Document 1. Dessin publicitaire présent au dos des boîtes de Banania à partir de 1915 (dessin réalisé par de Andréis)
« En 1912, le journaliste Pierre Lardet ramène d’un voyage au Nicaragua une boisson chocolatée à base de farine de banane, de céréales pilées, de cacao et de sucre. Il
entreprend alors de se lancer dans la production industrielle Il dépose sa marque en 1914. En 1915, il décide d’utiliser l’image du tirailleur sénégalais pour représenter sa
marque. »
1. Présentez le document.
Ce document source est un dessin publicitaire réalisé par De Andréis pour la boisson chocolatée
Banania en 1915. La France a alors achevé la conquête coloniale. Engagée dans le premier conflit mondial , elle fait appel à ses troupes coloniales pour l’aider à remporter la
victoire.
Cette publicité vante les mérites de cette boisson chocolatée.
2. De quelle situation profite Pierre Lardet pour lancer massivement son produit ?
Pierre Lardet profite de la guerre et de la popularité ders troupes coloniales pour lancer son produit. La France est alors en guerre contre
l’Allemagne.
3. Quels stéréotypes à la fois physique et intellectuel Pierre Lardet souhaite-t-il exploiter auprès des consommateurs ? Répondez en complétez le tableau
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Stéréotype physique
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Stéréotype intellectuel
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stéréotypes
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L’Africain est présenté comme un homme fort, robuste.
L’Africain est aussi perçu comme un homme sauvage (1).
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L’Africain est présenté comme un grand enfant, naïf.
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Eléments justificatifs
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Le tirailleurs est en pleine forme physique. La boisson chocolatée est là pour entretenir, voir renforcer cette disposition « naturelle »
Il est placé dans son environnement naturel : la savane.
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Il sourit comme un enfant en dégustant sa boisson chocolatée. De plus il s’exprime en « petit nègre » (y’a bon). Cela
montre le mépris général des Français pour les langues africaines, qui ne pouvaient être, à leurs yeux, qu'inférieures. Il était admis que Les Africains avaient du mal à maîtriser
une langue considérée plus complexe que la leur (CF module)
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(1). CF. « A propos de la race nègre » de Louis Figuier dans son ouvrage
intitulé « Les races humaines » , Hachette, Paris, 1885. « Ses lèvres sont proéminentes, son front bas, ses dents en saillies, ses cheveux laineux, à
demi-frisés, sa barbe rare, son nez large et épaté, son menton en retrait, lui donnent un aspect spécial parmi tout le reste des races humaines. » Il ne faut pas oublier que nous
sommes dans un contexte scientifique marqué par le positivisme et particulièrement le darwinisme. Les travaux de Darwin sur l’origine et l’évolution de l’espèce humaine
(Sur l’origine des espèces, 1859 )
ont été largement repris et commentés. Les scientifiques opèrent des classifications raciales et tentent de définir les caractéristiques raciales. Au delà de la
classification, certains opèrent une hiérarchie des races. Au somment, la plus évoluée : la race blanche et au plus bas, la moins évoluée (la plus proche du stade animal), la race noire. Ce
discours est largement « vulgarisé ».
4. Quel type de regard les Européens portent sur les Africains ? En quoi ce regard est-il une justification de la domination coloniale ?
Les Européens (et en l’occurrence ici les Français) portent un regard raciste sur les Africains. Ils se considèrent comme supérieurs, détenteurs de la civilisation
qu’ils se doivent de diffuser. Cette bonne conscience de l’Europe est une des justifications de la domination coloniale. Ainsi, le colonisateur est investi d’une mission
civilisatrice (Il doit apporter les bienfaits de la civilisation à ces « indigènes » )
5. Quels ingrédients composent cette boisson chocolatée ? D’où peuvent-ils provenir selon vous ? Où sont-ils transformés. Justifiez. Quel type d’économie cela
suppose ?
Les ingrédients qui composent cette boisson chocolatée sont la farine de banane, des céréales pilées, du cacao et du sucre. Ils proviennent en partie des colonies.
Mais leur transformation se fait en France (CF : usine de Courbevoie sur le paquet de Banania). Cela suppose une économie de traite. En effet les colonies sont pour la
France une réserve de matières premières. Dans le cadre de plantations, l’agriculture commerciale y a remplacé l’agriculture vivrière. Ces ressources agricoles (cacao, banane)
sont transformées en France pour ensuite être vendues sur le marché français ou dans les colonies. l’économie des colonies est donc une économie extravertie (la colonisation a permis l’insertion
de ces territoires dans une économie mondialisée) mais c’est une économie entièrement dépendante de la métropole qui repose sur des flux inégaux