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Ce blog pédagogique d'histoire-géographie et d'éducation morale et civique (E.M.C.) tire son nom d'un terme issu du parler gaga (le parler stéphanois) ; le cafuron (window in english !) est une lucarne ou un oeil de boeuf éclairant un réduit. Ce blog s'adresse tout autant aux élèves du lycée Jacob Holtzer (Firminy- Loire) qu'à un public plus large. Bonne visite !

08 May

Berlin, enjeu de guerre froide (correction DS)

Publié par Louis BRUN  - Catégories :  #première

Sujet :  La guerre froide, conflit idéologique, conflit de puissances : une étude, Berlin (1945-1989)

 

Consignes : après avoir présenté chacun des documents, vous montrerez en quoi ils nous montrent que Berlin est un des lieux majeurs de l’affrontement entre le camp occidental et le camp soviétique entre 1945 et 1989.  

Document 1. Le blocus de Berlin vu par un caricaturiste  allemand. Der Tintenfisch, juillet 1948

Berlin, enjeu de guerre froide (correction DS)

Document 2. La chute du Mur de Berlin vue par le caricaturiste français.  Plantu,  Le Monde, 11 novembre 1989

Berlin, enjeu de guerre froide (correction DS)

La phrase « Ich Bin ein berliner »est une allusion au discours prononcé par le président américain J.F. Kennedy à Berlin le 26 juin 1963 condamnant la construction du mur et défendant la liberté face à l’oppression soviétique.

 

 

 

Les deux documents proposés sont des caricatures. La première a été publiée dans le journal allemand  Der Tintenfish en juillet  1948. Ce document est à replacer dans le contexte du blocus de Berlin qui vient à peine de débuter ; il dénonce l’attitude des soviétiques symbolisés par  la surreprésentation su soldat soviétique. La seconde caricature a été réalisée par le caricaturiste français Plantu  et  a été publié par le journal Le Monde  le 11 novembre 1989.  Elle célèbre la chute du mur de Berlin qui vient de survenir.

Ces deux documents couvrent donc une période étendue et nous permettent d’appréhender l’enjeu de guerre froide qu’a représenté Berlin de 1948 à 1989. Ce terme caractérise les rapports Est-Ouest dont l'objectif est d'assurer la domination ou la sécurité  de chacun des blocs (soviétique et occidental) par l'emploi de tous les moyens dont ils disposent à l'exception de l'affrontement direct et généralisé.

Berlin va ainsi devenir un point de confrontation entre le modèle soviétique (stalinisme) et le modèle occidental (démocratie libérale).

 

En 1945, Berlin est en ruine. La ville a été bombardée et presqu'en entièrement détruite. D'ailleurs le document 1 évoque cette situation en représentant des ruines aux pieds des personnages. De plus, les vainqueurs occupent désormais l'ancienne capitale du Reich comme nous le prouve sur le document  la présence des 4 soldats sur le tabouret ; ainsi Berlin mais aussi l’Allemagne connaissent une occupation quadripartite depuis 1945. Américains, Français et Britanniques occupent l’Allemagne de l’Ouest et Soviétiques contrôlent l’Allemagne de l’Est. Berlin, située au cœur de la zone d’occupation soviétique connait aussi cette partition : Berlin-Est est occupée par les Soviétiques et Berlin-Ouest par les Occidentaux. D'ailleurs la disposition du dessin suggère cette répartition : les 3 soldats occidentaux constituent un même ensemble et sont positionnés à l'ouest de la chaise. Cette enclave occidentale en zone d’occupation soviétique est suggérée par la position délicate des trois soldats occidentaux, qui, poussés par le soldats soviétique, risquent de tomber. La situation de Berlin est donc particulièrement délicate : elle met face à face les deux grands vainqueurs de la guerre : elle se retrouve être un point de confrontation directe entre Soviétiques et Américains dans le cadre de la guerre froide naissante.

Dès 1945,  les puissances occupantes adoptent une attitude divergente vis à vis de l’Allemagne : les soviétiques affaiblissent le vaincu, démantèlent les usines pour les installer en URSS et collectivisent les moyens de production. Cette attitude punitive est suggérée par le soldat de droite écrasant la ville avec ses pieds.  Par contre les Occidentaux décident de renoncer aux sanctions et d’aider l’Allemagne à se relever économiquement. En 1948 les Occidentaux unifient leur zone et créent une monnaie unique, le Deutschemark, prélude à la création d’un Etat allemand ainsi nous voyons sur le document 1 que,  contrairement aux soldats soviétiques, les  occidentaux, sous-représentés, n'écrasent pas la ville; au contraire on peut voir qu'ils distribuent des marks ! . C’est ce qui déclenche la première crise de  Berlin : Staline organise le blocus de Berlin Ouest (26 juin 1948 – 12 mai 1949)  en coupant les voies d’accès des Occidentaux : voies ferrées, routes et canaux sont fermés. Par cette stratégie, il veut étouffer la ville et la faire basculer dans sa zone d’influence. C’est ce que montre  cette caricature : le soldat soviétique veut faire tomber les occidentaux pour se retrouver seul sur le tabouret ! L’auteur dénonce ainsi l’impérialisme de l’URSS ; pour surmonter cette prise d’otage, les Occidentaux réagissent en organisant un pont aérien pendant pratiquement un an, alimentant ainsi la ville. Nous voyons sur la caricature des colombes de la paix transporter des soins, allusion directe au pont aérien organisé pour aider les Berlinois de l'Ouest à faire face au  blocus.  Ce bras de fer est remporté par les Occidentaux puisque le blocus est finalement levé ;  La crise débouche sur  la création de deux états allemands : la RFA à l’Ouest en mai 1949 (République fédérale d’Allemagne) et la RDA à l’Est en octobre 1949 (République démocratique allemande).

Berlin Est devient la capitale de la RDA tandis que Berlin Ouest bénéficie d’un statut spécial au sein de la RFA.

Le document 2 nous permet d’identifier le mur de Berlin édifié en 1961 ainsi qu’un mirador situé dans Berlin-Est assurant sa surveillance. On y voir deux gardes soviétiques (étoile rouge sur la chapka).  Malgré une certaine amélioration des relations entre Soviétiques et Américains, Berlin reste  un foyer de tension entre les deux blocs. Khrouchtchev considère d’ailleurs  Berlin Ouest comme une «  tumeur cancéreuse ».   Les Soviétiques et dirigeants Est-allemands optent alors pour une solution qu’ils jugent défensive au problème de Berlin : la construction du mur est annoncée dans la soirée du 12 août 1961. Cette décision est  justifiée par deux objectifs : mettre un terme à la propagande occidentale et freiner les départs des ressortissants de la RDA vers l’Ouest. Ce mur de la honte est aussi le reflet de la division de l’Europe et du monde en deux blocs. Face à cette situation la réaction des Occidentaux est finalement faible et se limite à des condamnations verbales ; ainsi le document fait-il allusion à la visite du président des Etats-Unis J.F. Kennedy  à Berlin-Ouest et à son célèbre discours de juin1963 ;  il y dénonce cette situation et se fait le défenseur de la liberté face à l’oppression soviétique en se considérant lui-même comme Berlinois. Cette époque n’est pas propice à la confrontation car depuis 1962, les deux Grands sont entrés dans une période de détente.

Enfin ce document 2 revient sur la chute du mur de Berlin survenue le 09 novembre 1989. On y voit un bulldozer en train de défoncer le mur ; il est accompagné  d'une foule  heureuse de manifestants à l’arrière-plan ; les deux soldats sur le mirador sont passifs et observent incrédules la scène. La joie des manifestants mais aussi le soleil radieux traduisent la fin d’un enferment, la libération de ces populations soumises et l’espoir d’un avenir meilleur.  Enfin La phrase du conducteur :  « Ich bin ein Berliner» illustre le sentiment de tous les Berlinois d’ appartenir  à la même communauté et à la même ville.

 La chute du mur de Berlin en novembre 1989 s’inscrit dans le contexte des révolutions en Europe de l’est, favorisées par la politique de réformes de Gorbatchev. Sa politique de glasnost et de perestroïka change la donne et favorise la contestation dans le bloc communiste. Alors que les démocraties populaires se libèrent toutes progressivement de la tutelle soviétique, un exode massif des Allemands de l’Est  par la Hongrie pour atteindre ensuite la RFA et des manifestations provoquent le départ du chancelier Est Allemand, Erich Honecker.  le 9 novembre 1989 : le mur de Berlin tombe et la victoire est attribuée aux manifestations organisées par la population est-allemande.  Cet évènement symbolise la fin de la guerre froide. Un an plus tard, les 2 Allemagnes sont officiellement réunifiées.

 

En confrontant ces documents, on comprend ainsi que Berlin  a été la ville qui symbolise le mieux l'affrontement Est-Ouest : elle a mis face à face deux modèles idéologiques opposés : la démocratie libérale et le stalinisme. Elle a symbolisé la bipolarisation du monde.

La situation de Berlin est également révélatrice de la guerre froide par les conflits  (deux crises de Berlin) qui s’y déroulent mais aussi par les phases de détente qui reflètent l’évolution des relations internationales : c’est bien un  pays et un peuple  interposés entre les 2 Grands. Toutefois le pire est toujours évité. C’est enfin révélateur de l’échec du communisme.

 

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