Etude d’un ensemble documentaire
Sujet : La France et son empire colonial
La correction est développée. Elle permet d’approfondir le cours
Exercice 0. La lecture et l’analyse du sujet :
1. Lisez le sujet. Que va devoir montrer votre réponse argumentée ?
Le sujet nous invite à montrer les relations que la France, c’est à dire la métropole, entretient avec son empire colonial.
Le sujet va donc nous inviter à identifier quelles sont ces relations. Il faudra donc se demander à quoi correspond cet empire colonial.
Il convient de constater qu’aucune borne chronologique n’est indiquée. Mais la lecture des documents (et de la chronologie complémentaire) nous permettent de voir
que le sujet ce place sur la longue durée (des origines à l’effondrement de l’empire colonial). Par conséquent, le sujet va certainement nous conduire à montrer l’évolution des relations
entre la France et son empire colonial.
Exercice de la première partie. Analyser l’ensemble documentaire en répondant aux questions
1. A l’aide de vos connaissances, expliquez où s’étend l’empire colonial français ? rappelez brièvement les étapes de sa formation (chronologie)
A son apogée, l’empire colonial français est vaste ; c’est le deuxième empire colonial derrière celui du Royaume Uni. Il comprend une partie du
Maghreb (Maroc, Algérie, Tunisie) et s’étend surtout en Afrique occidentale et équatoriale. Il convient d’ajouter Madagascar.
En Asie, la principale possession française correspond à l’Indochine. Enfin à ce vaste ensemble , il convient d’ajouter la nouvelle
Calédonie, La Polynésie en Océanie ainsi que la Guyane, La Guadeloupe, la Martinique…en Amérique
La constitution de l’empire colonial est précoce. En effet, elle débute au début du XIX° siècle pour s’achever à la veille de la première guerre. La
France s’assure très tôt le contrôle de l’Algérie, ancienne possession de l’empire Ottoman. La conquête se poursuit durant la seconde moitié du XIX° siècle avec la conquête de la
Nouvelle Calédonie et l’Indochine. A la fin du XIX° siècle, les conquêtes s’accélèrent : la France achève ses conquêtes en s’assurant le contrôle de la
Tunisie et du Maroc (pour le Maghreb) et surtout des territoires d’Afrique noire
2. Comment évoluent le regard et la politique de la France envers les peuples des colonies (doc. 1, 2 et 3) ?
L’affiche publicitaire de Banania réalisée en 1917 nous présente un tirailleur sénégalais en train de boire un cacao. Cet affiche nous
présente la représentation stéréotypée du noir telle que pouvais l’avoir le français. Tout d’abord la les caractéristiques physiques (raciales) du noir son
repris ici.
(CF. « A propos de la race nègre » de Louis Figuier dans son ouvrage intitulé « Les races humaines » ,
Hachette, Paris, 1885. « Ses lèvres sont proéminentes, son front bas, ses dents en saillies, ses cheveux laineux, à demi-frisés, sa barbe rare, son nez large et épaté, son menton en
retrait, lui donnent un aspect spécial parmi tout le reste des races humaines. » Il ne faut pas oublier que nous sommes dans un contexte scientifique marqué par le positivisme et
particulièrement le darwinisme. Les travaux de Darwin sur l’origine et l’évolution de l’espèce humaine (Sur l’origine des
espèces, 1859 ) ont été largement repris et commentés.
Les scientifiques opèrent des classifications raciales et tentent de définir les caractéristiques raciales. Au delà de la classification, certains opèrent une hiérarchie des races. Au somment, la
plus évoluée : la race blanche et au plus bas, la moins évoluée (la plus proche du stade animal), la race noire. Ce discours est largement « vulgarisé ».
Aux caractéristiques physiques s’ajoutent les caractéristiques intellectuelles. Le Noir
apparaît comme un grand enfant : le sourire du Sénégalais traduit une certaine insouciance, naïveté qui est celle de l’enfance. Cette idée est accentuée par le slogan « y’a
bon ». Le Sénégalais par le « petit nègre ».
à voir module sur Tintin au Congo : Le « petit nègre » employé ici est caricatural, il montre le
mépris général des Français pour les langues africaines, qui ne pouvaient être qu'inférieures. Les Noirs avaient donc du mal à maîtriser une langue plus complexe que la leur !
Le document n° 2 est le prolongement de cette vision : les indigènes sont certes des hommes (le ministre
des colonies Albert Sarraut éprouve la nécessité de le rappeler en 1931) et la France entend donc garantir aux indigènes des droits fondamentaux qui sont
ceux de l’homme.
Ainsi, le colonisateur est investi d’une mission civilisatrice. Cette mission civilisatrice est une des justifications de la colonisation. Il
doit apporter les bienfaits de la civilisation à ces indigènes ; les Français ont donc choisi la voie de l’assimilation et donc de l’administration directe
(administration centralisée) . Les indigènes sont donc sensés avoir les mêmes droits et devoirs que n’importe quel autre citoyen Français de métropole.
Le programme politique : les Français doivent apporter la sécurité interne, la paix sociale, la paix entre
les tribus et assurer une justice équitable
Le programme sanitaire : Les Français doivent apporter le savoir médical et mettent un terme aux
épidémies. Cette politique sanitaire n’est pas dénuée d’intérêt : il fut « gérer », « préserver » au mieux cette main d’œuvre indigène.
Le programme culturel :Les Français doivent assurer la promotion intellectuelle par un programme de
scolarisation.
Le programme social : les Français doivent garantir aux indigènes un partage équitable des terres, assurer
la protection sociale de la main d’œuvre.
Le ministre prévoit enfin (« dans une mesure légitime et convenable ») une certaine participation politique. Les "Indigènes" doivent être des
citoyens (mais des citoyens de seconde zone).
En 1944, Lors de la conférence de Brazzaville (doc. 3) , la politique d’assimilation et d’administration
directe sont réaffirmées. Toute idée de self-government est écartée.
3. Dans quelle mesure ces réformes sont-elles appliquées ? Montrer les ambiguïtés, voire les contradictions, de la position de la France. (doc.. 2 et 3).
La différence entre le discours officiel et la réalité est énorme. Les indigènes restent dans une situation d’infériorité sociale, culturelle (L’accès au soin, à
l’enseignement est vraiment inégal àvoir situation des Algériens à la veille de la guerre d’Algérie) juridique
(code de l’indigénat) et ne bénéficient d’aucun droit politique : ils ne peuvent donc participer à l’administration de la colonie.
De plus ce principe d’assimilation nie l’originalité des peuples indigènes : ils doivent perdre leur culture, leur langue et adopter les valeurs, la langue
et mode de vie français. En effet cette mission civilisatrice suppose qu’il y a des civilisations supérieures à d’autres et que, par conséquent, les civilisations indigènes doivent disparaître.
Il convient aussi d’ajouter que cette domination s’accompagne de l’exploitation économique des colonies (« système des concessions »,
« rendement de cette main d’œuvre », « prolétariat », « travailleurs indigènes »). à
spoliation des terres, travail forcé, déplacement de population permettent la mise en place d’une économie de traite. (l’économie des colonies est
subordonnées à celle de la métropole)
Le communiqué final de la conférence de Brazzaville est ambigu : Si la politique d’assimilation est d’administration directe lors de la conférence en même
temps, le communiqué final entend donner aux colonies une « liberté administrative et économique ». » et entend « associé » les indigènes à la gestion de » leur
pays ». De plus, le communiqué sous entend que l’œuvre civilisatrice n’a pas été encore réalisé. (il s’agit de les « élever » pour que les peuples coloniaux puissent un jour
(date non déterminée !) être des citoyens à part entière).
4. Comment a évolué la politique de la France face aux mouvements d’indépendance ? Pourquoi ? (doc. 4 et 5)
La France a choisi dans un premier temps de répondre par la violence aux mouvements d’indépendance. Elle se lance à deux
reprises dans des guerres coloniales (guerre d’Indochine de 1946 à 1954 et guerre d’Algérie de 1954 à 1962). Sur le document 4 , la guerre coloniale apparaît comme un combat pour la
Liberté (les Français se scarifiant pour que triomphent les valeurs de la République contre la rébellion communiste). Dans le document n° 5 , le Général De Gaulle, alors président de la
République, explique que la guerre menée par la France est une guerre injuste et inutile. Plusieurs facteurs conduisent la France à faire évoluer sa position :
- le mouvement des indépendances apparaît irréversible et l’œuvre coloniale a été un échec (domination des Français d’Algérie sur des Algériens placés en situation
de subordination, le décalage culturel)
- le coût humain (des deux côtés) et l’impasse de la guerre
- l’évolution politique internationale (discrédit international, condamnation à l’ONU de la politique de La France)
- le coût financier (qui constitue un frein à la reconstruction de la France)
- l’évolution de l’opinion publique : progressivement l’opinion publique française accepte l’idée que la puissance de la France ne réside plus dans
l’empire colonial ; les horreurs de la guerre (notamment en Algérie) sont très vite connues et dénoncées (torture, envoi du contingent).
- la construction progressive de l’Europe (les intérêts de la France sont désormais en Europe à redéploiement stratégique)
5. selon vos connaissances, la décolonisation de l’empire français s’est-elle toujours faite dans la violence ?
- L'exemple de l'Afrique noire française
Les colonies d'Afrique noire accèdent aussi pacifiquement à l'indépendance pour 3 raisons essentielles :
La faible population d'origine européenne
La mobilisation de l'armée en Algérie
La priorité accordée par les autorités à la construction européenne
Ainsi après la création de communauté française en 1958 par De Gaulle qui accorde l'autonomie interne, les possessions d'Afrique noire accèdent à
l'indépendance en 1960 et conservent avec leur ancienne métropoles des liens de coopération.
Exercice de la deuxième partie .
A partir des réponses aux questions, des autres informations contenues dans les documents et de vos connaissances, rédigez une réponse organisée au sujet :
« La France et son empire colonial »
Phrase introductive
L’empire colonial a longtemps constitué pour les Français de métropole une fierté. Comment ont évolué les relations entre la métropole et ses
colonies ?
I. La constitution d’un vaste empire colonial (1830 – 1912)
1. Un empire vaste
2. une conquête réalisée en un moins d’un siècle
II. L’œuvre coloniale
1. Le regard des Français sur les "Indigènes" : de grands enfants
2. Un vaste programme de civilisation : assimilation et administration directe
III. L’échec de l’œuvre coloniale et l’effondrement de l’empire
1. Exploitation coloniale et échec de l’œuvre civilisatrice
2. L’effondrement de l’empire coloniale (1945 à 1962)