Les fondements idéologiques de la puissance américaine
« Une puissance mondiale est un état qui dans le monde se distingue non seulement par son poids territorial, démographique et économique mais aussi par les moyens dont il dispose pour s’assurer d’une influence durable sur toute la planète en termes économiques, culturels et diplomatiques ». Gérard Dorel, La puissance des Etats, la Documentation photographique n°8006, décembre 1998
Document 1. L’isolationnisme des pères fondateurs
1a. Discours d’adieu de George Washington, le 19 septembre 1796
Notre Grande règle de conduite envers les nations étrangères est d'étendre nos relations commerciales afin de n'avoir avec elles qu'aussi peu de liens politiques qu'il est possible. Autant que nous avons déjà formé des engagements remplissons-les, avec une parfaite bonne foi. Et tenons-nous-en là.
L'Europe a un ensemble d'intérêts primordiaux, qui avec nous n'ont aucun rapport, ou alors très lointain. Par conséquent elle est engagée dans de fréquentes polémiques, dont les causes sont essentiellement étrangères à nos soucis. Par conséquent donc il est imprudent pour nous de s'impliquer, à cause de liens artificiels, dans les vicissitudes ordinaires de sa politique, ou les combinaisons et les conflits ordinaires de ses amitiés ou de ses inimitiés.
[…] Pourquoi renoncer aux avantages d'une situation si particulière ? Pourquoi quitter notre propre sol pour se tenir sur une terre étrangère ? Pourquoi, en entrelaçant notre destin avec celui d'une quelconque part de l'Europe, empêtrer notre paix et notre prospérité dans les labeurs des ambitions, rivalités, intérêts, humeurs ou caprices européens ?
C'est notre politique véritable d'avancer exempt d'Alliances permanentes avec n'importe quelle partie du Monde étranger.
1b. Thomas Jefferson à James Monroe, 1823.
J’ai toujours considéré comme fondamental pour les Etats-Unis de ne jamais prendre part aux querelles européennes. Leurs intérêts politiques sont entièrement différents des nôtres. Leurs jalousies mutuelles, leur équilibre des puissances (forces), leurs alliances compliquées, leurs principes et formes de gouvernement, ils nous sont tous étrangers. Ce sont des nations condamnées à la guerre éternelle. Toutes leurs énergies sont dévolues à la destruction du travail, de la propriété et des vies de leurs peuples.
Document 2. Les Etats-Unis : une destinée manifeste
Le publicite John O’Sullivan, directeur de la Democratic Review définit le concept de « destinée manifeste » (vers1845)
« Notre Destinée Manifeste [consiste] à nous étendre sur tout le continent que nous a alloué la Providence pour le libre développement de nos millions d’habitants qui se multiplient chaque année.»
Cité p. 23 de Nouailhat Yves-Henri, Les Etats-Unis et le monde, de 1898 à nos jours
Document 3. John Gast, « American Progress » , 1872.
Document 4. Les premières interventions militaires
En 1898, les Américains entrent en guerre contre l’Espagne pour soutenir les révoltés cubains. . Après deux batailles meurtrières, l’Espagne a demandé la cessation des hostilités et cèdent aux Etats-Unis Porto Rico, l’île de Guam (Pacifique) et les Philippines. Cuba devient un Etat indépendant (mais placé dès 1901 sous protectorat des Etats-Unis).
Ci-dessous, le colonel Theodore Roosevelt pose avec ses hommes, les Rough Riders (les rudes cavaliers) devant le drapeau des Etats-Unis à la suite de leur victoire militaire à Cuba en juillet 1898
Document 5. La tentation de l’empire
1. Recherchez qui sont les auteurs des documents 1a et 1b. Quelle attitude les Etats-Unis ont-ils traditionnellement adopté sur le plan diplomatique jusqu’en 1917 ? Comment cette position est-elle justifiée (documents 1a et 1b) ?
2. De quelle mission se sentent investis les Etats-Unis ? Où dans un premier temps ? (documents 2 et 3)
3. En quoi les documents 4 et 5 sont-ils révélateurs d’une évolution dans la politique étrangère des Etats-Unis ?
4. En conclusion, présentez les deux grandes tendances entre lesquelles les Etats-Unis oscillent sur le plan international.