Peugeot : des Trente Glorieuses à aujourd'hui (correction DS 1ière S3)
Consignes : après avoir présenté chacun des documents, vous montrerez en quoi ils témoignent des différents cycles de croissance et des mutations sociales que connaît la France depuis le milieu du XX° siècle.
Document 1. Atelier de ferrage des Peugeot 203 du site de Sochaux.
(Photographie de 1948 extraite du site web officiel de PSA Peugeot-Citroën)
Document 2. La fermeture du site d’Aulnay sous bois vu par un caricaturiste (juillet 2012).
PSA Peugeot Citroën a annoncé en juillet 2012 l'arrêt de la production dans son usine d'Aulnay-sous-Bois pour 2014 et la suppression de 8.000 emplois en France.
1. Présentez le document 1. Dans quel cycle de croissance s’inscrit-il ? Quelles en sont les caractéristiques ?
Ce document source est une photographie prise à Sochaux dans l’atelier de ferrage des Peugeot 203 en 1948 et publiée sur le site officiel du groupe PSA Peugeot-Citroën. Ce document s’inscrit dans le contexte des Trente Glorieuses, une période de très forte croissance des années 50-60 ; cette très forte croissance est liée à la hausse du niveau de vie de sociétés des PDEM (Pays Développés à Economie de Marché) qui permet une consommation de masse des biens d’équipements. Les ménages profitent de l’augmentation de leur niveau de vie pour acquérir, par exemple, leur première voiture individuelle.
2. Identifiez et présentez la méthode de travail appliquée dans cette usine ? Lors de quelle phase d’industrialisation est-elle mise au point ? En quoi contribue-t-elle à la croissance ?
Nous pouvons identifier sur le document 1, une chaîne de montage ; des automobiles (Peugeot 203) en cours d’assemblage défilent devant les ouvriers qui n’ont plus désormais besoin de se déplacer pour effectuer leurs tâches ; le système décompose le processus de production ; les ouvriers effectuent une seule et unique tâche simple et répétitive : sur la photographie on les voit assembler les pièces métalliques qui constituent la carrosserie du véhicule. Cette méthode de travail est le taylorisme et le fordisme. Le taylorisme est une méthode d’organisation scientifique du travail ; elle sépare la production de la conception et confère à l’ouvrier des gestes simples et répétitifs ; le fordisme, quant à lui, introduit le travail à la chaîne. Cette méthode est mise au point et se développement dans la première moitié du XX° siècle au Etats-Unis durant la seconde phase de croissance.
Comme on peut le voir sur la photographie, les voitures assemblées sont toutes identiques : cette chaîne de montage assemble un modèle unique en série des Peugeot 203. On assiste à une standardisation de la production mais aussi à une augmentation : la production de masse stimule la croissance en permettant d’augmenter la productivité : on produit des Peugeot 203 plus vite et pour moins cher : on élargit la clientèle (consommation de masse).
3. Quelles sont les conséquences sociales d’une telle organisation de la production ?
Une telle organisation de la production (le taylorisme et le fordisme) permet l’emploi d’ouvriers peu qualifiés qui n’effectuent qu’une seule tâche ; en effet comme nous pouvons le voir sur la photographie, ils sont chargés d’une tache simple et répétitive. La qualification est réservée aux agents de maîtrise et aux ingénieurs. L’ouvrier intervient donc moins dans le processus de fabrication: l’ouvrier spécialisé (OS) a supplanté l’ouvrier qualifié (OQ).
Les ouvriers présents sur la photographie sont employés par Peugeot ; cette période s’accompagne aussi du triomphe du salariat.
De plus ces conditions de travail sont extrêmement difficile psychologiquement et physiquement : le travail est abrutissant et à l’épuisement psychologique s’ajoute l’épuisement physique liée à la répétition du geste et à la cadence imposée par la chaîne de travail.
4. Présentez le document 2. Dans quel cycle de croissance s’inscrit-il ? Quelles en sont les caractéristiques ?
Le document 2 est une caricature publiée en juillet 2012 et réalisée par Burki. Elle dénonce la fermeture du site d’Aulnay sous Bois par le groupe PSA Peugeot Citroën. L’arrêt de la production dans l’usine d'Aulnay-sous-Bois pour 2014 va s’accompagner de la suppression de 8.000 emplois en France. Ce document s’inscrit dans le contexte de croissance molle qui débute avec la crise des années 70. Désormais, les taux de croissance des PDEM sont désormais très faibles contrairement à ceux des pays émergents qui restent élevés.
5. En confrontant les documents 1 et 2, identifiez et expliquez les mutations sociales qui sont survenues.
Dans le document 2, nous voyons des machines prendre le pouvoir sur les ouvriers ; ceux-ci sont désormais chassés de l’usine à la chaîne ! L’auteur dénonce les ravages de l’automatisation qui entraîne la suppression des emplois d’ouvriers spécialisés. Dans des usines pratiquement vides d’ouvriers, ne subsistent que quelques emplois d’ouvriers qualifiés assurant le réglage et la maintenance des machines. Dans la caricature, seul le patron triomphant subsiste et continue à produire des voitures. Ainsi, entre ces deux périodes (1948 à nos jours), on assiste à un recul de l’emploi industriel (désormais la population active occupe à 70% des emplois tertiaires). Les ouvriers ne représentent plus que 20% de la population active. Certains métiers ont disparu (mineur) ou reculé (cheminot, métallurgiste) tandis que d’autres (souvent qualifiés) se sont affirmés (une fracture s’est creusée entre les OS qui occupent les emplois les plus pénibles et les ouvriers qualifiés [techniciens, contremaître]) On parle même aujourd’hui de société postindustrielle car l'économie et la société reposent beaucoup moins sur la production industrielle et agricole que dans les siècles précédents.
Les ouvriers chassés par les machines sont, nous l’avons vu, souvent des ouvriers sans qualification ; ils se retrouvent donc au chômage et ont de difficultés à retrouver un emploi. Cette période se caractérise donc par le chômage de masse. Dans ce contexte les emplois précaires se sont multipliés (travail à temps partiel, travail temporaire, emploi précaire…).
Dans un monde de plus en plus mondialisé, marqué par la dérégulation des flux financiers, les entreprises doivent faire face à la concurrence à la concurrence des pays à bas coûts ; on assiste à l’essoufflement du modèle fordiste et au déclin des industries traditionnelles. De nombreuses entreprises choisissent de délocaliser (désindustrialisation) et / ou d’automatiser au maximum leur production (division internationale du travail).
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