La condamnation de Jésus (correction du DS, 2nde4)
Document 1. La condamnation de Jésus
Après avoir été présenté devant les autorités religieuses juives, Jésus est livré à Pilate, préfet de la province de Judée.
Alors Pilate prit Jésus, et le fit battre de verges (1). Les soldats tressèrent une couronne d’épines qu’ils posèrent sur sa tête, et ils le revêtirent d’un manteau de pourpre; puis, s’approchant de lui, ils disaient : « Salut, roi des Juifs! » Et ils lui donnaient des soufflets.
Pilate sortit de nouveau, et dit aux Juifs: « Voici, je vous l’amène dehors, afin que vous sachiez que je ne trouve en lui aucun crime ». Jésus sortit donc, portant la couronne d’épines et le manteau de pourpre. Et Pilate leur dit : « Voici l’homme.» Lorsque les Grands Prêtres (2) et les gardes le virent, ils s’écrièrent : « Crucifie! Crucifie! » Pilate leur dit : « Prenez-le vous-mêmes, et crucifiez-le; car moi, je ne trouve point de crime en lui. » Les Juifs lui répondirent : « Nous avons une loi; et, selon notre loi, il doit mourir, parce qu’il s’est fait Fils de Dieu ». Quand Pilate entendit cette parole, sa frayeur augmenta. Il rentra dans le prétoire, et il dit à Jésus: « D’où es-tu ? » Mais Jésus ne lui donna point de réponse. Pilate lui dit: « Est-ce à moi que tu ne parles pas? Ne sais-tu pas que j’ai le pouvoir de te crucifier, et que j’ai le pouvoir de te relâcher ? » Jésus répondit : « Tu n’aurais sur moi aucun pouvoir, s’il ne t’avait été donné d’en haut. C’est pourquoi celui qui me livre à toi commet un plus grand péché. » Dès ce moment, Pilate cherchait à le relâcher. Mais les Juifs criaient: « Si tu le relâches, tu n’es pas ami de César (3). Quiconque se fait roi se déclare contre César. » Pilate, ayant entendu ces paroles, amena Jésus dehors; (…) Pilate dit aux Juifs: « Voici votre roi. » Mais ils s’écrièrent: « Ote, ôte, crucifie-le! » Pilate leur dit: « Crucifierai-je votre roi? » Les principaux Grands prêtres répondirent : « Nous n’avons de roi que César ». Alors il le leur livra pour être crucifié.
Ils prirent donc Jésus, et l’emmenèrent. Jésus, portant sa croix, arriva au lieu du crâne, qui se nomme en hébreu Golgotha. C’est là qu’il fut crucifié, et deux autres avec lui, un de chaque côté, et Jésus au milieu. Pilate fit une inscription, qu’il plaça sur la croix, et qui était ainsi conçue: Jésus de Nazareth, roi des Juifs.
Evangile selon Jean (4), 19, 1-19
1. baguettes
2. Membres du Sanhédrin, tribunal religieux juif
3. Termes désignant ici l’empereur
4. Jean est un des disciples de Jésus
Exercice 1. Jésus et le problème des sources
1. Rappelez ce que signifie le terme évangile (au singulier et au pluriel)
Evangile vient du grec qui signifie « bonne nouvelle », c’est à dire l’annonce du salut apporté par Jésus Christ. Au pluriel, le terme désigne les quatre livres qui rapportent la vie et l’enseignement de Jésus.
2. En quoi ce document est-il une source à la fois importante pour l’historien et aussi une source à manipuler avec beaucoup de précaution ?
Ce document (et donc les évangiles d’une manière plus générale) constitue une source essentielle car c’est la principale source dont dispose les historiens sur Jésus. Cette source chrétienne est à manipuler avec beaucoup de précaution pour plusieurs raisons :
En raison du décalage entre les faits et leurs transmissions : en effet les Evangiles ont écrit au mieux trentaine d’année après la mort de Jésus. Celui de Jean a été écrit vers 100. soit 70 après la mort de Jésus. Il y a donc eu des oublis, des modifications.
En raison du problème de l’intention des auteurs : ils ne font pas oeuvre d'historiens mais transmettent un message précis. Ils n’ont pa pour but de faire une biographie de Jésus mais de prouver à l’auditeur ou au lecteur que Jésus est le messie. De ce fait le contenu a pu changer selon les besoins de l'Église, selon les destinataires.
3. A qui est attribué cet évangile ? Expliquez
Celui-ci est attribué à Jean, un discipline de Jésus mais il n’en est pas forcément l’auteur unique. Il y a en général plusieurs auteurs. C’est la transcription écrite d’histoires orales
4. Quelles sont les autres sources dont dispose l’historien pour mieux connaître Jésus ?
En dehors de ces textes issus des milieux chrétiens, on possède encore le témoignage de l'historien juif du I° siècle, Flavius Josèphe (doc. 4 p. 45), et trois allusions d'auteurs païens du II° siècle.
Exercice 2. La condamnation de Jésus
1. De quoi parle le document ? Qui sont les principaux personnages ? Quand et dans quelle ville est censée se passer l’action ? Quel est alors le contexte politique et religieux ?
Ce document parle de la condamnation de Jésus. Les principaux personnages sont Ponce Pilate, représentant des autorités romaines (préfet romain), les prêtres membres du Sanhédrin et Jésus.
Cette action est censée se passer à Jérusalem en avril 30 alors que les Juifs s’apprêtent à fêter Pâque (la sortie des Hébreux d’Egypte).
La Palestine est alors sous domination romaine (domination directe ou indirecte). A cette époque, les Juifs sont les seuls à disposer d’une religion monothéiste. Elle est définie par la bible hébraïque. Ils croient en Yahvé et doivent respecter des préceptes moraux et religieux. Certains d’entre-eux espère la venue d’un messie libérateur.
2. De quoi est accusé Jésus dans le texte ? Par qui ? Expliquez chacune des accusations en faisant appel à vos connaissances personnelles.
Jésus est victime d’une double accusation :
Une accusation politique par le Sanhédrin et par Pilate: remettre en cause la domination romaine et l’autorité de l’empereur en étant présenté comme le roi des Juifs. Cette accusation est à replacer dans son contexte. De nombreux Juifs n’acceptent pas la domination romaine. Certains espèrent restaure un royaume Juif. En étant présenté comme le roi des Juifs, Jésus peut être perçu comme un perturbateur.
Une accusation religieuse par le Sanhédrin: Jésus est accusé de blasphème (avoir insulté Dieu) et de s’être proclamé le messie et fils de Dieu. Jésus en se présentant ainsi remet en cause un des 10 commandements (« tu ne prononceras pas à tord le nom du Seigneur, ton Dieu ». Les membres du Sanhédrin font d’ailleurs référence à la Loi.
3. De qui l’auteur essaye-t-il de minimiser le rôle dans la mort de Jésus ? Sur qui l’auteur cherche-t-il à faire porter la responsabilité de la mort de Jésus ? Justifiez par un passage du texte. Pourquoi selon-vous ?
L’auteur cherche à minimiser le rôle de Ponce Pilate et des autorités romains. Il met l’accent sur les autorités religieuses juives. Ce sont eux qui demandent à Pilate la mort de Jésus alors que lui semble chercher à le libérer : « Si tu le relâches, tu n’es pas ami de César. Quiconque se fait roi se déclare contre César. »
L’auteur écrit ce texte dans une période où le christianisme est une religion interdite, peut-être chercher-t-il à s’attirer la bienveillance des autorités romaines. De plus, il ne faut pas oublier que les Juifs ne sont pas un groupe homogène : en accusant les membres du Sanhédrin, l’auteur d’une certaine manière déresponsabilise les autres Juifs (qui ont été les premiers à qui se sont adressés les apôtres) (très tôt cependant les chrétiens ont élargi l’accusation à tous les Juifs).
4. Quelle attitude adopte Jésus au cours de cet épisode ? Comment pouvez-vous l’expliquer ?
Jésus a très peu la parole et ne réagit pas. Il semble subir la situation. Il applique à la lettre son message : le rejet de la violence et de la vengeance. Il prône le pardon.