L'Europe entre unité et diversité : correction DS 1ière S2/4
Consignes : En vous aidant des documents 1 et 2 vous définirez ce qu’est l’Europe puis vous expliquerez en quoi l’Europe est un espace qui se caractérise à la fois par son unité et sa diversité.
Durée : 1h
Document 1. Carte mentale de l’Europe d’un élève de 1ère S du lycée Jacob Holtzer (Firminy)
(Source : L.BRUN, Visions d’Europe, site web : jacobhistgeo.over-blog.com, septembre 2007)
Document 2. L’Europe en chantant
(Source : A. Rosenthal, P. Gay, Cris d’Europe, le Seuil, 1992)
Pour vous aider à mieux appréhender la correction, les références directes aux documents sont indiqués en jaune.
Cette carte mentale d’un élève (document 1) nous montre sa représentation de l’Europe. Il a du mal à poser les limites du continent européen. Le contour des côtes est approximatif et la connaissance de l’Europe devient floue en direction de l’Est. Cette difficulté est légitime car l’Europe n’est pas un continent au sens géographique du terme (une immense étendue de terre entourée d’eau) ; elle fait partie d’un ensemble plus vaste : l’Eurasie. La question des limites se pose donc. L’Elève a par exemple des difficultés à poser les limites à l’Est. A ses yeux, l’Etat le plus à l’Est est la Biélorussie et la Russie ainsi que la Turquie sont exclues de sa vision européenne. Il aurait pu poser l’Oural, limite inventée au XVIII° siècle (Pierre Ier Le Grand avait besoin d’affirmer l’identité européenne de la Russie pour la rapprocher des autres nations. Cela correspond à une volonté d’européanisation de la Russie au début du XVIIIe siècle). Si on observe sa carte, on constate que cette délimitation semble moins problématique à l’Ouest. L’Océan Atlantique n’est pas nommée mais suggéré. Néanmoins là aussi on pourrait s’interroger sur l’absence des Açores, de Madère et des Canaries. Pour cet élève, la limite nord correspond aux îles britanniques et aux pays scandinaves. L’Islande et le Groenland n’ont donc pas leur place en Europe ? Quant à la limite Sud, elle est suggérée par la mer Méditerranée : l’élève localise la Corse et la Sicile. Mais quelle place pour les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla ?
Les limites physiques de l’Europe sont donc floues. Ce qui définit l’Europe n’est pas la géographie mais un ensemble de critères politiques, économiques, culturelles. L’Europe est avant tout une idée plus qu’une réalité géographique.
Cette série de dessin (document 2) extrait de l’ouvrage d’A. Rosenthal et P. Gay, Cris d’Europe (le Seuil, 1992) nous permet de comprendre que l’Europe se caractérise par sa diversité. Cette diversité est tout d’abord naturelle : la végétation et le climat ne sont pas les même dans chacun des dessins ; Alors qu’il pleut en Angleterre le coq est écrasé par la chaleur dans le dessin de droite(Espagne). En effet l’Europe se définit par une grande diversité physique. Trois ensembles peuvent être identifiés.
Une Europe du Nord : climat froid, domaine de la toundra et de la taïga
Une Europe océanique et continentale : climat océanique, Europe des plaines et des plateaux.
Une Europe du Sud montagneuse et au climat méditerranéen.
Cette diversité est bien sur politique. Les dessinateurs nous présentent la même scène dans différents Etats européens : de gauche à droite on devine la France, l’Angleterre, l’Allemagne, l’Italie, la Hollande et l’Espagne. Cette multitude d’Etat est également soulignée par la carte mentale (document 1) : l’élève a pris soin de délimiter certains Etats et de les localiser. En effet, l’Europe est un « continent » fragmenté (entre 45 et 50 Etats selon les définitions) et cette fragmentation se poursuit encore aujourd’hui (effondrement du bloc communiste, montée des séparatismes). Les Etats présentent des superficies variées (micro Etat comme le Vatican [0,44 km²] et grand Etat comme la France [550 000 km²]).
Le dessin nous fait également apparaître la diversité linguistique et culturelle. Les cloches n’ont pas le même son d’un pays à l’autre ! Les coqs ne chantent pas de la même manière ! Eglise romane en France, campanile en Italie et église baroque en Espagne par exemple. On identifie en effet de nombreuses langues (plus de 200 langues) en Europe que l’on peut rassembler en trois grandes familles (romane, germanique, slave). Si le dessin ne le fait pas apparaître la diversité est enfin religieuse : On peut identifier trois Europes : une Europe catholique au Sud (avec quelques enclaves comme la Pologne, la Tchéquie, la Slovaquie, la Hongrie). Une Europe protestante au nord et une Europe orthodoxe à l‘Est. Il convient également de préciser la présence de nombreuses minorités juives ainsi que d'un islam européen dans les Balkans.
Mais ce dessin nous permet aussi de comprendre que l’Europe se caractérise par son unité. Cette unité est religieuse. Même si l’architecture est différente, les clochers dominent le paysage. Le christianisme constitue un élément d’unité du continent européen. Il s’étend en effet sous différentes formes sur l’ensemble du continent et a structuré l’Europe face à l’Islam. Cette unité est linguistique. Même s’il diffère d’un pays à l’autre, le chant du coq reste assez similaire. Toutes les langues européennes présentent toutes la même origine indo-européenne. Enfin cette unité est culturelle : l’élément de décor est identique : des clochers qui se caractérisent par leur verticalité et un animal qui lui est associé : le coq. Les Européens partagent une culture et une histoire commune (Léonard de Vinci, Mozart…) ; ils partagent également des valeurs héritées de la tradition gréco-latine, des Lumières, droits de l’homme.
L’Europe n’est donc pas un continent au sens géographique du terme. Sa délimitation reste problématique. L’Europe se définit avant tout par une histoire, un ensemble de valeurs partagés par les Européens. Le projet de construction européenne s’inscrit dans cette logique.