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Lancé en 2006, ce blog pédagogique d'histoire-géographie et d'éducation morale et civique (E.M.C.) tire son nom d'un terme issu du parler gaga (le parler stéphanois) ; le cafuron (window in english !) est une lucarne ou un oeil de boeuf éclairant un réduit. Ce blog s'adresse tout autant aux élèves du lycée Jacob Holtzer (Firminy- Loire) qu'à un public plus large. Bonne visite !

31 Jan

L’homme qui tua Liberty Valance : un drôle de western

Publié par Louis BRUN  - Catégories :  #seconde, #sortir de la classe, #atelier audio-visuel

Exercice 1. Le western : un genre cinématographique à la longue histoire

 

1. A l’aide des documents 1 et 2 définissez les principales caractéristiques d’un western. Vous répondrez en complétant le tableau suivant.
 

     

2. A l’aide du document 1, mettez en évidence les principales évolutions que connaît ce genre cinématographique. Vous répondrez en complétant le tableau suivant.

 

Ce genre apparaît dès les débuts du cinéma muet.  Toutefois, le western n’est pas un genre figé ; il ne cesse d’évoluer.

 

 

Document 1. Sur la piste du western, une brève histoire du genre

Document 2. Qu’est-ce que le western ?

 

Les situations-types les plus fréquentes sont celles de l’itinéraire, - souvent d’abord errance qui finit par se transformer, au hasard d’une rencontre, en quête d’un sens ; de l’établissement de la loi et de l’ordre dans une ville livrée à la barbarie ; du conflit entre grands éleveurs et petits fermiers, passage d’une féodalité à une démocratie ; de l’affrontement entre l’armée et les Indiens (…). 
Les personnages relèvent également d’une typologie, encore plus précise et restreinte (mais susceptible d’importantes variations). La figure centrale est celle du héros, caractérisé comme un expert de la conquête de l’Ouest, avec le savoir qu’elle implique, à la fois sur le maniement des armes, la survie dans les contrées sauvages, les mœurs indiennes, etc. Mais c’est aussi, plus profondément, une figure du peuple, au sens, en particulier, où le héros est spontanément du côté de la justice et du bon droit, prêt à prendre le parti des opprimés. En cela, le type symétriquement opposé sera celui du “méchant” (…) emblème de la tyrannie et de l’injustice.
Toutefois, les choses ne sont pas toujours aussi simples : au héros se juxtapose souvent, ou parfois même se substitue, un personnage plus ambigu, le badman (mauvais garçon), sorte de héros dévoyé, qui hésite, par défaillance morale ou par caprice du destin, entre deux camps, celui des opprimés et celui des tyrans, entre le juste et l’injuste (…) La question posée par le film sera alors celle du rachat possible du badman, fût-ce dans la mort.
Autour de ces types centraux gravitent des caractères secondaires qui se prêtent volontiers au pittoresque : le vétéran de l’Ouest (ou old timer), fidèle compagnon du héros, et qui est en quelque sorte celui qui garantit l’appartenance du héros à la fois au peuple et à la tradition historique des pionniers ; les divers représentants de la Loi : sheriff (élu par les citoyens) ou marshal (nommé par l’Etat) ; le joueur professionnel (gambler), à l’élégance aristocratique à la fois séduisante et suspecte ; le médecin, souvent déchu par l’alcool, mais capable de régénérescence dans les circonstances graves ; le “pied-tendre”, nouveau venu dans l’Ouest et objet de quolibets ; les Indiens, enfin, dont le statut ( …) est très variable selon les époques.
Le western ne saurait se passer d’au moins une figure féminine. On peut du reste assez facilement repérer deux types opposés de personnages féminins : d’un côté la fiancée, ou l’épouse, qui représente naturellement l’installation, l’établissement sur une terre, avec la fondation d’une famille (…). De l’autre côté, la figure de l’entraîneuse, ou son équivalent, qui représente la promesse de l’aventure, dans tous les sens du mot, avec son parfum d’illégalité et surtout, d’instabilité : bien que généralement en place (attachée à un saloon, par exemple), elle ne possède rien, ne cherche pas à posséder, et elle est toujours prête à repartir avec le héros ou le badman. (…).  Ces deux figures féminines peuvent donc être vues comme des emblèmes de la Nation, de deux conceptions opposées de la Nation : l’une attachée au territoire et à l’enracinement, l’autre associée à l’instabilité et à l’ouverture ; la Nation comme terroir originaire ou la Nation comme horizon sans limite.

 

Denis Levy , Hollywood et le western , article publié dans la revue L’art du cinéma, https://www.artcinema.org/article31.html
Article consulté le 13 août 2024
 

Exercice 2. L’homme qui tua Liberty Valance : un drôle de western

 

L’homme qui tua Liberty Valance  est originellement une nouvelle de Dorothy M. Johnson (…). Privilégiant la forme courte et le genre d’abord littéraire du western, elle a publié sa nouvelle dans le magazine Cosmopolitan en juillet 1949, puis dans un recueil intitulé Contrée indienne en 1953. John Ford en a acquis les droits pour 7 500 dollars, avant d’engager, en mars 1961, James Warner Bellah et Willis Goldbeck, déjà coscénaristes du Sergent noir, pour en faire l’adaptation. Pour ce film sorti en 1962, il fait appel à deux grandes stars du cinéma Hollywoodien : John Wayne et James Stewart. 

 

1. A l’aide de la bande annonce et de l’affiche originale (documents 3 et 4), tentez d’identifier les principaux personnages et de reconstituer l’intrigue du film.
2. A l’aide de la bande annonce (document 4) et de votre réponse à la question 1 de l’exercice 1, dites en quoi ce film semble présenter les principales caractéristiques d’un western.
3.  A l’aide de la bande annonce (document 4) et de votre réponse à la question 1 de l’exercice 1, dites en quoi ce film se distingue des autres westerns.  

Document 3. L’homme qui tua Liberty Valance : l’affiche de 1962

Document 3. L’homme qui tua Liberty Valance : l’affiche de 1962

Document 4. L’homme qui tua Liberty Valance : la bande annonce

Exercice 3. Un western dont l’action de déroule dans un contexte très particulier.

 

1. Après avoir lu les documents 5 et 6, dites en quoi cette scène (document 7) est représentative des relations entre les trois personnages et de la difficile instauration de la démocratie dans l’Ouest américain.
 

Document 5. Trois personnages clés en interaction 

L’affrontement entre Liberty Valance et Ransom Stoddard est un affrontement idéologique qui correspond à un moment précis de l’histoire de la conquête de l’Ouest. Ce conflit politique oppose la première vague de pionniers à la seconde : les cattlemen sont les éleveurs de bétail arrivés à la suite des trappeurs ; les homesteaders sont les fermiers qui ont profité, plus tard, de l’Homestead Act pour s’installer dans les nouvelles contrées, entraînant avec eux les marchands, les artisans, les prêtres, les médecins et les journalistes. Les cattlemen s’étaient installés sur des terres certes nouvelles mais appartenant au domaine public. Ils pratiquaient l’élevage extensif dans des ranchs établis au milieu de la prairie, sans clôtures, ce qui permettait aux cheptels de se développer exponentiellement, et ils marquaient leurs bêtes au fer rouge pour les distinguer de celles des voisins. Puis ils les faisaient convoyer par des cowboys endurcis jusqu’aux villes marchandes de l’Est, où ils les vendaient. Nombre d’entre eux s’étaient ainsi considérablement enrichis, devenant ce qu’on appelait des « barons du bétail ». Mais l’arrivée des homesteaders menaçait à la fois leur mode de vie et leur mode de production : les petits fermiers, généralement des cultivateurs, avaient le droit pour eux et ils devaient clôturer leurs cent-soixante acres de propriété s’ils voulaient protéger leurs cultures du passage des animaux, ce qui fut facilité par l’invention du fil de fer barbelé en 1874. Ils réduisaient ainsi le domaine d’exploitation des grands éleveurs et gênaient les convois de troupeaux, les clôtures pouvant en outre blesser le bétail ou rendre inaccessibles les points d’eau nécessaires à son abreuvage. S’ensuivirent de nombreux conflits, souvent mortels, les magnats de l’élevage n’hésitant pas à engager des tueurs pour régler leurs comptes, comme lors des Sheep Wars, qui opposèrent les éleveurs de gros bétail aux petits éleveurs de moutons. 

D’après Francisco Ferreira, L’homme qui tua Liberty Valance,

livret pédagogique, Lycéens et Apprentis au Cinéma
 

Document 6. Brève chronologie de la conquête de l’Ouest

 

1787 : Northwest Ordinance.  Le Congrès vote l’ordonnance du Nord Ouest, qui entraîne la formation du premier territoire organisé par les États-Unis. Elle établit les modalités de gestion des territoires et celles de l’accession au statut d’État. C’est le début de l’expansion à l’ouest des Appalaches. 
1830 : Indian Removal Act. Le président Andrew Jackson promulgue la loi ordonnant le déplacement des populations indiennes vivant à l’est du Mississippi vers un territoire situé à l’ouest. 
1845 : Manifest Destiny.  Le journaliste new-yorkais John L. O’Sullivan expose sa théorie de la « destinée manifeste », selon laquelle la nation américaine a pour mission divine de répandre la démocratie et la civilisation de l’océan Atlantique à l’océan Pacifique. 
1848 : California Gold Rush. La découverte de gisements d’or à Sutter’s Mill attire en Californie près de 300 000 aventuriers américains et étrangers. 
1858 : Overland Stage Line/ Avec le soutien financier de la Wells Fargo, la compagnie Overland Mail ouvre la première ligne de transport par diligence reliant Saint-Louis (Missouri) à San Francisco (Californie). 
1862 : Homestead Act. Le président Abraham Lincoln promulgue la loi de « propriété fermière », qui permet à chaque colon pouvant justifier qu’il occupe un terrain depuis cinq ans d’en revendiquer la propriété privée (dans la limite de 160 acres). 
1865 : Go West ! Horace Greeley, directeur du New-York Tribune, publie un éditorial dans lequel il invite les vétérans de la guerre de Sécession à tirer avantage du Homestead Act en colonisant les terres appartenant au domaine public (« public land »). Mais la phrase « Go West, young man, go West and grow up with the country », qu’on lui attribue souvent, ne figure pas dans l’article. 
1869 : Pacific Railroad. Fin de la construction de la première ligne ferroviaire transcontinentale, qui relie Sacramento (Californie) à Omaha (Nebraska). 
1890 : Eleventh United States Census. À la suite du onzième recensement de la population, le Bureau du recensement constate que l’ensemble du territoire dévolu aux États-Unis est colonisé. Il déclare officiellement la disparition de la « Frontière », terme qui désignait dans le langage courant le front pionnier séparant les régions colonisées et les terres libres. C’est la fin de la conquête de l’Ouest. 
1893 : The Significance of the Frontier in American History. L’historien Frederick Jackson Turner présente sa théorie de la Frontière : selon lui, c’est la conquête de l’Ouest qui a développé la démocratie, et non les centres décisionnels de la côte atlantique, car elle a façonné le caractère américain (optimisme, esprit d’innovation, goût de l’action et individualisme) en affranchissant les pionniers de leur origine européenne. Le mythe de la Frontière est né, le western va le populariser. 

 

D’après Francisco Ferreira, L’homme qui tua Liberty Valance,

livret pédagogique, Lycéens et Apprentis au Cinéma
 

Document 7. La scène du steak renversé

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