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Ce blog pédagogique d'histoire-géographie et d'éducation morale et civique (E.M.C.) tire son nom d'un terme issu du parler gaga (le parler stéphanois) ; le cafuron (window in english !) est une lucarne ou un oeil de boeuf éclairant un réduit. Ce blog s'adresse tout autant aux élèves du lycée Jacob Holtzer (Firminy- Loire) qu'à un public plus large. Bonne visite !

28 Jan

Le barrage de la Renaissance, un aménagement aux enjeux multiples

Publié par Louis BRUN  - Catégories :  #seconde

Vous pouvez découvrir ci-dessous la correction du devoir évaluant le chapitre consacré à "L'eau, ressource essentielle". Cette étude de cas permet de transposer les idées essentielles mises en évidence en classe.

 

Document 1. "Renaissance", un nouveau barrage sur le Nil

Document 1. "Renaissance", un nouveau barrage sur le Nil

Document 2. Quelques données chiffrées

Document 2. Quelques données chiffrées

Document 3. Le barrage de la discorde

 

Le 2 avril 2011, le gouvernement éthiopien a lancé les travaux de construction d'un nouveau barrage sur les eaux du Nil Bleu, dans l'État du Benshangdul Oumuz situé au nord du pays et à 40 km de la frontière soudanaise. 

Devenue une puissance régionale, l'Éthiopie revendique depuis plusieurs années un partage de l'or bleu plus équitable pour assurer son développement. Car, comble du paradoxe, ce pays, château d'eau de l'Afrique, affronte régulièrement la sécheresse et les famines qui en résultent. Sur les 3,7 millions d'hectares de terres agricoles, 3% seulement sont irriguées. Depuis quelques années, elle multiplie donc les projets de barrages sur le cours du Nil Bleu qui prend sa source au lac Tana, sur les plateaux d'Éthiopie, avant de confluer au bout de 1600 km avec le Nil blanc à Khartoum, au Soudan. Moins long que le Nil blanc, l'affluent éthiopien n'en est pas moins beaucoup plus fécond puisqu'il fournit 80% de l'eau qui abreuve les pays en aval.

Au terme de sa construction - prévu pour 2016, le barrage de la « Renaissance » sera le premier barrage hydroélectrique d'Afrique et le dixième du monde en termes de puissance. Ses objectifs sont doubles : prévenir les inondations (il permettra de retenir 62 milliards de m3 d'eau), et augmenter la production d'énergie électrique (sa puissance électrique devrait atteindre 5 250 mégawatts). Ainsi, l'Éthiopie pourra à la fois satisfaire ses propres besoins énergétiques et commencer à exporter de l'électricité aux pays voisins.

Les organismes internationaux se sont désolidarisés du projet car ils reprochent à l'Éthiopie l'absence de prise en compte des conséquences environnementales : aucun rapport d'évaluation des risques n'a été fourni alors qu'une vaste zone pourrait être inondée et une partie de l'écosystème disparaître. C'est donc l'État éthiopien qui finance presqu'exclusivement le projet (1).

Inquiets, les Égyptiens en ont fait une affaire de sécurité nationale. En 1875, l'Égypte et l'Éthiopie s'étaient affrontées en partie à cause d'une controverse relative au Nil et en 1978, le président Anouar el-Sadate avait menacé son homologue éthiopien, le général Mengistu, de représailles s'il se mettait en tête de retenir une partie des eaux du fleuve. En 2010, le gouvernement égyptien avait une nouvelle fois durci le ton, prévenant que «les droits historiques (de l'Égypte) restent une ligne rouge» (2).


D'après Myriam Amarray,  La guerre, prix à payer pour le développement de l’Éthiopie ?, lejournalinternational.fr, le 25 juin 2013

D'après Arielle Thedrel,  La guerre du Nil Bleu rebondit entre l'Éthiopie et l'Égypte, lefrigaro.fr, 29 mai 2013

 

1. La Chine et Djibouti participent également financièrement au projet.

2. Le 24 mars 2015, l'Egypte, l'Ethiopie et le Soudan parvenaient à un accord permettant à l'Ethiopie de mener à terme son projet. 

1. Après avoir localisé l'Ethiopie, vous présenterez ce pays (situation économique et sociale, situation démographique) (documents 1 et 2).

 

A l'aide du document 1, l'élève localise l'Ethiopie  à l'échelle continentale et régionale tout en utilisant la rose des vents (pays d'Afrique de l'Ouest délimité au Nord par le Soudan, l'Erythrée et Djibouti, au Sud par le Kenya, à l'Ouest par le Sud-Soudan et à l'Est par la Somalie).

L'élève identifie l'Ethiopie comme un PMA (il donne la définition de PMA)

il justifie cette idée en utilisant le document 2 et en commentant l'IDH de l'Ethiopie (signalant que son IDH est très faible si on le compare à celui de la France) ; Il doit en déduire que c'est un pays pauvre , où l'espérance de vie doit être faible (insuffisance sanitaire) et où le taux de scolarisation doit être bas.

L'élève doit montrer que ce pays est en train de réaliser sa transition démographique et sa population augmente rapidement (population jeune). Pour cela il doit utiliser le document 2 (taux de natalité et de mortalité) : le taux de natalité est très élevé et largement supérieur au taux de mortalité ;  (son taux de mortalité est même inférieur à celui de la France - cela s'expliquant par le vieillissement de la population française).

 

2. Pourquoi peut-on parler d'un paradoxe de l'eau en Ethiopie (documents 2 et 3) ?

 

L'élève doit identifier le paradoxe en montrant que l'Ethiopie dispose de nombreuses ressources en eau  sans que la population ne puisse y accéder.

On retrouve en Ethiopie ce que l'on rencontre dans de nombreux pays pauvres ; l'Ethiopie dispose de nombreuses ressources en eau  ("château d'eau de l'Afrique" - document 1)  mais la population n'a pas accès à la ressource !

En effet si on analyse le document 2 on voit que l'Ethiopie ne dépend d'aucun fleuve étranger pour assurer son alimentation en eau (le flux d'eaux entrant dans le pays est de 0%) et la disponibilité en eau par habitant est de 1280 m3 (le plus important de la région : 60 fois plus qu'en Egypte et  15 fois plus qu'au Soudan).

Le partage de la ressource entre l'Ethiopie, le Soudan et l'Egypte est inégale, profitant surtout à l'Egypte : 80% de l'eau "produite" en Ethiopie s'écoulent dans les pays situés en aval (document 2). Ce pays riche en eau est donc confronté à la sécheresse et aux famines comme le rappelle le document 3 ; seules 3% des terres agricoles sont irriguées (document 3).

 

3. Présentez le projet entrepris par l'Ethiopie en 2011. Quels en sont les enjeux pour ce pays ?  (documents 2 et 3)

 

L'élève présente le projet de barrage et montre les enjeux liés à la construction de cet infrastructure.

L'élève montre que l'Ethiopie a entrepris la construction d'un barrage sur le Nil bleu, un des affluents du Nil ; il s'agit d'un projet ambitieux puisque ce sera " le  premier barrage hydroélectrique d'Afrique et le dixième du monde en termes de puissance".

L'élève doit montrer et rappeler que la maîtrise de l'eau est facteur de richesse et de développement ; il montre ainsi les effets attendus de la construction du barrage :

des enjeux sanitaires : "prévenir les inondations"  mais aussi faire face aux sécheresses (évoquées au début du texte)en régulant le débit du fleuve/faire face aux besoins primaires d'une population qui augmente rapidement (voir question 2 et document 2)

des enjeux économiques : produire de l'électricité pour assurer le développement du pays et en vendre aux pays voisins ("l'Éthiopie pourra à la fois satisfaire ses propres besoins énergétiques et commencer à exporter de l'électricité aux pays voisins").

des enjeux géopolitiques : ce barrage va modifier la place de l'Ethiopie de la région ; elle contrôlera le débit du fleuve et place les pays situés en aval en situation de dépendance (idée développée à la fin du document 3).

 

4. Quelles réserves peut-on émettre sur la pertinence de cette réalisation ? (document 3)

 

L'élève peut identifier deux réserves.

Le barrage pourrait avoir des conséquences écologiques importantes et l'Ethiopie ne semble pas les prendre aux sérieux : " aucun rapport d'évaluation des risques n'a été fourni alors qu'une vaste zone pourrait être inondée et une partie de l'écosystème disparaître".

L'infrastructure est facteur de tensions : elle réactive les tensions entre l'Egypte et l'Ethiopie ("les Egyptiens en ont fait une affaire de sécurité nationale").

 

5. Comment peut-on expliquer l'inquiétude des pays situés en aval du fleuve (documents 2 et 3)

 

L'élève montre que les pays en aval dépendent quasi exclusivement du fleuve. Le projet de barrage de l'Ethiopie est donc une menace directe pour l'Egypte et le Soudan ( le Nil bleu "fournit 80% de l'eau aux pays situés en aval"/(les flux d'eau entrant  atteignent les 77% au Soudan et  les 97% en Egypte). La copie est valorisée si l'élève rappelle les conditions climatiques de l'Egypte.

Or L'Egypte et le Soudan sont confrontés aux mêmes problématiques que l'Ethiopie : une population jeune qui augmente en raison d'une transition démographique en cours, des pays confrontés à des difficultés de développement qui ont besoin de l'eau pour satisfaire leurs besoins (et en premier lieu ceux de l'agriculture).

 

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