Mémoires de la guerre d'Algérie dans la vallée de l'Ondaine - L'exposition photographique
Le projet Mémoires de la guerre d'Algérie dans la vallée de l'Ondaine s'est aussi décliné sous la forme d'une exposition photographique ; 10 élèves avaient sélectionnés 18 photographies (parmi une banque d'images) et écrit les commentaires pour les mettre en perspective.
L'exposition peut toujours être toujours empruntée au lycée Jacob Holtzer (me contacter si besoin). Vous pouvez la découvrir ci-dessous.
10 témoins, 10 histoires, Louis Brun, photomontage, archives personnelles, 2013.
En 2012-2013, deux classes de première S du lycée Jacob Holtzer (Firminy- Loire) ont participé à un projet pédagogique intitulé « Mémoires de la guerre d’Algérie dans la vallée de L’Ondaine » ; ce projet était centré sur la rencontre de dix témoins locaux (appelés du contingent, syndicalistes, nationalistes, rapatriés) et avait pour objectif de confronter leurs expériences de guerre.
Il s’agissait également de créer un lien transgénérationnel entre les élèves et des témoins qui ont, pour certains, l’âge de leurs grands-parents ou arrières grands-parents
Paysage de la vallée, photo de René Commère | Madame H, fille de harki | Paysage de la vallée, photo de René Commère |
Gérard Bonnand, membres des jeunesses communistes | Bernard Samuel, appelé du contingent à la tête d’une harka | Michèle Chaffraix, fille de Jean Pleynet, responsable CFTC |
Camille Soutrenon, responsable CFTC | Belkacem Belahmadi, militant FLN | Jean Pierre Lafée, appelé du contingent, artilleur en Kabylie |
Claudius Chatelard, appelé du contingent, incorporé au sein de CRALAT (compagnie de réparation d’aviation légère de l’armée de terre) | Mohamed Djouahra, enfant de la guerre | Suzanne Soler, rapatriée d’Algérie |
Départ pour l’Algérie, Claudius Chatelard, archives personnelles, 1958-1959.
Plusieurs soldats français en uniforme montent dans le train les conduisant à Marseille pour embarquer en direction de l’Algérie.
Si la guerre a débuté en 1954, la France a recours massivement aux appelés du contingent à partir d’avril 1956. Ces jeunes inexpérimentés sont plongés dans la guerre.
Bernard Samuel, debout à gauche, à la tête d’une harka près de Menerville (aujourd’hui Thenia), Bernard Samuel, archives personnelles, 1959
Pour mener à bien ses opérations militaires, l’armée française recrutait des soldats algériens ; rassemblés au sein d’une harka, les harkis maîtrisaient la langue et connaissaient parfaitement le terrain.
Claudius Chatelard (deuxième en partant de la droite) à côté d’un avion détruit dans le Constantinois, Claudius Chatelard, archives personnelles, 1958-1959.
Claudius Chatelard était incorporé au sein du CRALAT (Compagnie de réparation d’aviation légère de l’armée de terre) ; non exposé directement au combat, la guerre se manifestait à ses yeux par les avions détruits qu’il fallait récupérer et réparer. .
Dans la chambrée entre camarades, Jean Pierre Lafée, archives personnelles, 1958-1960.
C’est dans leur chambre que les soldats pouvaient se détendre, lire les lettres qu’ils recevaient. Il y a également dans cette chambre de nombreuses photos accrochées aux murs ainsi que des objets personnels.
On remarque aussi la présence de leur arme, rappelant le danger permanent auquel ils étaient confrontés.
Loin du nid, Jean Pierre Lafée, archives personnelles, 1958-1960.
Sur cette photographie, la guerre semble lointaine ; un moment simple où l’on profite des beautés naturelles de l’Algérie.
Bernard Samuel écrit une lettre à ses proches, Bernard Samuel, archives personnelles, 1959.
Les lettres étaient le seul moyen de rester en contact avec ses proches (sa famille, une fiancée) ; si nos témoins n’ont pas été victimes de censure, ils reconnaissent avoir eux-mêmes embelli le contenu de leurs lettres afin de rassurer leurs proches.
Contrôle dans un village dans le Constantinois, Claudius Chatelard, archives personnelles, 1958-1959.
Des soldats français procèdent à une fouille dans un petit village à la recherche d’armes et de combattants indépendantistes ; seuls les femmes et les enfants semblent être présents.
Algériennes dans la région de Menerville (aujourd’hui Thenia), Bernard Samuel, archives personnelles, 1959.
Certaines zones du territoire algérien étaient interdites à la population ; il s’agissait d’isoler les combattants de l’Armée de libération nationale (ALN), bras armé du Front de libération nationale (FLN) ; la population y avait été évacuée et toute personne qui y circulait pouvait être abattue sans sommation.
La famille Soler en Algérie (Suzanne Soler est en robe de communion), Suzanne Soler, archives personnelles, fin des années 50.
Photographie prise à Sidi-bel-Abbès (au Sud d’Oran), la famille Soler est rassemblée pour fêter la communion de Suzanne. Originaire d’Espagne, les Soler vivaient très modestement en Algérie.
Foyer de travailleurs nord-africains dans la vallée de l'Ondaine, Archives municipales de Saint-Etienne, Fond Léon Leponce, 5FI8429, 1940.
Ces travailleurs nord-africains, jeunes hommes célibataires pour la plupart, vivaient dans des conditions très difficiles : pas de chauffage, un grand lavabo collectif, des lits inconfortables… mais beaucoup de solidarité et de soutien entre eux.
Firminy, la manifestation des métallurgistes, Archives municipales de Saint-Etienne, Fond Léon Leponce, 5FI5763, 20 septembre 1955.
Presque inexistante en 1954, la mobilisation de la population contre ce conflit s’amplifie au fur et à mesure que les pertes chez les soldats du contingent deviennent importantes et que la guerre devient politiquement et militairement insoluble.
On peut voir de nombreuses personnes manifester ; ce sont aussi bien des Algériens que des Français. Sur les pancartes portées par la foule : « Paix, liberté » et « Non à la guerre ».
Grève à la moulerie malléable de la C.A.F.L., l'usine de Firminy, Archives municipales de Saint-Etienne, Fond Léon Leponce, 5FI5820, 13 juin 1956.
Au centre de la photo le bras levé, probablement Omar Haraigue au milieu d’une foule d’ouvriers. Ouvrier à la CAFL et syndicaliste CGT il devient par la suite responsable du FLN dans la vallée de l’Ondaine puis pour l’ensemble de la région sud-est ; il organise le recrutement d’Algériens pour le mouvement nationaliste afin d’éliminer les membres du MNA et d’ouvrir en France un « second front » contre les autorités françaises.
Manifestation à Firminy contre la guerre d’Algérie, Archives municipales de Saint-Etienne, Fond Léon Leponce, 5 FI 9201, 1956.
Une foule manifestant contre l’envoi de renforts en Algérie et pour le retour des appelés du contingent. Grande rue de Firminy, à proximité de la place du Breuil.
Saisie d’armes à Firminy, Photo prise par l’agence Continentale, Louis BRUN, archives personnelles, 06 février 1958.
Grosse saisie d’armes dans une cabane de jardin à Firminy. Cela montre la détermination des membres du FLN et l'organisation de ce mouvement.
Pistolets automatiques, grenades, bâtons de dynamite, bombes artisanales et pistolets mitrailleurs servaient aux membres du FLN pour commettre des attentats contre les membres du MNA ou les autorités françaises.
L’OAS condamne à mort Jean Pleynet , syndicaliste CFTC, Combat ouvrier, Michelle Chaffraix, archives personnelles, janvier 1962.
Cet article de journal nous montre la détermination de l'OAS et son action dans le département de la Loire. L'OAS condamne à mort Jean Pleynet, secrétaire de l'Union locale de la C.F.T.C. du Chambon Feugerolles.
L’engagement de certains syndicalistes en faveur de l’indépendance algérienne les exposait à des représailles de la part des partisans de l’Algérie française dans les derniers mois de la guerre.
Jean Pleynet (au centre), père de Michèle Chaffray, lors d’une réunion syndicale, Michèle Chaffraix, archives personnelles, Non datée.
Au centre de la photo, Jean Pleynet, secrétaire de l’union locale de la CFTC du Chambon-Feugerolles. Partisan de l’Algérie indépendante il a entretenu des liens étroits avec certains membres du FLN en France. Il a ainsi plusieurs fois hébergé des nationalistes algériens chez lui. Condamné à mort par l’OAS en janvier 1962, il a échappé à la mort grâce notamment à la mobilisation de ses camarades de travail qui l’ont protégé.
Pétition des personnels et élèves du lycée Jacob Holtzer (école pratique de garçons) contre l’OAS, Archives départementales de la Loire, 20J, 1961
Au sein même de notre lycée, pendant la guerre, les élèves et les professeurs étaient concernés par ce combat. Cela prend la forme d'une pétition contre l'OAS, pour des négociations et la paix en Algérie.
Firminy-Vert au début des années 60, René Commère, archives personnelles, Début des années 60.
Construit pour lutter contre le problème de l’insalubrité auquel Firminy était confronté, le quartier de « Firminy-vert » a également permis d’accueillir de nombreux rapatriés d’Algérie (« Pieds-Noirs » et « harkis ») dont madame Soler et sa famille.
Descriptif de l'exposition photographique téléchargeable au format pdf