Récits d'élèves : l'histoire de mes origines (5)
Les élèves de 1ière 3 participent cette année à un projet Euréka intitulé "Parcours d'immigrés en Ondaine". Depuis le début de l'année, ils ont pu découvrir la place (centrale et trop souvent occultée !) qu'occupent les étrangers dans l'histoire de France !
A cette occasion, je leur ai demandé de mener l'enquête dans leur propre famille et de produire un petit texte racontant l'histoire de leur(s) origine(s) étrangère(s). Au delà de chaque histoire, ce fut l'occasion pour chaque élève de s'interroger sur lui-même et sur les autres et de discuter en famille d'un parcours individuel qui s'inscrit dans une histoire universelle : celle de la migration et du vivre ensemble.
Guillaume raconte l'histoire de sa mère
Ma mère est malgache (Madagascar), elle est née le 7 janvier 1970. Avant de venir en France elle ne faisait rien. La situation du pays n'avait rien de particulier ; c'était assez précaire. Mon père et m'a mère se sont rencontrés à Madagascar ; mon père y était allé pour les vacances. Ils se sont mariés à Mayotte en 1993.
Elle est venue pour la première fois en France métropolitaine en août 1991 comme touriste pour 1 mois. Elle est venue légalement en avion ; son itinéraire était Madagascar, Mayotte, l'île de la Réunion puis Paris, Lyon et enfin Firminy. Elle est venue avec mon père et sa famille ne l'a pas rejoint ensuite. Elle ne connaissait personne en France. Elle est venue à Firminy directement car c'est là qu'habitait mon père.
En arrivant elle était en colère car elle n'a pas vu la tour Eiffel. Elle s'est installée avec mon père à Firminy, les conditions de logement étaient normales. Il n'y avait pas d'autres étrangers. Elle n'a pas cherché de travail. Elle était très bien accueillie par les français. Mon enfance s'est bien passé car je vivait à la Réunion et à Mayotte, là-bas tout le monde a des origines étrangères et en France j'ai un ami comme moi.
Ma mère n'a pas eu la nostalgie du pays car elle partie vivre à Mayotte avec mon père, elle pouvait retourner à Madagascar quand elle voulait.
Aujourd'hui ma mère vit à Madagascar, je vais la voir toutes les vacances d'été.
Les grands-parents de Nathan
Nathan raconte l'histoire de ses grands-parents
Je vais vous raconter l'histoire de mon aïeul du mieux que je peux. Ma grand-mère est née le 27 juillet 1946. Mes grands-parents vivaient aux Portugal à Guimarães, précisément à Urgeses. Leurs conditions de vie n'étaient pas bonnes : recherche d’emplois, pauvreté, 5 enfants à nourrir. Seul mon grand-père avait un emploi mais cela ne suffisait pas pour nourrir tout le monde correctement.
Ils ont donc décidé de partir en France à la recherche d'une vie meilleure. Ils savaient déjà parler français. Mon grand-père est le premier à être parti en France. Puis, un an plus tard, ma grand-mère l'a rejoint. Elle est partie en 1969. Elle était avec ses 5 enfants. Ses enfants étaient très jeunes : entre 3 mois et 8 ans, ce qui a rendu difficile le trajet. Comme ils n'avaient pas d'argent ils ont marché jusqu'en Espagne puis on pris le train en fraude jusqu’à la France. Avant d'atteindre la France ils se sont cachés une nuit pour traverser la frontière. En tout ils ont mis trois jours pour arriver à saint Étienne. A leur arrivé ma grand-mère a dormi 5 jours chez sa sœur. Elle attendait l'arrivée de mon grand père. Celui-ci était devenu maçon.
Quand ils ont été réunis quelqu'un (sur qui je n'ai pas d'information) leur a prêté un château, (celui au rond point du Cours Fauriel qui n'existe plus aujourd'hui). Au début la vie était très dure. Ils fouillaient des poubelles, ils avaient toujours peu d'argent. Par contre ils avaient des voisins français très gentils et des personnes leur amenaient des habits et des matelas. Par la suite ma grand-mère est devenue femme de ménage pour ramener plus d'argent mais c'était toujours peu . Dans les magasins ils prenaient simplement le principal (nourriture et rien d'autre). Aussi ils n'avaient pas de vacances. Ils étaient obligés de se priver de loisirs. Une fois ma grand-mère a acheté comme cadeau un tigre en peluche que l'on a encore aujourd'hui : cela a été le seul cadeau qu'elle a fait pour ses enfants à cette époque. Au bout d'un moment leur vie a commencé à s'améliorer : ils ont changé de maison, les enfants allaient à l'école...
Aujourd'hui, tout va pour le mieux. Ils retournent au Portugal de temps en temps pour voir la famille qui y habite et des fois c'est la famille qui provient de là bas qui vient en France. Je ne les connais pas pour la plupart. Ma grand-mère nous fait souvent des plats qui viennent du Portugal, ils sont très bons (surtout à base de morue : acras de morue, punheta ). Sinon je ne me préoccupe pas du pays en général mais je les soutiens pour les matchs de foot.
Rémi raconte l'histoire de ses arrière grands-parents et de sa grand-mère
Ma grand mère est d'origine polonaise et c'est elle qui m'a raconté pourquoi et comment ses parents sont venus s'installer en France .
Comme d'autres Polonais, Ils sont venus en 1933 en bus accompagnés de leur premier fils né en 1932 ; ils ont décidé de quitter la Pologne car ils ne parvenaient plus à y vivre correctement (faim et manque d'argent) : la vie était de plus en plus dure et la France avait besoin de main-d’œuvre ; ils pensaient donc vivre mieux en France.
Ils se sont installés Cité des rochers à Roche-la-Molière. Comme mon arrière grand père travaillait à la mine ils vivaient dans une maison de la mine "comme ils disent". Ma grand mère m'a raconté que c’était souvent les polonais qui allaient au fond.
Puis en 1934 mon arrière-grand-mère a eu des jumeaux et ma grand-mère est née le 26 novembre 1937 . Deux ans après, en 1940, elle eu un petit frère . Elle m'a raconté que son père est mort à l'âge de 50 ans en 1950 d'une maladie des poumons :la silicose . Alors qu'elle n'avait que 13 ans .Juste après sa majorité sa mère meurt le 18 décembre 1958 à l âge de 56 ans.
Ma grand mère m'a dit que durant son enfance, elle parlait le polonais ; aujourd'hui elle le comprend mais ne le parle plus.
Maintenant les anciens polonais de la cité des rochers organisent un repas à l'auberge des Faux à Saint-Just sur Loire chaque année entre eux.