissent, pour que les rails s'allongent dans la brousse ou la forêt, pour que les capitaux engagés rapportent, il faut à tout prix du travail noir, et chaque jour davantage.
Mais le recrutement intense -vous l'avez vu se développer le long de toutes les pistes- dissocie la vie indigène; les villages se désagrègent, les antiques coutumes périssent, le malheureux indigène transporté brusquement de sa case solitaire dans l'usine colossale, devenu un "matricule" sur un chantier, astreint à une tâche mécanique, impitoyable dans sa régularité, comment pourrait-il résister à un si brutal dépaysement ? L'âme naïve du Noir est troublée jusque dans ses profondeurs. Nous voulons en faire le support de notre organisation industrielle, mais notre civilisation matérielle est trop lourde pour lui ; il ne la soutient pas, il la subit, et elle l'écrase.
Cité par. C. Pervillé, l'Europe et l'Afrique de 1914 à 1974, Ophrys, 1994.
1. Présentez le document
Ce document est un extrait des carnets de voyages du géographe belge Jacques Weulersse. Il nous rapporte le témoignage de l’évêque d’Elisabethville qu’il a rencontré en 1931 lors d’un voyage au Congo belge. Ce dernier dénonce les effets négatifs de la colonisation. A cette période, l’Europe domine le monde et est à l’apogée de sa puissance.
2. Expliquez l’expression soulignée ligne 1. A l’aide de vos connaissances expliquez quelles œuvres les colonisateurs pensent avoir accompli dans les colonies ? Quel est l’intérêt d’un tel discours selon vous ?
Au prime abord, L’auteur est impressionné par l’œuvre coloniale. On retrouve ici le traditionnel discours colonial justifiant la domination des peuples colonisés. Les Européens sont persuadés d’avoir accompli une véritable œuvre de civilisation. Selon eux, la présence coloniale se justifie à plus d’un titre :
Les Européens apportent la paix sociale et la paix entre les tribus (argument politique)
Les Européens diffusent une civilisation (religion, langue, agriculture) qu’il considère comme supérieure (argument culturel)
Les Européens apportent le savoir médical et met fin aux épidémies. (argument sanitaire)
Un tel discours permet de justifier la présence européenne en Afrique et en Asie
3. Que traduit l’expression soulignée ligne 4 ("peuplé de primitifs")?
Elle exprime un sentiment de supériorité des colonisateurs, non dénué de racisme qui est alors largement répandu en Europe. Les blancs représentent la civilisation évoluée tandis que les Africains en sont restés au stade primitifs. (voir module sur Tintin : l’Africain a une civilisation inférieure). Ils ont un devoir d’éducation (les africains sont de grands enfants)
4. Que représente le Congo pour la Belgique ? Quelles conséquences pouvez-vous en déduire sur l’organisation de l’économie du Congo belge ? Que suppose une telle mise en valeur ?
Le Congo représente pour la Belgique une colonie d’exploitation : c’est une réserve demain d’œuvre et de matières premières : les produits importés sont des produits tropicaux (ivoire et caoutchouc) destinés à l’industrie. Une agriculture commerciale se met en place , se substituant aux cultures vivrières. Les ressources du sol et sous-sol sont exploitées par de grandes compagnies agricoles ou minières. L’agriculture commerciale est le fait des grandes compagnies
l’économie des colonies est une économie extravertie (la colonisation a permis l’insertion de ces territoires dans une économie mondialisée) mais c’est une économie entièrement dépendante de la métropole qui repose sur des flux inégaux. (exportation de matières premières et exportation de produits manufacturés).
Une telle « mise en valeur » suppose
- le développement d’infrastructures de transport : chemins de fer qui relient les lieux de production aux ports situés sur la côte.
- Mais aussi par la suppression des cultures vivrières pour les remplacer par des produits destinés à l‘exportation.
5. Quelles en furent les conséquences pour les colonisées ?
les conséquences sont multiples :
Elle s’accompagne d’une spoliation des terres et du développement du travail forcé en Afrique noire (avec toutes les violences que cela suppose).
Les populations sont arrachées à la leur village à émergence dans les villes d’un sous prolétariat urbain
En plus des atrocités physiques, la catastrophe est aussi culturelle : les sociétés traditionnelles sont menacées. (négation des cultures traditionnelles : langues, religion…)
6. Que semble révéler le point de vue de l’évêque sur l’œuvre coloniale ?
l’auteur a conscience de la fragilité de l’édifice colonial dans les années 1930. Les dénonciations du système colonial commence à se faire jour