Les conditions de vie des travailleurs étrangers en Ondaine durant les trente Glorieuses (DS)
Consignes : Après avoir présenté ces documents en les replaçant dans leur contexte historique, vous expliquerez en quoi il nous renseigne sur les difficultés rencontrées par les travailleurs étrangers ainsi que sur les moyens mis en œuvre pour tenter d'améliorer leur sort (des années 50 au début des années 70).
Document 1. Le sort préoccupant des travailleurs Nord-Africains à Roche-la-Molière.
Une délégation du syndicat CGT de Roche-la-Molière (...) a visité le mercredi 14 avril le cantonnement (1) des Nord Africains du fond de Roche.
Dans les huit pièces de la baraque groupés par huit se trouvent pêle-mêle des travailleurs Algériens sans emploi, amaigris par les longues privations et la misère qu'aucun qualificatif ne peut décrire.
Ces hommes (...) sont exténués par les attentes devant les portes des chantiers et des usines où partout la réponse est identique "pas de travail".
Le colonialisme qui les a chassés de leur terre natale par la misère, les poursuit. En France le racisme joue en matière de logement, de salaires et d'allocations familiales ; il joue encore à l'embauche.
C'est ainsi qu'aux Produits Chimiques de Roche-la-Molière, depuis trois ans aucun Algérien n'est embauché alors que des dizaines d'autres venant après l'ont été.
Les Houillères agissent autrement. Il faut compresser le personnel des mines (...) , les puits doivent fermer. Les retraités, les invalides ne font pas baisser assez vite les effectifs alors les ingénieurs divisionnaires, les directeurs des groupes appliquant avec servilité les ordres du Gouvernement et des Houillères renvoient les travailleurs Nord Africains qui partent en congés en Afrique du Nord.
Alors qu'ils se reposent en Algérie ou au Maroc, les mineurs reçoivent une lettre leur indiquant que faute de travail ils ne font plus partie du personnel et qu'il est inutile de revenir en France.
Le mineur Algérien ou Marocain qui laissé ses affaires, qui a de nombreuses années de mine revient à juste raison.
C'est un nouveau chômeur. Ils se réfugient chez leurs camarades qui travaillent et grâce à leur solidarité ne meurent pas de faim mais croupissent peu à peu. (...).
La CGT réclame du travail pour tous en ouvrant des chantiers départementaux et communaux. En attendant la Municipalité ouvrière de Roche-la-Molière doit ouvrir un fond de chômage et dans l'immédiat venir en aide aux chômeurs.
En ce qui concerne les méthodes employés par les Houillères nous insistons particulièrement auprès de tous les mineurs, de nous faire connaître tous les cas de racisme qui seront dénoncés comme il convient par la CGT
Du travail et du pain, voilà ce que demandent les travailleurs Nord Africains de Roche la Molière,
Le Patriote, 16 avril 1954
Document 2. Le Foyer Sonacotra de Firminy (société nationale de construction de logements pour travailleurs). La Tribune, 2 mars 1971
axes de correction
1. Présentation des documents
les documents sont replacés dans leur contexte historique - celui des Trente Glorieuses (définition et caractéristiques)
élément de valorisation : lien avec le thème introductif d'histoire (croissance et mondialisation)
Evocation de la diversification géographique des flux migratoires
autre élément de contexte à valoriser : l'arrivée des travailleurs algériens est facilitée par la libre circulation entre la métropole et l'Algérie depuis 1947 (libre circulation maintenue après l'indépendance de l'Algérie de 1962 : au départ célibataire , arrivée d'un nombre croissant de famille)
2. Le sort des ouvriers étrangers
exclusion professionnelle :
des travailleurs qui, malgré leur origine rurale, occupent pour l'essentiel( les 2/3) des emplois difficiles et non qualifiés (OS) pour l'essentiel dans le secteur industriel (mines, métallurgie...) ou du bâtiment : on apprend dans le document 1 que les Algériens travaillent à la mine . On nous dit que ces travailleurs attendent "devant les portes des chantiers et des usines. "
le sort des femmes n'est pas évoqué : nettoyage, commerce, confection
non évoqué dans le document : une minorité à la tête de petites entreprises commerciales et artisanales (immigration plus ancienne)
exclusion sociale:
Entassement des immigrés dans des logements vétustes (ici les baraquements), des abris de chantier, hôtels surpeuplés, des taudis urbains, des bidonvilles à la périphérie des villes et abritant au départ des hommes et par la suite de nombreuses familles : "Dans les huit pièces de la baraque groupés par huit se trouvent pêle-mêle des travailleurs Algériens sans emploi."
En 1965 : environ 70 000 personnes dans les bidonvilles (les 2/3 sont des Algériens et des Portugais, les autres sont Espagnols, Marocains et Tunisiens)
conditions sanitaires déplorables à l'origine de nombreuses maladies : " amaigris par les longues privations et la misère qu'aucun qualificatif ne peut décrire".
racisme : "le racisme joue en matière de logement, de salaires et d'allocations familiales ; il joue encore à l'embauche".
un difficile accès au marché du travail dans certains cas (lorsqu'il y a un ralentissement économique) : le racisme "joue à l'embauche"
cantonnement : coupure géographique (ségrégation spatiale marquée) : " Une délégation ... a visité ... le cantonnement des Nord Africains du fond de Roche"
3. Les moyens mis en œuvre pour tenter d'améliorer le sort des étrangers
le rôle de l'Etat
Ebauche d’une politique sociale à travers la question du logement (construction de foyer par la SONACOTRA) :
relogement des hommes seuls dans des foyers et les familles dans des cités de transit, plus rarement dans des HLM. document 2 sur le foyer Sonacotra de Firminy
L'action sociale financée par le Fonds d'Action Sociale pour les travailleurs immigrés et leurs familles ( FAS) coordination de cette politique par la direction de la population et des migrations (à partir de 1966)
une résorption des bidonvilles qui prend plus de 10 ans (achèvement au milieu des années 70)
la solidarité citoyenne avec les étrangers
solidarité ouvrière et syndicale : deux derniers paragraphes ou les syndicalistes CGT apportent leur soutien pour dénoncer la situation et demander que des mesures soient adoptées pour aider les travailleurs algériens.
non évoqué dans le document : création de nouvelles organisations de solidarités avec les immigrés (FASTI : associations de solidarités avec les travailleur-euse-s immigré –e s + mobilisation dans des luttes autonomes).