Un pays riche et développé face à une catastrophe naturelle et technologique : le Japon
Un séisme de magnitude 8,9, le plus fort jamais enregistré au Japon, a frappé le 11 mars 2011 le nord-est du pays, déclenchant un tsunami de plusieurs mètres de haut sur les côtes Pacifique et faisant des centaines de morts et de nombreux disparus. La secousse s'est produite à 14h46 (05h46 GMT) à 24,4 km de profondeur et à une centaine de kilomètres au large de la préfecture de Miyagi. A certains endroits, l'eau a pénétré jusqu'à cinq kilomètres à l'intérieur des terres. Suite au séisme, la centrale japonaise de Fukushima-Daiichi a été endommagée.
(une de journaux du 15 mars 2011)
document 1. Un télézapping proposé par le journal Le Monde - 11 mars 2011
document 2. Les centrales nucléaires au Japon (capture écran google earth)
document 3. Un pays à la jonction de 4 plaques tectoniques
et traversé par de multiples failles.
(source : site internet de la cité des sciences)
document 4. Une population inégalement répartie
(source : http://www.cartograf.fr/les-pays-lejapon)
Exercice 1. Un territoire confronté à une multitude de risques
1. A partir de la leçon de votre manuel, rechercher les définitions d'aléa, de risque, de catastrophe et complétez le schéma suivant (manuel p. 182)
2. Identifiez les différents types de risque auxquels le Japon est confronté. Répondez en reproduisant et complétant le tableau suivant. (Manuel p. 178-179 et document 2)
Risques naturels |
Risques technologiques |
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3. Identifiez les facteurs naturels qui rendent cette région particulièrement vulnérable (mots-clés p. 182) aux risques naturels ? (Manuel p. 178-179 et document 3)
4. En quoi peut-on dire que l’homme aggrave la vulnérabilité (document 4) ?
document 5. L'intensité du séisme (capture écran google earth)
document 5. De nombreuses répliques
document 7. La formation du tsunami
document 8. L'intensité de la vague (capture écran google earth)
Sur google earth
Vous pouvez télécharger des fichiers kmz vous permettant de localiser à la fois
Les secousses, les plaques et les centrales nucléaires.
Document 9. Le bilan humain et matériel de la catastrophe
Le dernier bilan officiel date du dimanche 27 mars, date à laquelle la police japonaise a fait état de 10 804 décès confirmés et de 16 244 disparus, à la suite du séisme et du tsunami. Ce bilan excède largement celui du séisme de Kobé en 1995, qui avait fait 6 434 morts.
Il pourrait, pourtant, encore s'alourdir : les réfugiés évacués de la zone autour de la centrale de Fukushima racontent que dans les villes laissées à l'abandon de la zone de sécurité, les secours n'ont pu comptabiliser tous les disparus.
Ceux qui ont survécu vivent toujours dans la précarité. Le fournisseur d'électricité Tepco, qui tente en vain de maîtriser la situation à Fukushima, recensait 192 339 foyers privés d'électricité dans le Nord, dimanche.
Le ministère de la santé estime qu'au moins 530 000 foyers étaient privés d'eau courante à cette même date dans dix préfectures du pays. Au total, 18 649 bâtiments ont été complètement détruits, a déclaré la police dimanche.
Dans la région de Fukushima, environ 177 500 habitants ont été évacués de la zone de 20 km autour de la centrale nucléaire endommagée. Le gouvernement a admis que les personnes vivant dans un rayon compris entre 20 et 30 km devaient aussi envisager de partir, mais beaucoup n'avaient pas attendu cette annonce pour fuir la région.
Selon les chiffres officiels, environ 242 881 personnes évacuées se trouveraient dans des hébergements provisoires. Beaucoup ont tout perdu et, ne touchant plus de salaire, doivent chercher des petits boulots au jour le jour pour survivre.
Le gouvernement a évalué les dégâts du séisme et du tsunami entre 16 000 et 25 000 milliards de yens (138 à 216 milliards d'euros). A titre de comparaison, le coût total des dommages causés par les catastrophes naturelles dans le monde en 2010 a été évalué à 218 milliards de dollars (154 milliards d'euros) par Swiss Re, deuxième réassureur mondial.
Dans la métropole de Sendaï, nombre d'activités côtières ont été réduites à néant et les infrastructures ravagées. Beaucoup de firmes nippones ont dû cesser leurs activités dans le pays, dont les principaux constructeurs d'automobiles.
"Le tremblement de terre devrait avoir un impact considérable sur les activités économiques d'un grand nombre de secteur", a prévenu dimanche le porte-parole du gouvernement, Yukio Edano. La côte Pacifique du Tohoku, au nord-est, la plus durement frappée par le tsunami et le séisme, comptait au total pour 8 % du PIB du pays. Pour soutenir l'économie locale, la Banque du Japon a versé dimanche 55 milliards de yen (480 millions d'euros) à treize banques implantées dans le Nord-Est.
Le Monde, 29 mars 2011
Document 10. L'économie sera plus difficile à relancer qu'après le séisme de Kobe
L'économie du Japon est paralysée par le manque d'activité. Il y a fort à parier que l'économie du pays sera plus difficile à relancer qu'après le séisme de Kobe en 1995. Après le séisme et le tsunami du 11 mars, certaines chaînes de production se sont arrêtées du jour au lendemain, de Sendai jusqu'à Tokyo. De grands groupes comme les géants de l'automobile Toyota et de l'électronique Sony ont suspendu leur production. Le Japon est un pays qui exporte beaucoup et l'incapacité du pays à répondre à la demande internationale, dans le secteur électronique et automobile notamment, provoque de lourds problèmes d'approvisionnement.
Par ailleurs, les magasins de première nécessité sont vides. Certaines denrées de base comme le riz sont introuvables. Pour faire face à ces pénuries, le pays va augmenter les importations de produits étrangers, ce qui entraînera une tension inflationniste avec la hausse de leurs cours sur les marchés. (…)
Le manque d'électricité et les problèmes de transports ont (...)poussé de nombreuses entreprises à demander à leur personnel de rester chez soi. (...). De plus, la demande énergétique va créer des tensions sur le marché de l'énergie car il va falloir fournir de l'électricité à un pays dont la demande représente plusieurs fois celle de la France ! (…)
La reconstruction du pays devrait faire grimper les cours des matériaux de construction sur les marchés internationaux, avec la nécessité pour le Japon d'importer massivement des matériaux tels que le bois ou le cuivre.
Par ailleurs, l'économie informelle pourrait également se développer au risque d'entraîner une crise politique, comme on l'avait déjà constaté après le tremblement de terre de Kobe. A l'époque, les réseaux mafieux avaient tiré parti de la désorganisation du pays, ce qui avait suscité nombre de critiques à l'adresse du gouvernement du Parti libéral démocrate au pouvoir. (…)
Le prochain semestre sera très mauvais mais sur le long terme, beaucoup d'analystes parient sur un rebond de croissance, une fois que la reconstruction sera amorcée. La croissance japonaise, recentrée depuis quelques années sur le marché national et la relance du pouvoir d'achat des Japonais pousse à l'optimisme. La reconstruction à venir devrait fortement stimuler la demande. Historiquement, le Japon a toujours su rebondir après une catastrophe naturelle, grâce notamment au redémarrage du BTP.
En outre, si la production industrielle est actuellement à l'arrêt et pénalise la croissance, il ne faut pas oublier que plus de 70 % du PIB du Japon est lié aux services et que ce secteur peut faciliter la relance du pays. Le Japon compte de nombreuses personnes âgées, on peut imaginer que toute une économie va se développer sur l'entraide et le soutien à cette population qui affronte actuellement de nombreuses difficultés. (…)
Nicolas Minvielle, professeur à Audencia et spécialiste de l'économie japonaise ,
propos recueillis par Emilie Cailleau, Le Monde, 18 mars 2011
Document 11. Peut-on prévenir un séisme et un tsunami ?
Les scientifiques ne peuvent pas prédire la date de survenue d'un séisme mais ils connaissent les zones à haut risque et les surveillent de près. Ainsi, dans les jours et les heures qui ont précédé le tremblement de terre au Japon, d'importants séismes ont été signalés dans la région : un tremblement de terre de magnitude 7,2 le 9 mars et trois séismes de magnitude 6 le 11. Des séismes de cette importance sont courants au Japon et les sismologues étaient loin d'imaginer que ces « secousses » seraient suivies d'un tremblement de terre de magnitude 9. Un séisme d'autant plus grave que la rupture n'a porté que sur 200 km, alors qu'habituellement ce type d'énergie est libérée sur une zone de subduction beaucoup plus longue (de 500 à 1000 km). La dissipation de l'énergie de ce séisme s'est donc effectuée dans une zone beaucoup plus concentrée, d'où l'ampleur du tsunami qui a suivi. Les précédents grands séismes connus au large de Tokyo sont celui de 1677, de 1896 (8.5) et de 1933 (8.4) à 400 km au nord de Tokyo. (…)
Au Japon, où les tsunamis sont récurrents, le principe de précaution tient en trois points : analyse rapide, alerte automatique et évacuation des populations. Lorsqu'un séisme survient, les données sont recueillies par divers instruments : des sismographes disposés sur les côtes et au fond des océans (jusqu'à 4000 m de profondeur), mais aussi des bouées réparties dans l'océan Pacifique, gérées par l'International Tsunami Warning System (ITWS), l'organisme international fédérant tous les centres de surveillance de la zone Pacifique. Ces données sont transmises très rapidement par câbles ou par satellites à l'Agence météorologique japonaise. Celle-ci peut alors évaluer le risque d'un tsunami, sa vitesse, sa hauteur ou encore le moment de son arrivée sur les côtes.
Grâce au système J-Alert mis en place en 2007, la population peut théoriquement être prévenue quelques minutes après le séisme, ce qui laisse en général du temps – si le point de départ du tsunami est loin des côtes – pour fuir les zones à risque. Sauf que dans le cas du tsunami du 11 mars, la vague est arrivée très vite, dix minutes seulement après le séisme, prenant de court des populations pourtant bien préparées. En outre, ce tsunami était d'une ampleur inattendue : un tel événement n'était pas arrivé depuis 100 à 150 ans au Japon. Et de fait les moyens de protection se sont révélés dérisoires. A Sendai, les digues de 3 m n'ont pas pu retenir la vague.
Du séisme à l’accident nucléaire,
Dossier en ligne proposé par la cité des Sciences, mise à jour du 14 avril 2011
Document 12. le pays est passé maître dans la construction parasismique
(…) les normes parasismiques drastiques mises en oeuvre par le Japon devraient limiter les dégâts. Le pays a appris à bâtir en tenant compte de cet aléa : 20 % des tremblements de terre de la planète se produisent dans l'archipel. En 1923, un séisme majeur avait fait 142 000 morts à Tokyo.
« La capacité de résistance dépend largement de l'année de construction des bâtiments et des normes qui s'y sont appliquées », explique Philippe Bisch, le président de l'Association française de génie parasismique. « Mais si les normes récentes sont appliquées correctement, il n'y a aucune raison que les immeubles s'effondrent : le bilan dépend plus de la qualité de la construction que de la violence de l'aléa », ajoute-t-il.
Après le séisme meurtrier de Kobé, en 1995, les autorités japonaises ont renforcé les normes parasismiques et la sévérité des peines infligées aux promoteurs qui ne les respectent pas. En 2007, un scandale de falsification des données parasismiques a entraîné un nouveau durcissement des conditions d'obtention des permis de construire.
Au prix d'investissements considérables et d'une ingénierie de pointe, les Japonais sont ainsi passés maîtres de la construction parasismique. Les rares bâtiments à avoir résisté au séisme qui a fait 50 000 morts, le 12 mai 2008, dans le Sichuan, en Chine, étaient fabriqués par des Japonais selon des normes nippones.
Les séismes soumettent les édifices à des forces horizontales, quand ils sont conçus pour résister à la gravité. Les bâtiments doivent absorber ces forces et dissiper leur énergie. La construction parasismique use de matériaux capables de subir des déformations importantes et multiplie les contreventements pour que les immeubles ondulent sans se briser. Si maisons et petits immeubles privilégient la légèreté, les bâtiments importants doivent être bâtis, au Japon, sur des amortisseurs capables de faire tampon entre l'édifice et ses fondations. (...)
Grégoire Allix, le Monde, 12 mars 2011
Document 13. Comment l'armée japonaise fait face au séisme
Près de 100 000 soldats ont été mobilisés, soit 40 % des effectifs des forces d’autodéfense. Aux côtés des forces de police, des services du ministère de la santé et des pompiers, ces soldats ont évacué plus de 550 000 personnes qui ont perdu leur logement à cause du tsunami ou qui vivaient dans un rayon de 30 km autour de la centrale nucléaire de Fukushima.
Appelées à des tâches très diverses, les FAD (forces d'autodéfense japonaises) se sont concentrées sur l’évacuation des personnes mais aussi sur la recherche des disparus, la fourniture d’eau ou de nourriture aux rescapés. A ces tâches "traditionnelles" s’est ajoutée la lutte pour empêcher que les accidents dans la centrale nucléaire de Fukushima ne débouchent sur un nouveau Tchernobyl. Dans le cas japonais, notamment en utilisant des hélicoptères de transport lourd Chinook, les FAD ont tenté d’arroser certains réacteurs pour éviter une catastrophe dans cette centrale située à quelque 250 km de la capitale, Tokyo. Avec cette action, elles se substituaient d’ailleurs l’opérateur de la centrale, la société japonaise Tepco. "D’autres soldats [ont été] engagés au sol autour de la centrale avec des camions spéciaux de l’armée pour 'arroser le réacteur n° 3 après une tentative avortée du canon à eau de la police, là encore pour cause de trop forte radioactivité'" indique Le Figaro. Le sens du devoir et l'abnégation sont forts dans l'armée japonaise. Certains ont été exposés à des rayonnements, leur vie est en danger. (…)
C’est au gouvernement, qui en cas d’urgence est la seule autorité responsable pour s’occuper de la population, qu’il incombe en cas de catastrophe de coordonner et d'organiser les opérations de sauvetage avec le soutien de l’armée, les unités de la protection civile et parfois des acteurs internationaux. "En cas de catastrophe, une cellule de crise est mise en place au sein du cabinet du premier ministre", explique Céline Pajon, chercheuse et spécialiste du Japon à l'IFRI. Ainsi, comme le soulignent les professeurs Eric Seizelet et Régine Serra : "En cas d’accident nucléaire, et après proclamation de l’état d’urgence nucléaire, le premier ministre prend la tête d’un PC de commandement spécialisé."
Ce déploiement rapide a été facilité par deux facteurs. Le précédent de Kobe en 1995 et celui du séisme de Miyata en 2004 ont poussé à agir plus vite. (…)
Comme le souligne le Japan Times, (…) "Cette fois-ci la réponse a été beaucoup plus rapide, grâce aux changements postérieurs à 1995 dans la façon dont le gouvernement répond aux désastres naturels. Les personnels des FAD sont arrivés rapidement. L’aide des gouvernements locaux, sous la forme de nourriture, eau, médicaments et secouristes, a été coordonnée rapidement."
L’autre facteur de réaction est l’expérience acquise lors de précédentes catastrophes internationales. La plus importante opération eut lieu en Indonésie, de décembre 2004 à mars 2005, le Japon "déployant 1 500 hommes, dépêchant des vaisseaux des FAD de retour de l'océan Indien pour livrer l’aide internationale, et envoyant en janvier 2005 une flottille à Aceh, sur l’île de Sumatra (…). Conséquence de son implication dans l’aide internationale après cette tragédie et de l’interventionnisme japonais, la mise en place d’une force d’intervention rapide de 4 100 hommes environ fut décidée en mars 2007." (…)
Un des signes aussi que le gouvernement avait tiré les enseignements de Kobe, mais aussi peut-être des limites de l’action du Japon, fut l’acceptation rapide de l’aide étrangère, y compris celle très limitée de la Chine communiste, rival avec laquelle elle connaît d’importants différends territoriaux. L’aide militaire américaine était très limitée en 1995, pour des raisons à la fois logistiques et politiques. Cette fois-ci la mobilisation américaine est considérable et c’est l’opération conjointe nippo-américaine la plus importante jamais effectuée pour les FAD.
Edouard Pflimlin, Le Monde, 23 mars 2011.
Exercice 2. Le Japon face aux risques sismiques et de tsunami
1. Présentez rapidement les phénomènes naturels qui se sont produits au Japon ? (Intensité et localisation de l’épicentre, répliques, rapidité du tsunami et hauteur des vagues, localisation des régions touchées : documents 1, 5, 6, 7, 8)
2. Identifiez les différentes conséquences provoquées par le séisme et le tsunami. Répondez en reproduisant et en complétant le tableau suivant. En vous appuyant sur la définition, vous indiquerez pourquoi cet évènement peut-être considéré comme une catastrophe. (documents 1, 9 et 10)
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Conséquences humaines |
Conséquences matérielles |
Conséquences économiques |
Echelle japonaise |
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Echelle mondiale |
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3. Cette catastrophe était-elle imprévisible ? Quels sont les moyens de prévision (mots-clés p. 186) dont dispose le Japon, pour faire face à ce risque (document 1 et document 11) ?
4. Quels sont les moyens de prévention (mots-clés p. 186) dont dispose le Japon, pour faire face à ce risque (document 12) ?
5. Quels sont les acteurs mobilisés pour gérer la crise (document 13) ?
document 14. Les centrales nucléaires au Japon (capture écran google earth)
document 15 La centrale de Fukushima (capture écran google earth)
document 16. Le récit de la catastrophe nucléaire (agence de presse vimeo.com)
document 17. Le commerce régional subit les premiers effets de la crise nucléaire
La Chine a annoncé, lundi 28 mars, de nouveaux contrôles sur les produits alimentaires et l'eau dans quatorze provinces, notamment le long des côtes, après que des niveaux de radiations qualifiés « d'extrêmement faibles » ont été détectés dans le Heilongjiang, province de l'extrême nord-est du pays.
Un embargo à effet immédiat sur l'importation de produits laitiers, de fruits et légumes et de produits de la mer en provenance de cinq préfectures japonaises proches de Fukushima avait déjà été annoncé, vendredi 25 mars. Des mesures similaires ont été adoptées à Taïwan concernant la pêche.
A Hongkong, certains restaurants et chaînes de supermarchés sont allés plus loin, cessant de leur propre initiative tout achat de produits alimentaires japonais. Plusieurs grands hôtels affirment ne plus rien acheter venant du Japon jusqu'à nouvel ordre. Les crustacés et le poisson des sushis seront désormais importés de Nouvelle-Zélande, d'Australie ou d'Écosse. (...).
L'inquiétude porte en fait sur tout ce qui arrive du nord-est du Japon. Ainsi, les navires de la marine marchande doivent désormais être mis en quarantaine à Lamma, l'une des îles de Hongkong, s'ils proviennent d'un port situé dans un rayon de moins de 80 kilomètres de Fukushima. Récemment, le capitaine du Molière, un bateau de CMA-CGM provenant de Yokohama, avait demandé à ce que son équipage soit testé, suscitant l'inquiétude des autorités sanitaires locales. (...)
Pour la plupart des entreprises asiatiques, il est encore trop tôt pour évaluer l'impact de la catastrophe japonaise sur leurs chaînes de production. A Taïwan, le fabricant d'ordinateurs Acer disposerait de deux mois et demi à trois mois de stocks. Et certains producteurs taïwanais de circuits imprimés, ces cartes vertes utilisées tant dans les télécommandes que dans les téléphones portables et les ordinateurs, s'inquiètent de la fermeture d'une usine dévastée par le tremblement de terre de la branche chimie du japonais Mitsubishi à Kamisu, dans la préfecture d'Ibaraki.
Mitsubishi fournit environ 45 % du marché des plaques laminées de cuivre nécessaires à la production de ces circuits. « L'usine est totalement bloquée, constate une porte-parole de Mitsubishi. Personne ne sait précisément quand elle reprendra. » L'entreprise estime qu'il faudra au moins deux mois.
Un responsable d'un groupe spécialisé dans la production de circuits imprimés à Taïwan assure que chacun dans le secteur cherche activement des substituts. « Mais il faudra du temps pour que l'approvisionnement soit effectif, estime-t-il. Or, au rythme actuel, les manques pourraient se voir dès la fin du mois d'avril. » Un concurrent dit avoir des stocks permettant de suivre pendant deux à six semaines. Refusant de donner le nom de l'entreprise, il s'explique : « Les clients sont plutôt compréhensifs, la catastrophe était imprévisible, mais les investisseurs s'inquiètent beaucoup. »
La catastrophe a également un impact sur le secteur du tourisme en Asie. L'Association internationale du trafic aérien (IATA) a indiqué s'attendre à une forte baisse des vols intérieurs dans l'Archipel.
Alors que la plupart des hôtels sont à moitié vides à Tokyo, plusieurs agents de voyages de Hongkong bradent les séjours au Japon, destination populaire en cette saison pour les stations de ski et la floraison des cerisiers. La demande n'atteint pas 10 % de son niveau habituel. Taïwan pâtit d'annulations en masse de visiteurs japonais.
Samedi 26 mars, Citibank a revu ses prévisions de croissance à la baisse pour Taïwan. « Pour chaque point de croissance que perd le Japon, ce sera un demi-point de moins pour Taïwan », a déclaré Cheng Cheng-mount, économiste de la banque américaine.
Florence de Changy et Harold Thibault, le Monde, 29 mars 2011
Document 18. le Japon avait été alerté d'irrégularités à Fukushima
Le 7 février, un mois avant le séisme et le tsunami qui ont endommagé la centrale nucléaire de Fukushima, l'agence de régulation nucléaire japonaise a autorisé le maintien pendant 10 années supplémentaires du plus ancien des six réacteurs de la centrale, malgré des avertissements concernant sa sécurité, a révélé lundi 21 mars le New York Times.
L'agence en question avait signalé des craquelures sur le groupe électrogène de sûreté du réacteur n° 1 de Fukushima Dai-Ichi. Elle avait toutefois autorisé le maintien du réacteur sous réserve que les opérations de maintenance soient renforcées. (…).
Cette décision sème le doute sur l'indépendance des panels d'experts comme celui qui a autorisé l'extension du réacteur n° 1 de Fukushima Dai-Ichi, au-delà de la limite de 40 ans généralement admise. (…).
Eisaku Sato, l'ancien préfet de Fukushima et opposant au nucléaire, avait déjà dénoncé l'inefficacité de l'agence de contrôle. En 2000, un inspecteur avait signalé à l'agence des craquelures sur l'enceinte de confinement de la centrale de Fukushima. Le préfet n'avait appris la nouvelle que deux ans plus tard. "Les régulateurs se sont assis sur le rapport concernant les craquelures", affirme-t-il. Jusqu'ici, les rapports entre Tepco et les autorités étaient perçus comme conflictuels. Mais pour M. Sato, ce nouvel incident met en lumière des rapports de connivence entre les autorités de régulation gouvernementales et les opérateurs du nucléaire.
Antoine Bouthier, Le Monde, 22 mars 2011.
document 19. Peut-on se fier aux mesures de Tepco (Télézapping du Monde, 28 mars 2011)
document 20. Le Japon crée une zone interdite autour de la centrale de Fukushima
Le rayon d'évacuation de 20 kilomètres mis en place autour de la centrale nucléaire de Fukushima devient, à partir de jeudi 21 avril, une zone interdite. Le gouvernement japonais veut éviter que les personnes évacuées – il y en a eu environ quatre-vingt mille – ne retournent dans leurs habitations, en dépit de risques élevés pour la santé. Ils ne pourront le faire qu'avec l'aval du gouvernement.
Le premier ministre japonais, Yukio Edano, en visite dans la région sinistrée, a évoqué "un énorme risque pour la sécurité" des personnes qui souhaiteraient revenir. "Aujourd'hui, nous avons décidé de la classer 'zone en état d'urgence' en vertu de la loi sur les catastrophes", a-t-il précisé. L'interdiction, qui devrait devenir effective dans la nuit de jeudi à vendredi, vise à permettre un contrôle strict de la zone. En inspectant plusieurs milliers de maisons, la police a découvert que plus de soixante familles y vivaient toujours en dépit des risques liés aux radiations.
"Nous adopterons de strictes mesures juridiques contre ceux qui tenteront d'entrer dans la zone ", a menacé le secrétaire général du gouvernement. "En ce qui concerne les habitants, je ne peux que leur demander d'être compréhensifs afin qu'aucune poursuite judiciaire ne soit engagée contre eux", a-t-il ajouté.
Chaque famille réfugiée hors de ce périmètre aura cependant le droit, dans les semaines à venir, d'y envoyer l'un de ses membres, durant deux heures seulement, pour récupérer des biens abandonnés dans son ancien domicile. Il devra être équipé de vêtements de protection et d'un dosimètre individuel pour mesurer la radioactivité. Les familles dont le logement est situé dans un rayon de 3 kilomètres de la centrale ne bénéficieront pas de ce droit de retour très restreint.
L'opérateur de la centrale, le groupe Tepco, estime qu'il faudra encore environ trois mois pour commencer à réduire la radioactivité et entre six et neuf mois pour refroidir les réacteurs. La gravité de l'accident de la centrale nucléaire de Fukushima a été portée la semaine dernière au niveau 7, le niveau maximal sur l'échelle internationale des événements nucléaires (INES), le même que l'accident de Tchernobyl en 1986
Le Monde, 21 avril 2011
document 21. Le débat nucléaire relancé. (caricatures de Chappatte du 17 et 25 mars, Le Temps)
Exercice 3. Le Japon face à une catastrophe technologique : la centrale de Fukushima
1. Localisez la centrale nucléaire de Fukushima (site, situation, densité de peuplement). En quoi la localisation de la centrale aggravait-elle la vulnérabilité (documents 4, 14 et 15) ?
2. Rappelez brièvement ce qui s’est produit à Fukushima (document 16).
3. Identifiez les différentes conséquences provoquées par cette catastrophe technologique ? Les conséquences se limitent-elles au Japon (documents 10 et 17) ?
Conséquences humaines et sanitaires |
Conséquences économiques |
Conséquences environnementales |
Conséquences politiques |
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4. Quels étaient les moyens de prévention mis en œuvre pour faire à ce risque (document 18)?
5. Comment a été gérée la crise ? Quels sont les acteurs mobilisés (documents 13, 16, 19, 20)?
6. Montrez que cette catastrophe suscite une réflexion internationale (document 21)