Objets Migrateurs de Xavier Pagès
L'exposition Objets Migrateurs est le résultat d'une récolte de témoignages de personnes issues de l'immigration sur la thématique de la transmission culturelle. La première de cette exposition aura lieu du 19 au 30 novembre au Grand Lux à St Etienne dans le cadre du Forum Traces et de la programmation off de la
biennale de design.
L' exposition comprend 20 triptyques photographiques associés à 20 bornes d'écoute dotées de 2 casques chacune. Ainsi 40 personnes peuvent écouter des témoignages
simultanément.
Cette exposition s'adresse aussi bien aux particuliers qu'à un public scolaire. Ainsi, lors de ces visites les élèves sont invités à écouter deux ou trois
témoignages chacun ( environs une demi-heure) puis à engager un dialogue où chacun pourra raconter ce qui l'aura entendu et confronter leurs propres expériences à ces
histoires.
Je vous laisse décourvir ci-dessous le descriptif du projet engagé par Xavier Pagès
Histoires d’immigration et transmission culturelle
Un projet photographique et sonore de l’association
EXO–K,
Porteurs du projet : Xavier Pagès, photographe et
Philippe Barbier, musicien
L’immigration est un sujet social qui peut se borner à une analyse chiffrée. N’est-il pas préférable de créer des ponts ?
Transmission et interpénétration culturelle
L’immigration est l’expérience d’un déracinement d’une culture d’origine et de la construction d’identités multiples ; l’une, quotidienne, est le résultat d’une participation à la société
dont le migrant est membre, l’autre se réfère à la culture originelle, plus diffuse et qui exprime une sorte de fidélité à des origines familiales connues ou inconnues mais bien présentes dans
les esprits. Leurs pratiques n’étant jamais figées, elles finissent par se mêler ou se juxtaposer aux modes de vie du pays d’accueil.
L’immigration pose la
question de la permanence de l’identité culturelle, de l’usure du temps et des événements sur celle-ci.
Récolte des histoires
Nous récoltons des histoires d’immigration racontées par la deuxième, troisième génération ou par des primo-arrivants. Ce qui nous intéresse, ce sont les notions de transmission et
d’interpénétration culturelle qui se cristallisent à travers les objets. Nous demandons, lors de nos rencontres, que les personnes interviewées choisissent un objet qui évoque ces
« traces » culturelles et intimes.
Les
thèmes abordés lors de l’interview, sont l'histoire de leur immigration ou celle de leurs parents, la transmission de leur culture, la description, l'histoire de l'objet et son pouvoir
évocateur.
Le travail se passe au domicile des personnes qui nous ouvrent à leur témoignage. Nous devenons leur hôte pour quelques
heures.
La photographie et le son
La photographie devient alors un regard subjectif, elle place des repères précis sur la personne et l’objet choisi. En contrepoint, le récit récolté apporte une troisième dimension : celle
de l’espace sonore, d’une voix, le temps de la rencontre, un temps de vie.
Toujours en triptyque, pour
une série d’une trentaine de « portraits », les photos abordent à chaque fois le même procédé :
Une photo en ombre chinoise devant une fenêtre du domicile de notre « hôte » - interstice de la situation géographique ; apparence suggérée
de la personne
Une photo de l’objet choisi dans les mains de cette même personne – rapport physique à l’objet ; façon toute personnelle d’être face à l’objet, de
nous le montrer, de transmettre son histoire
Une photo de l’objet in situ, à sa place habituelle – transport dans l’intimité quotidienne ; situation
dans l’espace intime
Méthodologie de la récolte
Nous suivons la méthodologie proposée par le guide « Aide mémoire(s) » du musée Gadagne et des archives municipales de Lyon. Cela dans le but d’une future exploitation et conservation
des données récoltées ( dans notre cas un stockage numérique ). Pour chaque interview, nous signons une autorisation d’exploitation et établissons une fiche d’identification. Nous avons présenté
le projet à Tristan Vuillet des archives municipales, afin de valider notre démarche. De plus, un suivi de la réalisation du projet est proposé aux archives municipales de Lyon et au centre
mémoire et société de Villeurbanne.
La région lyonnaise a vécu les différentes vagues
d’immigration du 20éme siècle, elle se caractérise donc par une richesse de communautés différentes et la présence active de structures sociales en contact avec ces populations. Afin de
rencontrer des personnes susceptibles de nous confier leur témoignage, nous collaborons avec différentes structures impliquées dans le tissu social, tels les centres sociaux et les associations
culturelles.
Objectif du projet
La réalisation finale de ce projet est une exposition où chaque témoignage sera diffusé avec son triptyque photographique. Dans un premier temps le
résultat des témoignages sera exposé dans le cadre des activités des partenaires sociaux de la région lyonnaise, que ce soit dans leurs locaux ou dans un lieu fédérateur. Par la suite, cette
exposition aura pour vocation d’être diffusée le plus possible. Actuellement nous sommes en contact avec : le festival Traces 2008 à Lyon, Confluences à Paris, Le Grand Lux à St
Etienne.
Il est évident que ce rapport à l’objet questionne au-delà d’un fait migratoire : nous nous trouvons ici face à l’humain. L’impermanence de l’être, le fondement de son identité dépasse même
sa propre existence. Une transmission dont il n’est qu’un fil conducteur, un lien entre un avant et un après.
À quel moment ces objets chargés d’une culture réelle ou imaginaire, fantasmés, deviennent-ils vecteurs d’identité ?
Dans un désir de rencontre, notre travail incarne à son tour la transmission. Montrer un anodin, un quotidien, là, présent, factuel, qui renvoie en miroir à son postulat de départ :
qu’est-ce que l’identité ? Qu’est-ce que mon identité ?
Charge à chacun de trouver dans ces triptyques ses points communs et ses réponses.
Extraits de témoignages :
Six témoignages ont été déjà réalisés et
montés.
(…) C'est ma ceinture, enfin ce n'est pas la mienne, elle a appartenu à ma grand-mère. Je
l'ai vue sur elle, elle la portait comme soutien-gorge ou pour danser dans les mariages. C'est un objet de femme. Je l'ai très peu connue. J'ai du mal à l'expliquer… Peut être que cela me
rappelle quelqu'un qui m'a manqué. J'ai le souvenir de cette femme en complet décalage avec ce que je vivais. En fait, cet objet, ma mère ne me l'a pas transmis, c'est moi qui me suis permis de
le prendre (…)
(…) Mes parents trouvaient importants que nous parlions le français, donc ils nous ont appris le français et le serbe. Quand nous étions petits on parlait beaucoup plus le serbe à la maison et le français à l'extérieur, à tel point que je mélangeais les mots ; c'est une période où pour chaque chose il y a un mot que l'on préfère dans chaque langue. C'est à ce moment que l'on découvre qu'il y a deux cultures, presque deux façons de penser (…)
(…) J'aime bien ces petites cafetières, notamment quand elles sont rouges comme cela. Elles me rappellent quand j'étais petit, elles avaient toute cette forme, c'était la période communiste en Serbie, où tous les objets
étaient fabriqués en série (…)
Les témoignages sont à écouter et voir sur : http://www.xpages-photographe.com/immigration/html
Contacts : EXO-K 4 rue du Bât d’argent 69001 Lyon, Xavier Pagès Tél. 06 79 83 11 29 / contact@xpages-photographe.com, Philippe Barbier Tél. 09 54 48 48 22 / orpheobaltazar@free.fr