Gérard Bonnand, militant au sein des Jeunesses communistes;
Découvrez les témoins qui ont accepté de participer à notre projet pédagogique et qui ont bien voulu répondre aux questions des élèves.
Gérard Bonnand est né le 12 janvier 1941 à Unieux. Ainé d’une famille de deux enfants, son père était métallurgiste et sa mère tisseuse.
Elève au lycée Jacob Holtzer (alors Ecole Pratique de garçons), il très jeune sensibilisé par ce qui se passe en Algérie ; l’envoi des jeunes appelés du contingent, les premières révélations sur la torture le décident à s’engager; Il rencontre avec quelques amis le prêtre de la paroisse de Saint Paul/Ondaine pour lui demander comment agir. Ce dernier leur donne comme réponse de « faire des prières pour la paix » ; déçu par cette réponse, Gérard Bonnand participe, dès l’âge de 16-17 ans, au cercle appelou de l’UJCF (Union des Jeunesses Communistes de France). Il participe avec ses camarades à des réunions publiques, fait signer des pétitions, distribue des tracts et peint sur les murs et les wagons « Paix en Algérie ».
La mort en Algérie de trois concitoyens, dont deux qu’il côtoyait (Gilles Borne et Emile Scorzack ) confirme ses choix : les actions se multiplient et et il œuvre avec d’autres au renforcement du poids de la Jeunesse Communiste.
Malgré toutes ses tentatives pour éviter de participer « au maintien de l’ordre », il est finalement incorporé le 3 janvier 1961 à l’hôpital militaire Desgenettes à Lyon. Il est ensuite dirigé vers le 7ième génie en Avignon avant de suivre le peloton et de devenir Sergent.
Dès son arrivée, il est choqué par les écarts de richesse entre Européens et Algériens et constate les effets de la domination coloniale.
Au cours de son incorporation, il convoie en 1961 des insoumis algériens récupérés dans les villages et déplacés à la limite du Sahara pour leur apprendre à marcher au pas. Ces Algériens sont ensuite envoyés en France où ils sont accueillis par les CRS et la légion.
Profitant d’une permission en juin 1962, il décide de simuler une crise d’appendicite et entre d’urgence au pavillon militaire de Bellevue ; le médecin qui l’ausculte n’est pas dupe et lui déclare : tous les militaires ou presque que j’opère ont l’appendice d’un nouveau né ; En fait, cette simulation était tombée à point puisque Gérard Bonnand apprend par le médecin qui l’opère qu’il était à 8 jours d’une péritonite ! Après une permission prolongée mais pas totalement rétabli, il repart pour Oran. Sa compagnie participe alors au chargement des bateaux : la journée les appelés chargent les containers des familles de pieds noirs qui quittent alors l’Algérie et la nuit les cercueils enveloppés de zinc des soldats victimes d’une guerre qui ne voulait pas dire son nom. L’évacuation se fait dans un climat de violence entretenu par l’OAS ; le 22 janvier 1962, Gérard Bonnad quitte définitivement l’Algérie sur le « ville d’Oran » et est libéré le 30 novembre; il épouse sa femme le 22 décembre. Il entreprend alors sa vie professionnelle et devient père de deux enfants.
Aujourd’hui à la retraite, son engagement et son militantisme sont intacts : il participe aux actions du Secours Populaire Français et est toujours syndiqué et membre du Parti Communiste Français.