I40, chronique d'une année scolaire consacrée à l'enseignement de la guerre d'indépendance algérienne
C'est dans cette salle de classe que les élèves de 1ière 2 du lycée Jacob Holtzer (Firminy-Loire) se sont retrouvés. Durant toute l'année scolaire 2018-2019, ils y ont mené un long travail d'investigation afin de tenter de reconstituer une réalité qui s'était effacée et déformée, laissant parfois apparaître tensions et passions ; cette réalité est celle de la guerre d'indépendance algérienne.
Confronter ses représentations au discours historique, lire des bandes dessinées, récolter et porter la parole de ses aïeux, explorer les archives...Ce long processus d'enquête a permis aux élèves de mieux se connaître et se reconnaître dans une histoire plus largement partagée et assumée.
Ce film de 78 minutes retrace donc l'ensemble du travail mené par les élèves et rassemble les interrogations que celui-ci a suscitées.
A. Origine du projet
La vallée de l’Ondaine est le bassin de vie des élèves du lycée Jacob Holtzer (Firminy). Elle a la particularité de faire vivre ensemble des populations aux origines culturelles très variées. Sa population a vécu la guerre d’indépendance algérienne de loin en la suivant par les médias mais elle a aussi participé activement à ce conflit : envoi de jeunes du contingent, présence d’une main d’œuvre algérienne nombreuse et confrontée aux luttes internes entre mouvements nationalistes, poids du parti communiste ainsi que des mouvements chrétiens et des forces syndicales (voir projet Mémoires de la guerre d'Algérie dans la vallée de l'Ondaine - 2012-2013). Les traces laissées par ce conflit sont nombreuses et pourtant enfouis.
B. Un travail mené sur l’ensemble de l’année scolaire
Comment s'est déroulée la guerre d'indépendance algérienne dans la vallée de l'Ondaine ?
Quelle place occupe cette guerre dans la mémoire des jeunes générations ?
Etape 1. Partir des représentations des élèves et les confronter au discours historique
Dans un premier temps, les élèves ont dû dire ce qu’ils connaissaient du conflit ; ils ont par la suite découvert les enjeux, les acteurs et les grandes étapes du conflit.
Ce cadrage scientifique élaboré, ils se sont plongés dans la lecture de BD évoquant des épisodes ou/et des acteurs du conflit ; ce travail de lecture a permis aux élèves de rendre le conflit plus palpable : loin des discours généraux, ils se plongent dans des histoires personnelles et originales ; chaque lecture a fait l’objet d’un retour et d’une présentation à la classe.
Etape 2. Découvrir des histoires intimes
Les élèves sont les porteurs de diverses mémoires du conflit ; en cherchant dans leur histoire personnelle, ils prennent conscience de l’importance de la guerre et de son impact familial et local ; ce travail d’enquête a permis à de nombreux élèves d’échanger avec leurs familles sur des sujets souvent tus. Ecouter ses camarades et présenter leur histoire familiale permettent de valoriser leur discours, d’échanger et d’acquérir une certaine bienveillance tout en mesurant la complexité des parcours.
Etape 3. Se mettre dans la peau de l’historien
En classe ou aux Archives Départementales de la Loire, les élèves ont endossé la tenue de l’historien ; grâce à un long travail d’analyse sur des documents originaux de première main, ils ont pu reconstituer les manifestations de la guerre dans leur environnement proche (la vallée de l’Ondaine) : conditions économiques et sociales des travailleurs algériens, mobilisation citoyenne contre le départ des appelés du contingent et pour la paix en Algérie, actions de solidarité des églises catholiques protestantes, structuration et actions du FLN, surveillance et opérations de police, actions de l’OAS et sursaut citoyen…
Etape 4. Se rendre sur un lieu de mémoire
Tout ce travail a conduit les élèves sur un lieu de mémoire : la prison de Montluc (Lyon) ; c’est ici que furent incarcérés les condamnés à mort du FLN et du MNA par le tribunal permanent des forces armées de Lyon. 11 d’entre-eux furent exécutés dans l’enceinte de la prison, dont deux militants du FLN originaires de Firminy. Les élèves avaient préalablement découvert le parcours de ces deux hommes qui avaient intégré les groupes de choc du FLN.
C. Garder une trace du travail réalisé
Chaque étape a été filmée ; les élèves ont dû formaliser leurs propos pour pouvoir s’exprimer de manière argumentée face à leurs camarades (et face à la caméra) ; ce travail a donné lieu à un documentaire (78 minutes) qui a été projeté le 7 juin 2019 à la cinémathèque de Saint-Etienne .
Se plonger dans la fiction pour appréhender une réalité
Porter et écouter la parole des aïeux
Explorer des fonds d'archives
Se rendre sur un lieu chargé d'histoire : la prison de Montluc
La présentation du film au public
L'article d'Annie Faure consacré au projet paru dans l'édition Ondaine du Progrès - 02 mai 2019